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Critique de JeanLibremont


L'originalité de cette biographie de Joachim Murat est dans l'étude comparée entre celui-ci et Napoléon Bonaparte, son illustre beau-frère. Néanmoins, l'auteur me parait surtout faire oeuvre d'archiviste dans cet ouvrage qui ne me parait guere avoir de profondeur psychologique.

Le livre nous décrit consensuellement un Murat ambitieux et impulsif alors que le personnage était plus que cela: amoureux de soi-meme a l'extreme, oscillant constamment entre euphorie et abattement avec le manque d'empathie caractéristique du narcissisme - un psychologue moderne parlerait aussi peut-etre d'histrionisme et de trouble bipolaire - qui apparait notamment dans la maniere systématique de mener ses hommes dans des attaques autant suicidaires que victorieuses dont il était, lui, certain de sortir vivant grace a une chance quasiment surnaturelle sur le champ de bataille. Par ailleurs, n'oublions pas les méthodes de Murat pour réprimer des émeutes de civils, tant en France qu'en Espagne, en faisant tirer dans le tas au canon et charger sabre au clair. Pour se faire une idée du souvenir qu'a laissé Murat en Espagne, il n'est que de voir le portrait glacant qu'a peint de lui Francisco de Goya. Murat se faire tirer le portrait par les peintres les plus en vue du moment, mais Goya ne lui a pas de cadeau, contrairement aux autres peintres dont les productions de style pompier nous montrent aujourd'hui l'image d'un demi-dieu a la fois brave (brave, il l'était assurément) et bienveillant que l'on dirait droit sorti d'une superproduction de Hollywood..

J'ai l'air ici de vouloir descendre en flammes Murat alors que dans la critique du livre "Murat" de Jean Tulard, j'ai fait part d'une certaine admiration pour le personnage, mais celui-ci est tellement peu ordinaire et son importance est telle dans l'épopée napoléonienne qu'éloge et condamnation trouvent tous deux leur place. En tout cas, nul doute que pour les nombreux admirateurs du roi Murat, ce gros livre soit une lecture autant plaisante qu'instructive.

Finalement, ce qui ressort forcément de toute biographie de Murat, c'est que sans lui - que Napoléon appelait son "cavalier flamboyant" - l'épopée napoléonienne n'aurait probablement pas eu cette amplitude faute des victoires éclatantes dues a la cavalerie de Murat. Celui-ci a donc en quelque sorte "fait" Napoléon, mais il l'a aussi probablement défait lorsqu'il refusa de prendre part a la bataille de Waterloo (ou le courageux mais peu inspiré Ney a mené la cavalerie a sa perte), ce qu'un Napoléon sachant apprécier son importance décisive dans les batailles ne lui a jamais pardonné. Par conséquent, si l'on accepte (ce qui est mon cas) que Napoléon a "fait" l'Europe moderne en protégeant la Révolution et en sonnant le glas du féodalisme européen, on est bien obligé d'admettre que Murat est aussi, a sa maniere flamboyante, un grand de l'Histoire.
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