Apprends qu’il te faudra aller chercher tes mots dans la cendre de tes sentiments.
Apprends que l’écriture vient toujours après les humeurs et les sucs, après le sang et le sperme.
On n’est pas grand quand on n’est pas heureux. Être heureux est une vertu…
L’écriture, c’est du désir et de la jouissance, rien d’autre.
Apprends qu’il te faudra mentir sur toi, et mentir à tes amis, si tu recherches la vérité au-delà les certitudes.
Apprends que, pour devenir Stendhal, tu seras contraint d’inverser la parole de Beyle, qu’il te faudra aimer pour vivre et écrire.
Les romans sont plus harmonieux que notre quotidien. Mais l’harmonie n’est qu’un leurre. Nous ne sommes vrais que lorsque nous nous avouons pour ce que nous sommes : entrés par un trou, nous ressortons par un autre.
Les livres avancent comme des trains dans la nuit, tranche le spectre avant de nous recommander le silence...
Une telle écriture, convenez-en, nécessite de son lecteur de la patience, de l’attention, et même un don divinatoire. Or dans ma thébaïde, qui se compare à une cellule de moine, je pourrai sans être dérangé me consacrer à son déchiffrage. Et, bien sûr, mon travail vous appartiendra.
L’écrivain qui prétend ne pas être le meilleur écrivain de son temps est un fieffé menteur ou un médiocre.