AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CharlyyPhoenix


« Envoie-moi au ciel, Scotty » un Livre de Michael Guinzburg (né aux USA en 1958). Traduit par Daniel Lemoine. 332 pages. de Gallimard Sorti le 24 Juin 1999; Merci @CatF pour le conseil. Il était avisé.

« Je m'appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué. »
L'histoire commence sur ces quelques mots hautement auto-critique et lucides.
La première fois c'est plutôt percutant, mais plus c'est répété plus c'est intégré dans la routine du truc.
Malgré une grosse énumération je trouve que Guinzburg lui a donné un très joli et cynique ton de voix…
Comment ? Eh bien il y a tout simplement beaucoup d'humour dans la narration.

Le héros vit dans un taudis que j'appellerais « cabane à drogués » marchant sur de la drogue, la litière du chat n'est pas faite …Ses « amis » sont jaloux qu'il a arrêté la drogue et tentent de le re faire plonger, par égoïsme. Par maladie.
« Prêts à tout faire, à tout dire, absolument tout, pour pouvoir sucer encore une fois la queue du diable. »
Il avait pourtant de brillantes possibilités dans la vie mais le crack a tout foutu en l'air.
Et j'aime les personnes « abimées » elles ont plus de saveur. (Et de sagesse peut-être aussi ?) de l'humour, souvent …

A Supposer que sa désintoxication du Crack marche, il devra encore traiter ses problèmes d'alcoolisme et de tabagisme. C'était l'époque d'avant Sarkozy. On fumait partout où on en avait envie.
« Je lève ma pogne tachée de nicotine. Elle me désigne. Elle doit avoir un radar à détecter la souffrance. »
Le Centre des Narcotiques anonymes est un endroit ressource et bienveillant ouvert jour et nuit pour ce type de personne.
« Il y a une éternité que je ne me suis pas senti si en sécurité, si entouré, si à ma place. Alors je reste, tout l'après-midi et jusqu'à la fin de la soirée, » ...
En faisant une Razzia sur le café !

« Je n'avais plus les moyens d'acheter du vin et de la vodka, alors je buvais de l'essence. C'est ça, de l'essence. »
« Huit tasses de café plus tard, j'ai une envie de pisser de cheval de course. »
Un alcoolique abstinent est bien connu le tips de se rincer au café pour tenir… Si possible au déca. Beaucoup moins nocif.
« Ne prends pas un verre, prends ton téléphone. Voilà mes numéros, chez moi et au travail. Tu peux m'appeler quand tu veux, pour me dire ce que tu veux. »

Tellement de bienveillance chez les Drogues Durs Anonyme. J'ai l'impression que plus l'emmerdement est gros, plus les gens se serrent les coudes. Et ça c'est beau.
« Lâche prise, Dieu fera le reste. »

Le héros va demander conseil aux mauvais personnes… Ces sales gens qui vendent la drogue, avec leurs expressions toutes faites, qui n'ont sans doute même plus conscience de ce qu'ils font, de leur « marchandise » …

« — Ma chienne te plaît vraiment ?
— Te vexe pas, Ed, mais c'est un putain de requin des terres.
— Elle était à un dealer de crack. Il l'enchaînait à un radiateur et lui faisait manger des saloperies. Je l'ai sauvée. »

Le gars a essayé beaucoup de choses, notamment le gaz hilarant. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

« Pendant quinze mois, je suçai une chaussette pleine de merde dans un hôpital psychiatrique, au milieu de types qui fumaient des cigarettes par les narines et se shampouinaient avec de la soupe aux pois cassés. »
C'est sûr que c'est un cran au-dessus de la merde qu'il y avait quand j‘étais moi en hôpital Psychiatrique. Enfin bon… L'histoire se passe sûrement en 1999. On avait pas beaucoup de solutions médicamenteuses.

Puis. Life is beautiful : « Ne renoncez pas cinq minutes avant le miracle. Je vous aime tous et vous remercie parce que vous m'avez guéri. »

Le style est ma-gi-fique ça me console de bien des mauvaises lectures. Ce que fait Michael avec les mots… Brr… Et en plus, c'est de la vieille came ! J'entends les vois dans ma tête ; -) (je parle juste de la sub vocalisation).

— « La rancune, c'est comme se pisser dessus. On est seul à le sentir. »
« Envoie-moi au ciel, Scotty » C'est ce qu'on dit quand on s'envoie sa dose de crack ; -) … Les petits rituels des drogués…
En tout cas tout cela me rend fier d'avoir réussi à arrêter.

En résumé la drogue elle est pas prête de vous laisser partir.
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          326



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}