"J'ai peur qu'ils me butent dans mon sommeil. Mes nerfs m'empêchent de dormir. J'écris. J'écris à l'affût du moindre bruit. J'écris pour que mes assassins voient que je suis occupé et ajournent mon assassinat. J'écris pour constater par écrit que je deviens dingue."
"En rêvassant dans ce lieu, je pense au meilleur et au pire de ce que je viens de vivre en Afghanistan et je réalise une chose : j'ai envie d'y retourner."
« Je pense au meilleur et au pire de ce que je viens de vivre en Afghanistan. Et je réalise une chose : j’ai envie d’y retourner. » (p. 94)
J'entends : "Moussoulman ? Moussoulman ?"
A l'évidence, c'est d'abord ma religion qui les intéresse.
Je suis Isawi, chrétien. Isawi, ça va. Ça passe. Je me garde bien de dire que je ne pratique pas ce serait plus qu'une gaffe.
Le pire serait de dire que je ne suis pas croyant et que tout ça ne compte pas pour moi. Expliquer, par exemple, que je suis catholique baptisé mais que je n'ai pas fait baptiser mon enfant ça se terminerait par une balle dans la tête.
La plupart d'entre eux n'ont jamais vu un étranger. ils croient qu'il n'existe pas d'autre langue que la leur et pensent que si je ne comprends pas, c'est que je suis sourd. Ils répètent leurs questions en gueulant de plus en plus fort.
De ma vie, je n'ai jamais ressenti une telle trouille. Une peur abominable. C'est parti comme c'est venu. Mais dans l'intervalle, j'ai complètement perdu la boule. Incapable de dire combien de temps.
[...]
Je sors un de mes appareils. Je prend un vingt millimètres, un très grand angle, pour photographier depuis le sol.
Qu'on sache où je suis mort.
« J’ai la sensation agréable d’être aux commandes de mon voyage. » (p. 6)