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Critique de Cancie


Le dernier inventeur, titre du cinquième roman de Héloïse Guay de Bellissen est en fait l'histoire de l'un des découvreurs que l'on nomme inventeurs de la grotte de Lascaux. le dernier faisant référence au fait qu'il est le seul des quatre copains de Montignac encore en vie lorsque l'écrivaine décidera d'écrire son roman.
L'auteure est entrée en contact avec lui pour les besoins de son livre et celui-ci, alors âgé de 91 ans, emballé par ce projet va lui raconter sa vie et comment, en cherchant le souterrain du château voisin et espérant y découvrir un trésor, avec ses copains, ils en ont trouvé un auquel ils ne s'attendaient pas ! Elle nous raconte comment Simon Coencas, ce jeune ado parisien de treize ans, s'est retrouvé à Montignac début 1940, le Périgord étant une zone libre pendant la guerre. Elle nous apprend également comment il a fait connaissance avec les trois autres jeunes et notamment Jacques Marsal, son voisin d'en face qui restera son meilleur copain jusqu'à sa mort, continuant à échanger même lorsque Simon sera rentré à Paris. Sur la maison qu'il habitait, a été apposée depuis, une plaque et une photographie du jeune Simon sur laquelle est écrite : « Simon Coencas, né en 1927, est l'un des quatre inventeurs de la grotte de Lascaux. En septembre 1940, originaire de Paris, il était réfugié à Montignac depuis plusieurs mois et logeait avec sa famille dans cette bâtisse. le jeudi 12 septembre 1940 en compagnie de Georges Agniel et Jacques Marsal, il rencontre Marcel Ravidat au pied de la colline de Lascaux. Tous les quatre font, ce jour-là, la plus belle découverte de la Préhistoire. »
Simon Coencas dont les parents étaient des Juifs d'origine grecque établis à Paris et possédant des magasins de vêtements, vivait donc en 1940 à Montignac, mais le 17 octobre de la même année, la famille doit rentrer. Et ce n'est qu'en janvier 1941 qu'il prendra vraiment conscience qu'il est juif en découvrant Paris coloré de pancartes et notamment celle apposée sur sa vitrine à lui : VITRINE JUIVE.
C'est alors L Histoire dans toute sa laideur qu'il va devoir affronter. Arrêté en 1942 avec sa famille, il est interné au camp de la Muette à Drancy. C'est son jeune âge (moins de seize ans) qui lui permettra d'être relâché, son père et sa mère seront déportés à Auschwitz et n'en reviendront pas.
Simon Coencas est donc entré dans l'Histoire le 12 septembre 1940 mais L Histoire, celle de la deuxième Guerre Mondiale a bien failli l'anéantir. Et c'est l'affrontement entre ces deux histoires que l'écrivaine a su si bien mettre en scène, l'une « magnifique, bouleversante, l'autre immonde, difforme », un affrontement entre la lumière et l'obscurité, entre la joie pure et la tragédie. Simon a toujours gardé la grotte dans sa tête et elle était là lorsqu'il était à Drancy. Cet enchevêtrement entre la grotte et la guerre donne toute sa force à ce roman et j'ai particulièrement apprécié ces allers-retours entre la survie et la mort qui a plané au-dessus de la tête de Simon durant son adolescence. L'originalité de l'auteure a été de rendre cette grotte vivante, d'en faire un personnage qui, avec une écriture singulière, en italique, introduit chaque chapitre et prend la parole pour exprimer son ressenti, ses impressions et donner son avis sur les garçons, sur l'époque ou parler des artistes qui sont intervenus sur ses parois, des dessins eux-mêmes ou encore des scientifiques.
Le dernier inventeur est un bouleversant et magnifique témoignage et également un hommage à cet homme qui a connu à la fois la sublime beauté et le mystère de l'art préhistorique et les ténèbres avec le camp de Drancy. Une belle, intéressante et intense réflexion poétique !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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