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Critique de maevedefrance





Júlía et Ragneiður se retrouvent enceintes du même homme, un certain Orlygur. C'est dans le "Reykjavik d'avant le tourisme, (...) le Reykjavik d'avant les technologies de l'information" que Julia a rencontré Orlygur, dans ce "Reykjavik des poètes, des fabricants de gnôles de contrebande et des chèques en bois". Orlygur se dit réalisateur, acteur aussi, bref, un artiste, un esthète endimanché un jour de neige et verglas. Vous voyez le genre de loustique ?... Vous croyez qu'Orlygur va finir par lui sauter dessus ? Pourtant, s'ils se fréquentent, c'est Júlía prendra les devants. Mais sera humiliée. Pourtant, un revirement de situation, et Júlía, cette gamine, quitte le domicile familial pour emménager avec cet homme de dix ans son aîné dont elle finit par tomber enceinte. Elle, la fille aux rangers, la dure à cuire qui refuse d'avorter contre l'avis de tous, celle qui se gave de "mauvaise littérature" pour se venger de ce mec, se prend un upercut le jour où elle reçoit l'appel d'une certaine Ragneidur. Celle-ci lui explique qu'elle est enceinte d'Orlygur. "Putain de bordel de merde (...) espèce de salope !" Orlygur ne dément pas la chose, n'étant pas l'homme d'une seule femme. Revirement de situation de nouveau. Ragnheiður et Julia se rencontrent, se plaisent et vont faire face à la situation, emménagent ensemble. Vous pensez qu'elles ont viré lesbiennes ? Non, non !



Un couple de femmes qui n'en est pas un pour élever deux mioches : Edda et Einar. Un petite famille non conventionnelle. Edda est toujours le nez dans les livres alors qu'Einar peine à déchiffrer le moindre écrit. Une petite famille non conventionnelle, avec une gamine qui souffre d'hyperlexie et l'autre de dyslexie ! Edda peine à communiquer avec autrui. Les seuls personnes qu'elles fréquentent sont les êtres de papier qu'elle rencontre dans les livres. Jusqu'au jour où, l'adolescence passant par là, elle décide de devenir une autre. Les réseaux sociaux sont une aubaine. Elle parvient à drainer des milliers de followers à sa suite, une star du web qui ouvre largement la porte sur sa vie privée pour maintenir sa notoriété, gagner du fric. Un vrai boulot à temps plein... Hop, son mariage avec Ragnar est largement diffusé sur Internet. Pourtant, un jour, plus d'Edda ! Elle disparaît, plantant là son mari et leur nouveau né, ses folowers plein d'inquiétude. Dépression post-parthum dirons certains. Est-ce bien le cas ?



Sigríður Hagalin Björnsdóttir amène à réfléchir à notre rapport à l'écrit, de l'Antiquité à nos jours. Elle fait porter à son héroïne disparue un prénom qui aussi une oeuvre majeure de la littérature islandaise médiévale , l'Edda de Snorri. "Edda" a plusieurs significations plus ou moins mystérieuses ("livre d'Oddi", thèse généralement rejetée, mais aussi "arrière-grand mère", entres autres, en passant par "aieule de tout savoir sacré" selon Régis Boyer - voir Wikipedia) . On dit souvent que "nous assistons actuellement à l'agonie du livre (...). La lecture est en recul que ça nous plaise ou non. Nous sommes témoins de la plus importante révolution intellectuelle depuis l'invention de l'imprimerie qui a permis aux gens du commun il y a presque six siècles d'accéder à l'écrit." L'autrice remonte la source jusqu'aux Sumériens, première civilisation à avoir inventé l'écriture et Socrate qui considérait que l'écrit au détriment de l'oralité était fait pour asservir le peuple. Cependant, ne prenez pas peur : ce roman n'est pas un livre indigeste de philo ! Sigridur Hagalin Bjornsdottir amène à réfléchir à notre rapport à l'écrit, de l'Antiquité à nos jours. Elle fait porter à son héroïne disparue un prénom qui aussi une oeuvre majeure de la littérature islandaise médiévale , l'Edda de Snorri. "Edda" a plusieurs significations plus ou moins mystérieuses ("livre d'Oddi", thèse généralement rejetée, mais aussi "arrière-grand mère", entres autres, en passant par "aieule de tout savoir sacré" selon Régis Boyer - voir Wikipedia) . On dit souvent que "nous assistons actuellement à l'agonie du livre (...). La lecture est en recul que ça nous plaise ou non. Nous sommes témoins de la plus importante révolution intellectuelle depuis l'invention de l'imprimerie qui a permis aux gens du commun il y a presque six siècles d'accéder à l'écrit." L'autrice remonte la source jusqu'aux Sumériens, première civilisation à avoir inventé l'écriture et Socrate qui considérait que l'écrit au détriment de l'oralité était fait pour asservir le peuple. Cependant, ne prenez pas peur : ce roman n'est pas un livre indigeste de philo !



Sigríður Hagalin Bjornsdottir offre un roman distrayant, avec une bonne part de thriller : nous suivons Einar à la recherche de sa soeur Edda, qui emmènera à New York, à la rencontre d'un mystérieux professeur. Einar se souvient, nostalgique, de sa soeur lui contant des histoires, lui qui n'arrivait pas à lire. A son tour, il lui racontera, sur un enregistrement, le secret dont il doit soulager son coeur.



Même si l'auteure destructure l'écheveau temporel de son récit en mille brins de laine, le lecteur finit par renouer les liens qui les unit les uns aux autres.







J'ai beaucoup aimé ce roman polymorphe qu'il est vain de vouloir classer dans un genre littéraire bien défini. J'ai aimé le jeu des doubles inversés qui émaillent le roman, l'esprit de sororité qui fait la place belle aux femmes. En revanche, je n'ai pas trop su quoi faire avec Orlygur, le personnage masculin à l'origine de l'histoire et des drames. Paradoxalement. Un petit coup de griffe aux réseaux sociaux et aux "stars" nées d'un nombre de like, ce trompe-l'oeil et cet asservissement des temps modernes.



Un roman singulier où l'on ne s'ennuie pas. Une de mes lectures marquantes de l'année.




Lien : http://milleetunelecturesdem..
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