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Critique de Oli2020


Je trouvais le titre si joli. J'ai été déçue de comprendre sa signification à la fin du livre. Un peu à l'image de ce récit finalement, prometteur d'une belle poésie et finalement terriblement terre-à-terre et pessimiste.

Cela avait pourtant très bien commencé. J'ai adoré la plume de l'auteur, vraiment. Fluide, agréable et facile à lire, pleine d'humour et de belles trouvailles, j'étais séduite. Les premiers chapitres m'ont beaucoup plu, l'originalité du point de vue de Moïra, la destinée incarnée, et la description très drôle et très juste des difficultés auxquelles se heurte la vieillesse (en la personne d'Alice) face à notre monde moderne. Je me réjouissais d'avoir entamé cette lecture.

Et puis on quitte Moïra et le thème de la vieillesse, pour aller explorer le thème de l'adultère, avec Marion, la fille d'Alice, et son bel Irlandais. J'ai d'abord trouvé originale et intéressante cette proposition d'aborder l'amour adultère débarrassé de ses considérations morales, et considéré plutôt sous l'angle des opportunités que nous offre la vie de connaître le bonheur et de notre capacité à les saisir ou non, un droit à l'égoïsme décomplexé. C'était nouveau pour moi, déstabilisant et donc intéressant. Un passage qui m'a un petit peu moins parlé que la première partie, mais plaisant quand même, surtout pour l'intérêt qu'il a éveillé en moi pour l'histoire de l'Irlande, que je ne connais pas du tout. On nous en dit assez peu, mais suffisamment pour donner envie d'aller plus loin.

Mais après ça m'a gavée (on peut dire ça dans une critique Babelio ? :P). Trop de mépris pour les hommes, le monde moderne, les nouvelles générations, les femmes trop soumises, les vieux trop vieux, les enfants-rois, ce qu'ils sont tous aujourd'hui apparemment. Trop de "c'était mieux avant". Trop de revendications, d'indignation, de lutte, de révolte stérile, de "mauvais sentiments" (par opposition aux livres dégoulinants de "bons sentiments" - il faut un juste milieu...). Trop de visions déprimantes de la vie, du couple (cette scène de discussion entre Marion et son mari au restaurant pour l'anniversaire de ce dernier m'a fait grincer des dents !), de la vieillesse. Trop de généralisations d'un seul point de vue, d'un seul type d'expérience présentés comme la vérité universelle, ce qui a une très nette tendance à m'agacer. Peut-être ne suis-je qu'une jeune post-soixante-huitarde totalement inconsciente des combats qu'ont du mener les femmes pour que je puisse vivre comme je le vis aujourd'hui, comme a l'air d'aimer les critiquer l'auteur, ou en tous cas Alice, mais je suis je l'admets assez insensibles à ces postures d'éternelles révoltes stériles, de sempiternelles critiques de tout, insatisfaites par principe et combattantes par fierté, qui ne savent que proposer une vision du monde et de la vie déprimantes et désabusées.

Le quatrième de couverture nous annonce un livre "de l'art de traiter de la vieillesse avec humour", ou encore "cette lutteuse infatigable s'attaque à la vieillesse ennemie. Avec son ton, son mordant et son humour. Un élixir". Je les avais mal compris. Finalement, oui, ils disent vrai : ce livre nous parle bien de la vieillesse avec humour, mais un humour noir, grinçant, amer, et qui ne nous apporte pas grand chose pour porter un regard moins angoissé vers cette période de la vie qui nous attend tous, si nous sommes chanceux...
Peut-être le lirais-je autrement si j'avais moi-même soixante et des ans, je ne sais pas, je n'en ai que trente... (Je précise toutefois que pour "une jeune", la vieillesse et la mort sont des sujets auxquels je suis sensible et à propos desquels j'aime déjà lire et réfléchir, mais le regard que je porte pour l'instant sur cette tranche de la vie, aidé par les formidables inspirations que sont mes grands-parents, tous pourtant bien différents, a trouvé assez peu d'échos dans celui proposé dans ce roman, et c'est pourquoi cette attitude de "généralisations à portée universelle de son point de vue" m'a autant agacée...).



(Petite mention positive néanmoins pour le plaidoyer en faveur du droit à mourir dignement et à l'euthanasie (en fin de livre), dont il est pour moi inconcevable, vivant en Belgique et ayant vécu cette situation avec un proche, qu'il ne soit toujours pas reconnu en France... Sans vouloir lancer le débat ici, bien sûr...)
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