La voie de la conscience

C'est là une idée fondamentale chez Ricoeur, l'homme ne parvient à se connaître lui-même et à s'unifier qu'au travers ce qui lui est donné de voir, à travers le héros tragique, à travers des personnages, à travers les récits, voire des récits mythologiques... L'important est dans la possibilité donnée à l'homme par la mimesis de fondre sa vie, ses pensées et ses actions dans le moule d'une intrigue.

Husserl refuse de suivre la voie de la science considérée comme la vérité divine, mais cherche à relier cette vérité à la conscience de celui qui lit des énoncés, qui fait des opérations et qui cherche donc à savoir ce qu'il fait.

"Comme si", "voir comme" : tels sont les opérateurs de l'imagination. La fiction est essentielle, elle est l'élément vital de la phénoménologie, dit Husserl ; mais pour Ricoeur, elle est l'élément vital du rapport à soi.

La pensée de Merleau-Ponty consiste précisément à respecter le mystère, c'est à dire à ne pas chercher à ramener le caché au découvert, l'inconnu au connu, mais plutôt à faire signe vers lui sans vouloir le montrer, ce qui serait d'une certaine manière le dénaturer.

Sartre met au premier rang cette idée que nous choisissons toujours d'être ce que nous sommes, que l'être de l'homme ne précède pas le choix d'être. C'est cela que veut dire la fameuse maxime de l'existentialisme : "L'existence précède l'essence."

Pour Merleau-Ponty, l'homme est d'abord présent au monde par son corps, ce corps propre qui est un nouveau type de conscience mais aussi une forme d'inconscience, c'est-à-dire qui engage une façon de se connaître soi-même, d'agir et même de penser qui ne passe pas par la représentation ou la réflexion.

Il y a cette idée chez Husserl, ce philosophe de la conscience qui ramène tout à l'ego, qu'on ne peut pas être un ego à soi tout seul, que mon ego implique la communauté de tous les ego possibles, la communauté mondiale de tous les ego, car c'est en commun que nous constituons le monde, mais chacun à l'intérieur de sa monade.

La liberté chez Sartre n'étant donc rien d'autre que la modalité de la présence de l'homme au monde, elle ne peut pas aussi consister dans la volonté de se retirer ou de se retrancher dans la célèbre citadelle intérieure des stoïciens.