Le colonel et l'appât 455

Ce roman sort des sentiers battus. S'y mèlent l'Amour dans ce qu'il a de plus romantique et une dénonciation des régimes totalitaires dans ce qu'ils renferment de plus cru et violent. Ce qui est certain c'est qu'il remue et m'a interpellé sur plusieurs registres: personnel et même intime et politique aussi, bien sûr. Il prend des virages inattendus et sonde les profondeurs de l'âme. Un questionnement recurrent s'inscrit autour de l'image que l'on a de l'autre, de celle qu'on renvoie de soi, de ce que l'on refuse d'admettre, de remettre en question...Plus socialemement l'auteure questionne sur les motivations reelles,de l'engagement politique? est-il toujours altruiste et dégagé de tout individualisme? Lorsqu'on juge avec mépris et horreur les actes les plus repréhensibles des dictatures et des tortures infligées dans les geoles tout en se tenant à l'écart de tout engagement politique actif sommes nous si innocents que cela? moins coupables que les geoliers ?Ce roman à deux voix permet une interaction émouvante et édifiante sur ce que l'on projette sur l'Autre. Est- on définitivement seul ,ou l'Amour, contre tout raisonnement cartesien nous relie-t-il et nous sublime-t-il?
Il est rare que dans un même roman soit osée la question de l'amour dans ce qu'il a de plus subjectif et individualiste , et la question de l'engagement politique et donc eminament collectif. Fariba Hachtroudi l'a tenté avec brio. Après avoir tourné la dernière page, qui est une sorte de rebondissement, je ne pensais pas que je resterais imprégnée de cet écrit et pourtant je m'y sens attachée.La preuve , sans doute, que l'alchimie a opérée!