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EAN : 9782234071179
280 pages
Stock (14/01/2015)
2.86/5   11 notes
Résumé :
En septembre 1952, Aragon a cinquante-cinq ans, et Mahé, vingt-huit. Le premier, figure du grand écrivain, siège aussi au comité central du Parti communiste. Le second est un émissaire du Kominform venu à Paris pour veiller au bon déroulement d’un procès politique d’importance. Très vite, entre Aragon et Mahé, une passion se noue en même temps que se multiplient les complots, les mensonges, les chaussetrapes. C’est que, dans cette France de l’après-guerre où les com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En 1952, Louis Aragon, poète reconnu et admiré, a 55 ans. Étienne Mahé, émissaire du Kominform, en 28. « Aragon est un égoïste. Mahé déteste les égoïstes. Ce sont des planches pourries. Sas doute, mais Mahé ne peut qu'aimer Aragon et être malheureux. » (p. 243) Ils se croisent alors qu'un procès d'importance se prépare au sein du parti du communiste : Tillon et Marty seraient des traîtres et Jeannette Thorez, la femme de Maurice, malade et retenu en Russie, n'est pas la dernière à le dire. Pour Aragon et Mahé, ce procès politique offre une courte semaine de passion, mais ces amours clandestines tiennent dans une parenthèse amoureuse close avant le premier baiser. « La vraie question, ce n'est pas de savoir si c'est un coup de foudre, la vraie question, c'est de se demander s'il y aura un lendemain. J'ai envie de te répondre que oui, mais, tu le sais, nous sommes des clandestins et nous sommes condamnés à le rester. » (p. 141) Clandestins, Aragon et Mahé le sont aux yeux du parti qui apprécie les invertis encore moins que les traîtres. « L'histoire d'un temps, et d'un parti, où le reniement de soi était souvent le prix à payer pour échapper à l'exclusion. » (p. 9) Clandestins, ils le sont aussi aux yeux d'Elsa qui, si elle n'a aucune preuve, sait que son mari, dans l'intimité, n'est pas tout à fait sien.

En six jours, moins de temps qu'il n'en faut pour construire un monde, Aragon et Mahé se livrent à la passion, méprisant pour quelques heures la tyrannie du parti et les regards de la société. Pédéraste flamboyant, à l'image d'un Oscar Wilde, Aragon a tout de même un ruban à la patte : Elsa, croqueuse d'hommes par jalousie, couche avec tous ceux qu'elle espère ainsi soustraire à Louis et lui rappelle qu'il aurait mauvais compte de la quitter. L'idylle avec Mahé est alors une nouvelle blessure à porter au tableau d'honneur d'Aragon le surréaliste, d'Aragon le résistant.

Gérard Guégan imagine la passion éphémère entre les deux hommes comme on jouerait à un jeu d'enfant : on dirait qu'Aragon et Mahé auraient une histoire d'amour… Peu importe que ce soit vrai : la force du texte est de faire d'Aragon un personnage, lui qui en a tant créé. Et Paris devient la scène d'une pièce qui hésite entre le vaudeville et le drame. S'il est certain que Mahé n'a pu entrer que par la petite porte, la souffrance d'Aragon a très certainement quitté les planches par la grande, celle que l'on ouvre sur la littérature.
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Encore un roman construit avec de multiples retour en arrière, avec de multiples interpellations directes au lecteur qui ont le don de m'agacer prodigieusement . J'ai détesté ce roman, j'ai eu l'impression d'ouvrir les poubelles de l'histoire. Ce mélange de la vérité avec la fiction à propos du communisme des années 50 m'a totalement écoeurée. Je comprends la démarche de Gérard Guégan, il était communiste à cette époque et il connaît donc bien les arcanes du grand Parti des travailleurs, l'exclusion de Marty et de Tillon en 1952, il en connaît tout le déroulement. Il se sent porteur de cette histoire et veut la transmettre.

Mais voilà comme l'auteur le dit lui-même, le parti communiste n'intéresse plus personne et pour les jeunes, « il fait figure d'inoffensive amicale », alors en y mêlant la vie amoureuse d'Aragon avec un émissaire du Komintern, Mahé, il espère intéresser un plus large public : on parle moins en effet, de la rigueur morale et rétrograde des communistes mais elle était très forte et sans pitié là où les communistes avaient le pouvoir. Mahé et Aragon ont quelques jours pour s'aimer, pendant que le congrès du parti fait subir des outrages dégradants à deux hommes entièrement dévoués à la Cause.

Les deux personnages se sont aimés passionnément, en se cachant comme Aragon a dû le faire tant qu'il était au Parti, car l'homosexualité était une tare punie d'une mort honteuse en URSS et d'exclusion du Parti en France! Ils sont tous plus ou moins abjects ces personnages qui auraient pu prendre le pouvoir chez nous. Marty dit « le boucher d'Albacete », qui a réprimé dans le sang les anarchistes espagnols, Duclos qui ne pense qu'à bien manger, Jeannette Vermeersch, qui ne pense qu'à sa vengeance personnelle et dont les positions sur la contraception sont au moins aussi réactionnaires que celles de l'église catholique. Tous, ils sont petits et lâches et sans doute le plus lâche de tous c'est Aragon, même si le romancier en a fait un personnage lucide.

Comme le dit l'auteur en introduction ce roman est : « l'histoire d'un temps et d'un parti, où le reniement de soi était souvent le prix à payer pour échapper à l'exclusion ». Tout ce que je peux dire c'est que ça ne sent pas bon le reniement…
Lien : http://luocine.fr/?p=4030
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L'émotion et la description réaliste de la politique et de la réaction des dirigeants du PCF sont les ingrédients donnant à ce récit tout son sel.
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Sujet très intéressant mais j'ai capitulé rapidement. Je n'ai pas été captivée par le style de l'écriture. Dommage.
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critiques presse (2)
Bibliobs
23 février 2015
Dans "Qui dira la souffrance d'Aragon?", Gérard Guégan raconte, sur fond de guerre froide, comment les communistes prohibaient l'homosexualité. Un livre diabolique.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
09 février 2015
C'est un très étrange livre qu'a écrit Gérard Guégan, sorte de théâtre d'ombres politico-sentimental. Livre audacieux, aussi, car nous sommes deux décennies avant le subliminal coming out homosexuel de l'écrivain, à une époque où son épouse, Elsa, vivait encore et où le Parti ne badinait pas avec l'amour.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Encore une fois, tu te trompes, je suis resté ce que j’ai été toute ma vie: un pédé.
– Qu’est ce que j’entends ? On ne dit plus pédé, on dit gay.
– Je préfère dire pédé. Quand j’entends pédé, j’entends un défi, une arrogance, tandis que je n’entends rien de tel dans le mot « gay ».
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« La vraie question, ce n’est pas de savoir si c’est un coup de foudre, la vraie question, c’est de se demander s’il y aura un lendemain. J’ai envie de te répondre que oui, mais, tu le sais, nous sommes des clandestins et nous sommes condamnés à le rester. » (p. 141)
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Le Parti n’est pas qu’un idéal, pas qu’une vérité immuable, pas que l’expression de la transcendance historique, le Parti est aussi une famille où la critique du père, qu’il s’appelle Staline ou Thorez, est assimilé à une trahison méritant l’exclusion, le bannissement, ou la balle dans la nuque si l’on a la malchance de vivre de l’autre côté du Rideau de fer.
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« L’histoire d’un temps, et d’un parti, où le reniement de soi était souvent le prix à payer pour échapper à l’exclusion. » (p. 9)
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« Aragon est un égoïste. Mahé déteste les égoïstes. Ce sont des planches pourries. Sas doute, mais Mahé ne peut qu’aimer Aragon et être malheureux. » (p. 243)
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Video de Gérard Guégan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard Guégan
Dans le cabaret parisien Shéhérazade, Thierry ARDISSON s'entretient avec Gérard Guégan à l'occasion de la publication de son roman "Le dernier des rêveurs". Puis avec son interview "who's who", Thierry Ardisson l'invite à donner son avis sur Serge July, Alain Pacadis, Bernard Henri Levy, Jean Edern Hallier et Gérard Guégan !
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