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Citations sur Journal, Lettres et Poèmes (4)

LE CENTAURE



Extrait 4

Depuis, j’ai noué mes bras autour du buste des centaures,
et du corps des héros, et du tronc des chênes ; mes mains
ont tenté les rochers, les eaux, les plantes innombrables
et les plus subtiles impressions de l’air, car je les élève
dans les nuits aveugles et calmes pour qu’elles surprennent
les souffles et en tirent des signes pour augurer mon chemin ;
mes pieds, voyez, ô Mélampe ! comme ils sont usés ! Et cepen-
dant, tout glacé que je suis dans ces extrémités de l’âge, il est
des jours où, en pleine lumière, sur les sommets, j’agite de ces
courses de ma jeunesse dans la caverne, et pour le même
dessein, brandissant mes bras et employant tous les restes de
ma rapidité.
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LE CENTAURE



Extrait 3

La joie qu’elle rapportait se marquait de loin dans quelques
traits de sa marche et s’épandait de ses regards. J’en éprouvais
des communications dans tout mon sein ; mais ses abattements
me gagnaient bien davantage et m’entraînaient bien plus avant
dans les conjectures où mon esprit se portait. Dans ces moments,
je m’inquiétais de mes forces, j’y reconnaissais une puissance qui
ne pouvait demeurer solitaire, et me prenant, soit à secouer mes
bras, soit à multiplier mon galop dans les ombres spacieuses de
la caverne, je m’efforçais de découvrir dans les coups que je
frappais au vide, et par l’emportement des pas que j’y faisais,
vers quoi mes bras devaient s’étendre et mes pieds m’emporter…
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LE CENTAURE



Extrait 2

Mon accroissement eut son cours presque entier dans les ombres
où j’étais né. Le fond de mon séjour se trouvait si avancé dans
l’épaisseur de la montagne, que j’eusse ignoré le côté de l’issue,
si, détournant quelquefois dans cette ouverture, les vents n’y
eussent jeté des fraîcheurs et des troubles soudains. Quelquefois
aussi, ma mère rentrait, environnée du parfum des vallées ou
ruisselante des flots qu’elle fréquentait. Or, ces retours qu’elle
faisait, sans m’instruire jamais des vallons ni des fleuves, mais
suivie de leurs émanations, inquiétaient mes esprits, et je rôdais
tout agité dans mes ombres. Quels sont-ils, me disais-je, ces dehors
où ma mère s’emporte, et qu’y règne-t-il de si puissant qui l’appelle
à soi si fréquemment ? Mais qu’y ressent-on de si opposé qu’elle en
revienne chaque jour diversement émue ? Ma mère rentrait, tantôt
animée d’une joie profonde, et tantôt triste et traînante et comme
blessée.
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LE CENTAURE



Extrait 1

J’ai reçu la naissance dans les antres de ces montagnes.
Comme le fleuve de cette vallée dont les gouttes primitives
coulent de quelque roche qui pleure dans une grotte pro-
fonde, le premier instant de ma vie tomba dans les ténèbres
d’un séjour reculé et sans troubler son silence. Quand nos
mères approchent de leur délivrance, elles s’écartent vers
les cavernes, et dans le fond des plus sauvages, au plus épais
de l’ombre, elles enfantent, sans élever une plainte, des fruits
silencieux comme elles-mêmes. Leur lait puissant nous fait
surmonter sans langueur ni lutte douteuse les premières
difficultés de la vie ; cependant nous sortons de nos cavernes
plus tard que vous de vos berceaux. C’est qu’il est répandu
parmi nous qu’il faut soustraire et envelopper les premiers
temps de l’existence, comme des jours remplis par les dieux.
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