Journal d'Hiroshima : 6 août-30 septembre 1945

Je rends grâce à cette cigarette
Car dans l'obscurité sa faible lueur
Illumine la réalité.

(Écrit pendant la nuit du 9)

Je repris courage,car je savais maintenant qu'on me trouverais moi ou ma dépouille, si jamais je devais mourir.

Le choc de la capitulation, écrit-il, fut même plus grand que celui du bombardement atomique. Il fut submergé de désespoir.

Tout le flanc droit de mon corps était lacére et saignait. Un grand éclat de quelque chose saillait d'une plaie ouverte à ma cuisse, et quelque chose de chaud s'écoulait dans ma bouche. En la touchant délicatement, je m'aperçus que ma joue était déchirée et ma lèvre inférieure pendait béante.

Des individus qui semblaient être sortis totalement intact de l'explosion sont frappés :leurs cheveux tombent, ils vomissent du sang,souffrent de diarrhées sanginolantes, présentent également des saignements au niveau des parties génitales et du rectum.

Durant la période que couvre ce journal, j'ai vécu dans l'hôpital au milieu des ruines de la ville. Je ne me préoccupait pas du monde extérieure.

Quand je pense à la bonté de ces hommes, je me dit qu'il est possible de renoncer aux idées de vengeance ;et aujourd'hui encore, je ressens une chaleur au fond du cœur lorsque je songe à ces journées et à ces amis -là.
(écrit dans la nuit du 10 avril 1952)

Tout en regardant à travers les fenêtres, les patients restèrent patiemment allongés. Tous devaient avoir la même pensée à l'esprit. Cela pouvait-il se produire à nouveau,après tout ce que nous avions enduré ?

J'ai vu les grands réservoirs à eau remplis jusqu'au bord de cadavres. Ceux-ci semblent avoir été bouillis vivants.

Les vieux préceptes comme : « la justice est la force » ou « mieux vaut le caractère que la naissance » n’avaient plus cours