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Critique de Des_Mondes_et_des_Mots


Après avoir adoré "La Fabrique des salauds" de Chris Kraus, je cherchais une oeuvre de la même ampleur mais sur un autre aspect du XXe siècle, plus spécifiquement sur l'URSS. La fantastique équipe de la librairie Millepages (Vincennes) m'a alors conseillé "Vie et destin" de Vassili Grossman dont les manuscrits avaient été confisqués par le KGB en 1962 mais qui est pourtant parvenu jusqu'à nous. La première chose qui m'a frappée, c'est l'écriture sublime et imagée de l'auteur ; on aurait envie de citer au moins une phrase par page !

La seconde, c'est le caractère profondément cinématographique d'une Europe à feu et à sang qu'il nous raconte à travers les voix de Mostovskoï, un prisonnier dans un camp de concentration, Krymov et Tchouïkov, des militaires pris dans le siège de Stalingrad, la famille bourgeoise de Lioudmila Nikolaïevna et son mari Strum, un scientifique renommé, Sofia Ossipovna, une doctoresse juive envoyée dans les camps d'extermination nazis, Guetmanov, un cadre du parti en Ukraine… Ramenée à hauteur d'hommes, les concepts parfois abstraits de la grande Histoire prennent une toute autre dimension comme la planification économique dite ennemie de l'innovation, la propagande et la désinformation, les procès politiques et la torture.

J'ai été particulièrement marquée par le face à face glaçant entre le détenu Mostovskoï et le SS Liss qui met en lumière toutes les similitudes entre fascisme et communisme et l'inspiration commune qui a lié Staline et Hitler (p. 526 à 541). Ces deux systèmes ont donné énormément de pouvoir à des hommes minables qui ont profité de leur position pour exercer leur vengeance contre le monde entier et broyer celles et ceux qui les entouraient. Ce livre est celui de ce grand moment de la Seconde Guerre mondiale où "la crainte mystique de l'armée allemande a pris fin en décembre 1941" avec la victoire de Moscou alors que celle de Stalingrad a permis de "créer une nouvelle conscience de soi dans l'armée et dans la population" soviétiques (p. 896). En conclusion, "cette guerre permit à Staline de proclamer ouvertement l'idéologie du nationalisme étatique" (p. 899).
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