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Critique de Erik_


Comment ne pas être encore plus dégoûtés par la politique et nos chers élus ? Il suffit de lire cette BD pour friser l'indigestion morale et prendre les armes du combat contre autant d'injustices !

Cela ne serait pas la lecture à avoir en ce moment de crise pour la démocratie. Oui, car on est loin de s'imaginer qu'il y a toutes ces magouilles politiques afin de financer leur carrière, leur parti, leur frais de bouche pendant que le peuple se décarcasse en travaillant durement.

Et pourtant, on vote allègrement pour eux en les remerciant du fond du coeur. On les élit à leur poste de responsabilité afin qu'ils prennent les décisions difficiles à notre place. Tous pourris ? Non, pas tous. Les rares qui ne le sont pas n'accèdent pas vraiment au pouvoir suprême. C'est ce qu'il convient de retenir à cette lecture.

Plus on a des fonds, plus on a des chances de faire campagne et d'être élu. Or, pour avoir des fonds, il faut le faire dans un cadre bien précis qui n'est pas toujours respecté. Entre ceux qui gonflent leur frais de campagne, afin d'avoir le remboursement sur les fonds publics et ceux qui dépassent allègrement le plafond, il y a vraiment de quoi faire.

Même l'actuel Président n'est pas sans reproche, c'est dire. Je n'avais pas conscience avant de lire ce travail journalistique basé sur des faits de preuves concrètes que c'était aussi flagrant, aussi grave pour le fonctionnement de notre démocratie.

Parfois, il est mieux de rester dans l'ignorance. Ne lisez pas cette BD si vous désirez ouvrir les yeux sur ce qui finance ce monde politique nous imposant d'horribles contraintes, encore des efforts supplémentaires pour nourrir leur machine sans fin. C'est à vomir plusieurs fois. Je ne peux pas être plus catégorique.

Les gens les plus riches sont de généreux donateurs qui récupèrent leurs mises en réduction d'impôts avec l'assurance que leurs préférences politiques soient pris en compte comme par exemple faire travailler les gens plus longtemps au même tarif. Que dire également de la flat tax qui leur permet de payer beaucoup moins d'impôts ? C'est tout à leurs bénéfices ! Mais bon, ce sont quand même les premiers de cordées, des talents qu'il faut célébrer...

Le pire, ce sont ceux qui clament leur innocence droit dans les yeux avec un aplomb extraordinaire à la manière d'un Jacques Chirac ou d'un Nicolas Sarkozy. A noter que ce dernier a été condamné en septembre 2021 à un an de prison pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012. Oui, un véritable délinquant qui en cache beaucoup d'autres. A noter que ceux du passé n'ont pas vraiment été inquiété ce qui peut traduire une certaine injustice.

Dans le rayon des moralisateurs, on décernera également une palme d'or à François Fillon (condamné à 4 ans de prison en mai 2022 pour le « Pénélope gate ») mais également à François Bayrou qui voulait une loi de moralisation de la vie publique avant de démissionner de ses fonctions de ministre pour une affaire d'emploi fictif au MODEM. On n'oubliera pas également Marine le Pen ou Jean-Luc Mélanchon ainsi que ma préférée à savoir à savoir la fameuse dinde du Poitou.

Je crois que le pire était la décision du Conseil Constitutionnel sous la président de Roland Dumas qui a passé l'éponge sur les comptes de campagne d'Édouard Balladur et de Jacques Chirac en 1995 malgré des preuves flagrantes d'irrégularités mise en avant par de jeunes rapporteurs.

Maintenant, je crois que le problème serait de faire une loi qui répartirait les fonds de manière équitable au financement de la vie politique. Cela éviterait sans doute toutes ces magouilles qui jettent le discrédit sur les hommes politiques. Et puis, les pays scandinaves ou même le Royaume-Unis font beaucoup mieux. En Suède, un ministre a dû démissionner après avoir acheté une barre chocolatée avec sa carte de crédit de fonction.

L'instance crée pour surveiller le financement de la vie publique a été réellement une vaste supercherie comme on l'apprendra au cours de cette lecture assez démonstrative dans les éléments objectifs qui nous sont donnés. Aucun projet de renforcement de ses pouvoirs a été initié. C'est dire !

Mais bon, un élu ne reçoit pas un salaire mais une indemnité car représenter le peuple n'est pas un travail puisqu'on est censé être au service des autres dans le désintéressement le plus absolu. Et puis, les députés nous disent tous en choeur qu'ils ne s'enrichissent pas du tout avec cette minable indemnité. Une députée LREM a même indiqué qu'elle va moins souvent au restaurant, et qu'elle mange des pâtes tout en ressortant ses vêtements du grenier. La pauvre a même été obligé de déménager dans un quartier populaire. J'en appelle à la souscription d'un don ou d'une aumône à son égard.

Quand je pense que j'ai commencé ma vie avec mon Bac+5 en droit, major de promotion, avec à peine le SMIC (pour 60 heures hebdo) dans 9 mètres carrés. Il y a bien sûr pire dans notre pays : la caissière de supermarché surexploitée, l'infirmière des hôpitaux surchargés, les agents qui débarrassent nos poubelles, l'ouvrier sur le chantier public quel que soit les conditions météo...

Une lecture très instructive sur 40 ans de financement politique mené de brio par les auteurs qu'on félicitera pour leur travail d'analyse. Mais bon, on ne se sentira pas mieux au sortir de cette enquête bien au contraire !
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