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Citations sur Rien de personnel (10)

Nous étions humains avant tout. Sans compter que cette génération avait été biberonnée, dans les années 1970, au rock, à la musique et au cinéma mondialisés, et qu'elle possédait des références en partage. Ils étaient des intellos précaires, des militants pour l'égalité, des hédonistes. Je ne dis pas qu'ils sont les seuls à penser l'existence ainsi, mais dans mon enfance, ils ont été mes références en France, ils m'ont éduqué au roquefort et à la manif, à Barbara comme à Michael Jackson, à Che Guevara comme aux Bronzés font du ski.
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Mon père a été libéré et mes parents ont trouvé refuge en France, dans l'un des berceaux de la démocratie moderne, chez un peuple qui transpire la politique. Pour eux, c'est le peuple debout de la Bastille, le peuple régicide de la place de la Concorde, le peuple souverain de 1848, le peuple libre de la Commune, le peuple résigné des tranchées de 14-18, le peuple exalté du Front populaire, le peuple combatif de la Résistance, le peuple heureux de la Libération, le peuple fougueux de mai 1968, le peuple en liesse de mai 1981. Pour moi, c'est un peuple qui ne se laisse jamais faire, ou jamais très longtemps, un peuple qui a presque tout inventé du monde moderne au XIXe siècle, un peuple pas avare de succès , mais aussi, puisqu'il faut rester honnête et juste, d'erreurs.
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Ce n'est pas une affaire de classe sociale. Là où nous avons grandi, en banlieue de Nantes, quelque soit le niveau économique mais aussi éducatif des parents, nous connaissions les lieux de l'excellence mais pas les chemins pour y parvenir.
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C'est à la naissance de ma fille que tout a changé En devenant père, j'ai imaginé le futur de ma fille. Je me suis senti mal à l'aise A l'idée quelle puisse être distinguée, mise à l'écart comme je l'ai été. Mes années de déni me sont revenues en boomerang dans la figure. J'ai revu cette arcade sourcilière en sang suite à une ratonnade d'enfant contre un petit garçon que l'on pensait irakien et donc partisan de Saddam Hussein ; ce grand enfant qui entend l'entraineuse de basket murmurer au sujet de sa mère à autre parent que "ces gens-là ne s'occupent pas de leurs mômes" - ma mère était veuve et souffrait d'une migraine ophtalmique. Je me suis souvenu de cet adolescent à qui un professeur conseille de ne pas tenter le lycée général - j'étais pourtant parmi les meilleurs élèves au collège (...) cet athée à qui l'on pose la question de la responsabilité de "sa" religion dans les attentats - je ne crois pas plus à Dieu qu'à une paire de baskets ; ce conjoint énervé d'entendre un collègue de sa compagne lui demander s'il n'est pas trop "papa oriental".
Je suis toujours ce garçon, encore, malheureusement, fièrement, honteusement membre de ce " nous". Peu importe ce que je fais de ma vie, il sera là, tatoué sur ma peau.
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Il n'y a rien de personnel dans ce livre, rien contre mon pays, rien contre ses gens de toutes couleurs, opinions, religions. Mais tout est personnel, c'est une histoire de vies, dans un pays devenu celui de ma famille. Est-ce que j'écris avec objectivité ? Non. Je réfléchis, nourri d'une expérience, l'intime, j'écris en écrivain, et c'est ainsi qu'il faut me lire. En pardonnant les erreurs, les coups de sang, les charges rhétoriques. Lire l'esprit ouvert, sans à priori, sans soupçon, sans condescendance, sans attente, lire en acceptant ma subjectivité.
Si j'écris, c'est pour rendre compte d'une expérience de l'immigration à travers la cavale française de ma famille. J'écris pour les curieux au grand coeur, à mes yeux la majorité de la France, j'écris aussi pour ceux qui peinent à entrevoir ces vies : installer son destin sur une nouvelle terre est bien plus qu'une anecdote. J'écris pour les méfiants, les fâchés, j'écris pour les convaincre de se débarrasser d'un jugement hâtif, pour qu'ils osent plonger le regard sous l'écume. La plupart des immigrés mènent une vie ordinaire et la quasi-totalité est venue étreindre le rêve français.
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André Le Gall (...) un Breton de Concarneau (...) "Dédé", qui signifie papi en turc. André avait enseigné au lycée Galatasaray d'Istanbul, et il était le professeur de français de ma mère, à la fin des années 80, dans un cours destiné aux étrangers. Lorsqu'elle est devenue son assistante, ils se sont liés d'amitié. André n'avait pas d'enfant, il a endossé le rôle de parrain, ou de grand-père adoptif (...) La présence d'André a été capitale pour moi, pour la construction de mon sentiment d'appartenance à ce pays. A l'époque, on se disait qu'un "Français" s'intéressait à nous. Si j'écris "Français" entre guillemets, c'est qu'à nos yeux André était français et nous ne l'étions pas. De surcroît, il s'agissait d'un Français de "qualité", un professeur de lettres, un Français chic, et puisqu'il nous témoignait de l'attention, c'est que nous n'étions pas si nuls.
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Nous sommes devenus français par un long chemin balisé de choix, d'échecs, de joies, de victoires, de larmes, de sueur, de renoncements, de coups durs, de coups de main. Nous sommes devenus français malgré la nostalgie, malgré le rejet, malgré notre ignorance, malgré quelques accrocs. Nous sommes devenus français grâce à des amitiés, à une envie d'être et d'être avec, la camaraderie, les rires, grâce à la bonne humeur et à un sentiment de bien-être général. Cela peut paraître paradoxal, mais en France on peut bien vivre malgré la mise à l'écart. Sans, on vit mieux. Que l'on soit victime ou bourreau.
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Peut-être que l’on manque de mots aussi, quand les enfants maîtrisent mieux que nous la langue du pays d’accueil et qu’ils maîtrisent mal la langue familiale ?
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J'entends que le racisme est plus puissant dans un sens, mais je refuse d'admettre qu'il est à sens unique. Comme n'importe quelle valeur ou idée elle peut s'exprimer chez n'importe qui sinon pourquoi le Rwanda ? Pourquoi les Arméniens, les Kurdes, les Assyriens, les Ouïghours ? Pourquoi les Turcs se méfient des Arabes et pourquoi ces derniers traitent les noirs de "sales kahlouches" ? Décréter l'inverse, c'est entretenir une forme de paternalisme. S'imaginer que les "pauvres petits opprimés" ne peuvent être que des gentils bisounours, c'est leur retirer une part sombre d'humanité mais une part d'humanité quand même. En fait c'est du racisme. Point. Ce n'est pas parce que l'extrême droite s'est emparée de cette idée qu'il faut la déconsidérer. L'égalité à géométrie variable ne produit que du ressentiment.
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Malgré tout, je suis enfant d'immigrés, malgré tout, je suis français, malgré tout, j'ai du turc et du kurde qui nagent en moi. Malgré moi, ma famille voue un culte au savoir et m'a élevé dans le respect de l'altérité... Mon futur a été une synthèse de tout ça.
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