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Critique de Azallee92


J'ai été gênée au premier abord par ce livre de poche des Editions Babel qui propose un roman à l'écriture fine et serrée difficile à lire. C'est très dommage.
Et quand, après avoir tourné les premières pages, s'ensuivent de longues phrases qui demandent au lecteur une grande attention, et un rythme qui nous entraîne dans une folle farandole jusqu'au point annonçant le possible relâchement…Voilà qui est corsé ! Il ne faut pas se prendre les pieds dans le déroulement de la phrase sous peine de devoir la relire maintes et maintes fois. Des virgules pour baisser le ton, reprendre haleine, et soutenir le rythme qui s'enchaîne. Dans un souffle vital comme un qui rendrait son âme, les poumons expurgeant leur dernier souffle dans l'urgence, comme une urgence à vouloir raconter, un flot de mots déversés comme un trop plein.
La construction des phrases confère à l'ensemble une écriture riche, poétique dense et intense, qui se déguste comme une sucrerie, et nous fait entendre une petite musique, tourbillonnante, tel le vent dans les grands pins.
Le plaisir de la lecture est pour moi plus essentiel que l'histoire que nous propose Anne Guglielmetti, et je suis étonnée devant cette capacité à observer et à noter le moindre détail, pour décrire une ruine, un jardin, une odeur, une lumière. Tout est ravissement pour moi dans ce récit qui regorge d'émotions de toutes sortes où tous les sens sont en alerte.
Une foultitude de personnages et, entre les personnages, comme un trait d'union, il y a le Domaine qu'il a fallu défricher et entretenir depuis près d'un siècle. Exigent, impossible Eden, il est le lieu, qui réunit et lie les personnages que rien ne semblerait pouvoir réunir, des rencontres incongrues sans raison d'être, des êtres tourmentés et solitaires. L'auteure, dans une prose toute en poésie, donne la parole successivement à chacun d'eux, et ils deviennent tour à tour acteurs, narrateurs, et spectateurs de l'histoire qui les unit malgré eux. Eux qui ont sacrifié leur vie à la "cause" de la terre, c'est une histoire intimiste de chacun face à cette terre qui n'offre aux journaleux « qu'un labeur épuisant, des gages misérables, et un pichet d'eau clair en guise de remontant. »
J'ai découvert la prose d'Anne Guglielmetti dans « deux femmes et un jardin » et j'ai eu envie de retrouver cette atmosphère que l'auteure nous a permis de savourer en nous ouvrant la porte de la petite maison de Mariette. Récit puissant, magnifique écriture qui m'évoque Giono, et qui a été et restera au fil du temps un grand moment de lecture.
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