Un roman fort et intense qui se lit d'une traite.
Aure Hajar explore le rapport à la féminité et au regard de l'autre, le regard des hommes mais aussi le regard social, en racontant l'histoire d'une étudiante qui se prostitue puis se lance dans le porno de manière d'abord naïve avant de se confronter à la violence des hommes et du masculin. le parti pris du livre est résolument abolitionniste et féministe. La consommation du corps des femmes par les hommes, les mécanismes de domination et la brutalité sont décrits avec beaucoup de force. L'autrice ne cherche pas à rendre la prostitution glamour, à l'inverse de
la Maison d'
Emma Becker ou de ce type de tradition littéraire. C'est une version beaucoup plus crue, et beaucoup plus réaliste de ce que cela implique pour une femme de se donner aux hommes pour de l'argent qui est ici proposée. Par ailleurs, la plume est très belle, très fluide, et manifeste d'un talent littéraire réel : ce n'est donc pas un récit ou un essai sur le sujet, mais bien un grand roman... un premier roman très prometteur qui révèle une écrivaine brillante.