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Critique de 5Arabella


Grand spécialiste de la pensée antique, Pierre Hadot développe dans ce livre sa conception de la philosophie antique. Il différencie la philosophie comme mode de vie, un idéal de « bonne vie » et la philosophie en tant que discours. Il insiste sur l'importance de la philosophie comme une pratique de vie, un exercice spirituel, dans l'antiquité. le discours philosophique théorique ne peut être coupé selon lui d'un art de vivre : sa production relève du mode de vie philosophique, constitue une sorte d'exercice, dans lequel atteindre une hypothétique vérité est moins essentiel que de questionner. D'où les nombreuses dissonances voire incohérences, y compris au sein d'écoles de philosophie, où il ne s'agit pas de produire un corpus de doctrines incontestables et immuables, mais de chercher, mettre en cause et se mettre en cause.

Pierre Hadot passe en revue les différentes écoles de philosophie antiques en partant de ce présupposé. Il aborde la figure de Socrate, qui est en quelque sorte le mythe primitif du philosophe, celui qui revendique de ne rien savoir, mais qui pousse les autres à s'interroger sur eux-mêmes. Il aborde Platon et l'Académie, Aristote et le Lycée, les épicuriens, stoïciens, cyniques, sceptiques. Il met en évidence le choix de vie qu'implique l'adhésion à telle ou telle école, l'éthique que cela suppose, les exercices auxquels cela donne lieu. Et résume tout de même les doctrines, les points théoriques abordés par ces différentes écoles.

Enfin, il se projette à la fin de l'antiquité, et étudie le rapport de la philosophie et du christianisme, ce dernier se définissant en fin de compte comme une philosophie, « la philosophie » ultime en somme, puisque inspirée par Dieu. Et qui s'accompagne d'un mode de vie, le mode de vie chrétien, auquel le discours philosophique donne un appui en vue de sa réalisation. C'est sur ce terrain de mode vie que la religion chrétienne vide en quelque sorte la philosophie antique de sa substance, la réduisant à un discours, à un contenu théorique, puisqu'il ne peut y avoir qu'un seul mode de vie acceptable, le chrétien. Même s'il est possible au chrétien de reprendre quelques bonne pratiques païennes.

La démonstration est brillante, et elle a le mérite de nous faire reconsidérer la perspective scolaire avec laquelle on aborde souvent la philosophie. Même si à certains moments, lorsque Pierre Hadot aborde des pensées très structurées et dont il nous reste suffisamment de traces, de textes, comme le platonisme et l'aristotélisme, l'idée qu'il n'y ait pas là un corpus doctrinal cohérent, qui pouvait être abordé en tant que tel, même s'il pouvait être discuté et en partie modifié, est à mon sens sans doute un peu excessive. La démarche la plus féconde étant pour moi de voir comment les deux dimensions philosophiques mises en évidence par Pierre Hadot s'imbriquent et se complètent.
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