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Critique de Sokleine


Dans ce livre touchant et fort plaisant, Faiza Guène rend un bel hommage à toutes les mères exilées, déracinées, qui souvent se sont montrées discrètes et effacées dans un pays où elles se sentaient juste « invitées » provisoirement, cultivant l'espoir de peut-être retourner dans leur « patrie » d'origine.

L'autrice nous conte en particulier l'histoire de Yamina, 70 ans aujourd'hui, mère de famille ordinaire, comme il en existe beaucoup. La trentaine passée, elle a quitté pleine de désespoir son petit village algérien, pour rejoindre Brahim de 10 ans son ainé, le mari que ses parents lui ont choisi, et qui travaille en banlieue parisienne. Exil, solitude, incompréhension, méconnaissance de la langue et des codes, humiliations quotidiennes, le choc est brutal pour Yamina, qui malgré tout résiste et affiche un "profil bas". Même quarante ans plus tard, toujours à Aubervilliers, elle est cette femme discrète vivant pour l'amour des siens et le bonheur matériel de ses enfants.

Ses trois filles et son fils (son petit dernier, son chouchou...) nés en France désapprouvent cette attitude humble alors qu'ils portent en eux une certaine colère vis à vis de la condescendance et des humiliations subies par Yamina, qu'ils admirent pour son parcours de vie exemplaire. Eux-mêmes ballotés entre deux cultures, ils mènent une vie semée d'embuches, d'incertitudes et d'espoirs déçus auxquels s'ajoute la difficulté à trouver sa propre identité.

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman où l'histoire d'une famille (trois générations) se mêle à l'histoire franco-algérienne. Avec une écriture simple, fluide et efficace, l'autrice a choisi de commencer son récit en 1949, année de naissance de Yamina, au "bled" dans son petit village puis de remonter le cours de sa vie tout en alternant avec des chapitres dédiés à chacun des quatre enfants et focalisant sur leurs personnalités, leurs ressentis dans leur existence actuelle. Pas de pathos mais beaucoup de tendresse et de sincérité dans ce roman réaliste et touchant.

Il y a plus d'une dizaine d'années, j'avais découvert par hasard Faiza Guène avec Kiffe-kiffe demain, son premier roman paru alors qu'elle n'avait que 19 ans. Il m'avait charmée par sa fraîcheur et la justesse de ses propos.
La discrétion, son dernier roman, est un aboutissement et un bel hommage de l'autrice à ses parents et à toute cette première génération de travailleurs immigrés. Je le recommande.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (93 - Seine-Saint-Denis)
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