AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de horline


Partir est impossible mais rester s'avère aussi difficile dans ce roman dans lequel Christian Guay-Poliquin oblige deux hommes qui ne se connaissent pas à cohabiter dans une véranda encerclée par la neige au coeur d'une vallée isolée.
Ce n'est pas seulement cette neige qui s'accumule de manière extraordinaire et confine les deux personnages à l'isolement. C'est également une succession d'événements et de non-événements qui, réunis, vont mettre en lumière des tempéraments contraires et des volontés opposées de nature à mettre les nerfs à rude épreuve. Face à l'immobilisation et la patiente rééducation du plus jeune «enchaîné à des jambes cassées», on découvre l'obstination parfois inquiétante à retourner en ville de Matthias, le plus âgé échoué dans ce village où la solidarité devient de moins en moins évidente.
Alliance de circonstance, mutisme, secrets, menaces, ce face-à-face qui pourrait les conduire à agir l'un contre l'autre a des allures de huis-clos propice à des formes variables de tragédie tant les sentiments de réclusion et d'impuissance sont présents. Sans compter la menace extérieure évoquée par la mystérieuse panne d'électricité qui paralyse le pays et pose la question de savoir s'il y a réellement un ailleurs possible...

C'est un roman très bien orchestré que propose l'auteur québécois. Dans cette littérature qui condamne le mouvement, c'est le temps qui devient le noeud de l'intrigue. C. Guay-Poliquin le transforme en espace avec deux dominantes : la nécessité de passer l'hiver et l'attente des deux protagonistes sans savoir où elle les mène. Vers une amitié inattendue ou un point de rupture ?
Il ne faut pas compter sur l'auteur pour vous révéler le moindre indice avant le dénouement. Il est plutôt habile, impressionne par sa maîtrise, sa faculté à construire le récit autour du silence, de la solitude et de l'ennui en tournant le dos à toute «psychologisation» pédante.
Belle découverte.
Commenter  J’apprécie          634



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}