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Critique de Desmotspourtoujours


C'est le second roman que je lis de cette auteure également connue sous le pseudo Lily Haime. Et je dois t'avouer que c'est une nouvelle claque phénoménale. Une lecture si intense, prenant, bouleversante, humaine, haletante et j'en passe. Lily R. Davis est le genre d'auteure qui t'embarque dans une fusée pour un voyage surprise et tu ne sais jamais où tu vas atterrir. C'est une parfaite alchimie entre le plaisir, la volonté de réveiller les consciences et cette plume juste parfaite. Une alchimie rare qui t'immerge dans une histoire hors norme. Un récit où le poing levé fait acte d'un combat et d'engagement pour un monde meilleur.
1965, direction les Etats-Unis présidés successivement par Lyndon B. Jonhson et Richard Nixon (pour la période concernée du roman).La guerre au Viêtnam fait rage depuis 1955. Elle durera près de 20 ans. Prés de 58 209 croix blanches américaines, un grand nombre de blessés, traumatisés qui devront faire face seul à leurs démons. Une guerre sans pitié qui ne trouve pas sens au sein des communautés américaines. En plein mouvement hippie, l'Amérique lève le poing contre cette guerre sans nom et meurtrière. de sit-in en sit-in, les voix commencent à se faire entendre. Les petits journaux indépendants défrayent les chroniques avec leurs articles emprunts de véracité visant à réveiller les conscience. Ici le journal l'Aldous se fait porte parole d'un mouvement s'amplifiant de mois en mois. N'hésitant pas à se jouer du gouvernement, au péril de leur liberté, et d'usant de leurs mots volontiers percuteurs. Ils soulèvent les masses. Leurs cris sont entendus et bientôt d'autres les rejoindront.
Ceux qui se cachent derrière l'Aldous est une bande de copains assez atypique et singulière. Il y a Line, Kaylee, Penny, Rive, Sean, Jacob, Louise… ( et je pense que j'en oublie) et Alec qui fait figure de chef. Alexandro Benitez est à l'image même du révolutionnaire. Il manie avec dextérité les mots. Il ne vit que pour ces articles prônant la stricte vérité. Ce hippie bon chic bon genre et activiste est un amoureux éperdu de la vérité. Il n'hésite pas à voyager pour rencontrer de nouvelles communautés. Sa vie de bohème, il l'a savoure sans jamais se poser d'ultimatum ou de questions. Il croque la vie à pleine dent. Alec est intelligent, têtu, courageux, indépendant, fêtard, queutard. Il est épris d'une profonde humanité à laquelle il voue un profond respect. Il est très fin philosophe et arrive parfaitement à décrypter les profondeurs de l'âme. Alec est le synonyme même de cette liberté.
Rose a tout de la jeune fille convenable. Recueillie par son oncle suite au meurtre de son père, elle ne vit que pour satisfaire son oncle Ray et sa tante Daniella. Sa cousine Line ne lui porte que très peu d'attention. Aucun lien ne semble les réunir si ce n'est la jalousie et la convoitise. Rose a très peu confiance en elle. Elle n'arrive pas à mettre de mots sur les émotions qui bouillonnent en elle. Très fine observatrice de la société qui l'entoure, elle écrit dans son journal rouge tout ce qu'il lui semble injuste. Sa première rencontre avec Alec a été à ses yeux un immense moment de honte, alors que pour ce dernier ses yeux verts font chambouler sa vie. Ce n'est que quelques années plus tard que la vie va les réunir à nouveaux à Washington pour une nouvelle aventure. Avec Alec, Rose va s'épanouir comme une fleur, apprendre à s'affirmer et porter haut et fort ses convictions. Rose découvre que les mots peuvent changer les choses. D'abord sous couvert d'anonymat, elle publie quelques articles dans le journal universitaire. Peu à peu, les gens ne tardent pas à parler de ce journaliste qui ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Pendant ce temps, elle sympathise avec cette bande de joyeux lurons. Très vite elle s'émerveille par cette boule d'énergie émanent de ce groupe où les débats vont rage et où chaque opinion est écoutée. Elle s'y découvre une famille avec ces bons et mauvais côtés. Rose reste une jeune femme pudique et réservée mais qui n'hésite pas parfois à pousser de sa voix pour se faire entendre. Alec lui est d'un soutien indéfectible et est toujours présent dans les moments clés de sa vie. Il sera être patient, attentif, protecteur et attentionné. Mais à eux deux, leurs mots réunis, ils seront bien plus que ça, un modèle contre les injustices de l'époque. Leur vie paisible faite de débats houleux, de sit-in, de voyages et d'articles sera interrompue par une lettre émanent de l'Armée. Qu'adviendra t-il d'eux et de leur combat ?
Je dois dire que le contexte historique de ce roman est percutant et très intéressant. Thème assez rare dans le paysage littéraire français et encore plus écrite par une auteure française. Associé à la romance, ce récit se veut plus détonnant. Si la guerre du Vietnam est largement exploré, d'autres points le sont aussi comme : le droit des femmes à l'avortement, les droits de la communauté LGTB, le droit des hommes et femmes issus de la communauté noire alors que le Klux Klux Klan est d'actualité, le droit à la liberté de parole… Si ces combats sont à l'heure d'aujourd'hui entérinés, d'autres persistent et d'autres ont vu le jour comme celui du port d'armes.
Ce roman est une fenêtre ouverte sur cette période largement révolutionnaire aux Etats-Unis. Au travers des personnages, le lecteur vit pleinement ces effusions, ces questions bouleversantes. Rose et Alec font figure d'icône et au travers de leur idylle, je me suis retrouvée à me battre à leur côté. Certain personnage tombe dans l'extrême et les conséquences de cette dérive s'avèrent dramatique.
Ce roman est juste une pépite, un méga coup de coeur. Une lecture intense où les enjeux sont importants. Les personnages sont très attachants et leurs buts sont au delà de leurs convictions et à leur hauteur. le contexte est très riche. Que dire qu'une panoplie d'émotions m'a traversée. Des émotions fortes et gênantes : la tristesse, la joie, l'euphorie, le désespoir, la colère, l'empathie, la désolation, la solitude. Que dire de plus que ce roman est une réussite.
LE JOURNAL ROUGE est le témoin de toutes les horreurs que l'humanité a créées, de tous les combats menés à bon escient pour un monde meilleur et de toute la magnificence que l'Homme peut encore avoir en lui. LE JOURNAL ROUGE est l'image même du passé, du présent et du futur, une fenêtre qui ne se fermera jamais tant les combats sont nombreux.
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