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Critique de AmIvankovDiaz


Je voulais écrire une critique de l'essai de L'Eloge du rire de Baudelaire mais, après avoir pris connaissance des ultimes "saillies" de l'Héliogabale élyséen survolté fantasmant sur ses envies de guerre, je n'ai plus envie de discourir sur le rire.
A la place j'ai sorti La Grande Guerre par l'Almanach Vermot 14-18 pour plonger dans le premier suicide européen.

Même si l'Almanach Vermot traite de la Première Guerre mondiale avec le style qui a fait sa réputation, sa longévité et à sa fortune -c'est-à-dire un humour plutôt vache et des plumes acerbes et pleines d'autodérision- il n'en demeure pas moins que même pour un almanach porté sur la légèreté et les jeux de mots vaseux l'époque a changé.

La guerre est là, elle est là pour durer et l'Almanach Vermot fait ce qu'il peut pour : se débrouiller avec la censure (Ah, les ciseaux d'Anastasie qui anesthésient !), remonter le moral des troupes enterrées dans de cruelles batailles de tranchées ou de familles restées sans nouvelles à l'arrière des fronts, présenter (c'est un des aspects les plus intéressants de cet Almanach) les nouveautés en matière de matériel militaire (français, allemand ou britannique), les ravages "massifs" de la guerre en milieu urbain, sans oublier de vrais articles de fond de plusieurs pages, comme celui intitulé "Deux ans de guerre" où on peut noter l'évolution dans la compréhension de la guerre qui se déroule par rapport aux articles du début de la guerre, pleins "d'élan patriotique" et "d'enthousiasme indescriptible".
L'Almanach s'internationalise. Il ne se contente pas de parler des Français, des Britanniques ou des Allemands, mais donne aussi des nouvelles du Front d'orient (Serbie, Roumanie, Grèce, etc), montre des photos des usines de guerre (aciéries) américaines, du "grand pont de Bagdad que les Turcs n'ont pas eu le temps de détruire avant leur fuite devant l'avancée des armées anglaises", ou "les troupes russes réunies en 1918 pour entendre lecture du manifeste du nouveau gouvernement". Notons que "Kerensky, le président du Conseil du Gouvernement provisoire russe" a les honneurs de l'Almanach Vermot le dimanche 23 juin 1918.

Au bout du compte même si l'Almanach Vermot garde certains de ses traits du temps de paix, notamment les "crayons aux traits ravageurs de ses illustrateurs", il évolue, fait face, et s'adapte comme il peut à la nouvelle réalité créée par la Première Guerre mondiale, ses ravages, ses morts, ses déluges d'acier et de feu, ses horreurs. "La Guerre industrielle" est née là, pendant ces années, et l'Almanach Vermot est un témoin plus intéressant, profond et moins complaisant qu'on aurait pu le croire au premier abord.
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