Sublime royaume

Le thème, poignant à souhait, me laissait espérer un texte fort, porteur d'émotions. Gifty, une jeune chercheuse en neurologie dont le frère est mort d'overdose et dont la mère sombre dans une dépression profonde, oriente sa carrière afin de tenter de trouver un moyen de modifier le circuit de la récompense, qui a mené l'un à tout perdre du fait de son addiction (surfonctionnement de ce circuit), et l'autre à y renoncer, à perdre tout plaisir de la vie (défaut de fonctionnement de ce circuit). Ce double drame l'a également menée à la perte de croyance en Dieu, alors qu'elle a été élevée dans la pratique de la religion catholique. Et comme si cela ne suffisait pas, elle est d'origine africaine, elle doit affronter le racisme, et son père a abandonné le foyer pour retourner au Ghana. Gifty a tant de choses à porter, tant de doutes, tant de difficultés à se construire et à trouver sa place dans cette vie. Elle est seule mais elle est forte. Elle nous donne une belle leçon de courage.
Alors pourquoi les sentiments attendus n'ont-ils pas été au rendez-vous ? le rendu du texte m'a paru un peu détaché, froid, collant parfaitement à la scientifique Gifty. Il y a chez Gifty de la pudeur, de la retenue, de l'abnégation, indispensables pour ne pas s'effondrer face à tant de drames, pour continuer à porter sa mère qui s'effondre. Mais j'ai manqué de passion, de douleur, de colère.
L'évolution de son rapport à la religion est l'élément le plus intéressant du récit. C'est un fil conducteur important, un pilier dans la vie de Gifty, elle ne s'en détache pas complètement. Une belle analyse de la difficulté d'être croyante et scientifique.