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EAN : 9782416007118
260 pages
Eyrolles (09/02/2023)
4.21/5   38 notes
Résumé :
"Car à bien y réfléchir, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même - et à eux, aux hommes, cela va de soi. Je crevais d'être vue par eux, voulue par eux, admirée d'eux. Leur approbation conditionnait ma vie. Alors je les flattais et leur donnais ce qu'ils attendaient, je croyais ainsi m'émanciper, m'éloigner de ma mère, défier des règles ancestrales ou religieuses. J'étais en vérité leur esclave."

Quand Lila, dix-huit ans, emménage à Paris pour y étudier ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Lila, dix-huit-ans, arrive de sa banlieue populaire pour étudier le droit à Paris. Elle loue une petite chambre de bonne au pied de la butte Montmartre. Son université, qui est située place du Panthéon, accueille beaucoup d'étudiants bourgeois très à l'aise socialement. Lila voudrait s'intégrer à leur groupe mais c'est très difficile pour elle. Désireuse d'adopter le même mode de vie qu'eux, à court d'argent, elle décide de se prostituer via Internet, sans comprendre qu'elle met en route un engrenage qui risque de la broyer. ● A mesure que je cheminais dans la lecture de ce livre, je trouvais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas sans savoir quoi. ● En principe, je suis très intéressé par les histoires sur la prostitution, ainsi j'aime beaucoup les livres de Johan Zarca, comme son remarquable roman La Nuit des hyènes (2022), ou encore Chienne et louve de Joffrine Donnadieu (2022) par exemple. ● J'ai aussi lu avec intérêt le livre-enquête de Tan, TDS, Témoignages de travailleuses et travailleurs du sexe (2022), pour ne parler que des plus récents et sans remonter à Boule de Suif, à La Maison Tellier ou à Nana (récits que j'aime beaucoup !). ● Avec le recul, je crois que j'ai compris ce qui m'a beaucoup dérangé dans le livre d'Aure Hajar : l'histoire est parasitée par un discours argumentatif et militant qui, si en soi il est tout à fait recevable et qu'on ne peut que l'approuver, gêne le déploiement de la trame narrative et entrave le rythme du récit. ● J'ai lu quelque part que l'autrice avait commencé par vouloir écrire un essai, eh bien cela se voit car il en reste de nombreuses scories qui dévalorisent son roman. ● Si on le compare par exemple à Chienne et louve, qui a une trame assez proche (une étudiante pauvre qui se prostitue), je trouve le roman de Joffrine Donnadieu beaucoup plus percutant car la démonstration vient de l'histoire elle-même et non de remarques théoriques malencontreusement insérées dans le récit. ● Citons par exemple ce passage : « Mais très vite, la culture politique de Candice me troubla ; tout était pour elle matière à revendication. Elle était pute, certes, et à mon grand étonnement elle se disait fière de l'être, cependant elle se considérait avant tout comme une travailleuse du sexe – elle militait d'ailleurs pour l'utilisation de cette expression. — Quelle différence ? lui demandais-je, inculte. — La différence, m'expliqua-t-elle en prenant appui sur ses avant-bras, c'est que le mot pute est utilisé pour nous définir tout entières alors qu'il ne devrait désigner que notre activité. Je suis une pute quand je travaille, c'est un métier difficile et exigeant, qui requiert un certain nombre de compétences morales face à un client – capacité à prendre sur soi, à masquer son dégoût parfois, à faire croire que les banalités qu'il débite sont intéressantes, et cætera. Or quand je rentre chez moi, ou quand je suis avec des amies, comme ici avec toi, je suis juste Candice et je ne travaille pas. » ● Les notions abordées dans ce passage, notamment celle de « travailleuse du sexe » ayant des « compétences », on les retrouve dans le livre de Tan cité plus haut, TDS, mais c'est un livre de sociologie militante, pas un roman. ● Dans son roman, Aure Hajar aurait dû nous montrer cela par son récit et non le révéler dans un dialogue lourdement didactique et expositif. ● Je suis étonné que le travail d'édition du texte n'ait pas davantage porté là-dessus, sachant qu'on trouve sur Internet un échange entre l'autrice et son éditrice qui met justement l'accent sur le travail d'édition du texte : https://www.edithetnous.com/blog/comment-naissent-les-nouvelles-voix-de-la-litterature . ● J'ai aussi trouvé les noms des personnages comme Octave Germanopratin ou Arnolphe beaucoup trop lourdement signifiants… Un peu de finesse n'aurait pas nui dans ces choix de noms. Je signale aussi une confusion qui apparaît deux fois entre les verbes « conférer à » et « confiner à » : par exemple : « Celle de foirer ma vie avec une obstination qui confèrerait à la connerie. » ● Je ressors donc de cette lecture avec une impression très mitigée et j'ai l'impression que si le travail d'édition avait été mieux fait, le livre aurait pu avoir beaucoup plus de force ; c'est dommage.
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Cette jeune étudiante en première année de droit se trouve dans une situation de précarité que la garde d'enfants ne parvient pas à résoudre. C'est ainsi qu'elle en viendra à louer son corps pour subvenir à ses besoins. Louer, ou vendre ?

Quelles que soient les motivations invoquées pour s'adonner au commerce sexuel, le constat est terrifiant, c'est son âme que l'on brade.

Avec la découvert de ce milieu, Lila découvre la bestialité des hommes, leur violence, leur cupidité, insoutenables autant que le sont les odeurs. Tombant dans les pièges qui lui sont tendus, malgré le soutien et les avertissements de ses compagnes d'infortune, elle en arrivera à proposer ses services pour le tournage de films X.

Le ton employé laisse entrevoir une rédemption pour la jeune femme. Mais c'est plutôt à sa descente aux enfers que l'autrice nous convie.

Pas de surprise sur les faits révélés, l'ambiance sordide ne surprendra personne.

Il est dommage cependant que le roman n'ait pas consacré une part plus importante à la reconstruction, qui ne peut se résumer à une bourse de précarité et des APL. Sans compter les moments de découragements inhérents à la situation.

Ce roman pourrait constituer une aide précieuse pour les jeunes étudiantes qui n'ont parfois d'autre choix que ces chemins de misère pour parvenir à leur but, au risque de se perdre.

260 pages Eyrolles 9 février 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Des fois il est difficile de trouver les mots tellement vous désirez arriver à convaincre les autres de lire un roman qui vous a tellement plu, surtout quand le sujet est assez difficile. Et dans ce cas, « difficile » est un euphémisme car il va être question de prostitution et de pornographie.

Lila vient de rentrer en fac de droit à Paris, elle a grandi dans une cité de banlieue avec sa mère et la différence de milieu social avec les autres étudiants va lui sauter au visage. Au milieu de ses camarades financièrement à l'aise, elle va avoir du mal à s'intégrer et ceci, ajouté à la précarité de sa propre situation, va la pousser à prendre une mauvaise décision. Sous le couvert d'un pseudonyme, Lila décide de se prostituer en ligne.
Bien évidemment, au départ, elle pense maîtriser la situation en mettant en place une certaine routine, mais petit à petit elle perd le contrôle et c'est une longue descente aux enfers qui va commencer pour elle…

Je ne sais pas si c'est le fait que le roman soit écrit à la 1ère personne du singulier ou bien si c'est le fait d'être une femme mais j'ai ressenti une profonde empathie pour Lila qui va finir par dissocier son esprit de ce corps complètement déshumanisé et avili.
Ce livre m'a bouleversée, certaines scènes sont vraiment très difficiles à lire, certaines m'ont même donné envie de vomir…
Clairement dans ce roman les hommes ne se taillent pas la part belle : ils abusent et profitent de femmes en détresse psychologique, ils sont misogynes, violents, pervers…
L'auteure nous a expliqué lors d'une rencontre visio que l'idée du roman lui était venue d'un constat qu'elle avait fait : autour d'elle, plusieurs femmes détestaient les hommes. Elle a donc cherché à comprendre pourquoi.

C'est un roman coup de point qui dénonce de nombreux comportements à travers le prisme d'une victime. Car oui, malgré le fait qu'elle se soit retrouvée à emprunter ce chemin, Lila est une victime : on n'arrive pas là par choix, il y a souvent une fragilité, une fêlure que certains arrivent à déceler et à exploiter.

J'ai aimé le style et la manière dont le sujet est traité, je ne peux que vous encourager vivement à lire ce livre.
C'est le 1er roman de Aura Hajar et c'est une belle réussite !
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Il est rare que j'aie eu autant de mauvaises vibrations et sensations sur un livre.

Je vais rejoindre le 2e lecteur Christophe avec ma critique pas bonne du tout.
Deux hommes sur trois lecteurs qui ont un mauvais ressenti, il faudra peut-être que l'auteure et l'éditeur s'interrogent.

A lire les commentaires des lectrices qui encensent ce roman, je me dis que je n'ai pas dû lire la même histoire qu'elles.
Mais je ne m'en étonne pas, elles ont toutes été séduites par le discours constant, lourd et très féministe de l'auteure, qui a d'ailleurs pour moi bien plombé le roman. Si bien que l'histoire de Lila est passée au second plan.
*

Perso, j'ai trouvé que le récit manquait cruellement de style.
Je cite une seule phrase, parmi tant d'autres. A vous de juger.

- Non je ne te sucerai pas, mais je peux t'enfoncer un doigt dans le cul !

Oh I am shocked ! s'écrient en coeur les lectrices pudibondes. C'est oséééé ! C'est cruuuu !...
Mais non mesdames, pour moi c'est une phrase vulgaire, grotesque, car elle se trouve dans un roman sans nuance écrit sans subtilité, ni finesse et qui n'a pas de grande profondeur.

N'est pas Joffrine Donnadieu qui veut !

A ce propos, si vous désirez lire du « cru » et du « osé », je vous conseille ses deux excellents romans, d'une belle littérature ; « Une histoire de France » et « Chienne et Louve ».
Si vous désirer lire du bien trash, essayer de lire les textes de l'auteure, interprète et metteur en scène Angelica Liddell.
*

Pour moi, l'histoire aussi manquait de consistante, de maturité. Tout fut surtout complètement déconnecté de la réalité, avec des situations irréelles, presque risibles, en comparant avec ce que j'ai lu en témoignages sérieux sur les Escort girls et les témoignages bouleversants des anciennes actrices du porno. Celles qui ont eu la chance d'être sorties pas trop abîmées, de ce monde très glauque.
*

Et puis j'ai ressenti que la base elle-même ne fût pas travaillée et donc que les sujets n'étaient pas maitrisés. Ce qui a fait perdre toute la crédibilité à ce livre, ajouté à cela des situations invraisemblables et des clichés.
Le monde de la pornographie de Aure Hajar, est un monde aseptisé, où aucun alcool, aucune drogue ne circulent et où les producteurs de films X, qui organisent un « dîner », préfèrent disserter sur les engagements d'une Virginie Despentes, pleurnicher sur le coût des actrices porno françaises, et blablabla ! Plutôt que de s'envoyer en l'air avec une fille ou s'envoyer dans le nez un rail de coke.
*

Je passerai sur Lila, le personnage principal du roman, qui est décrite en trop grande superficialité, qui n'a en conséquence aucune profondeur.
Une Lila en posture victimaire. C'est parce qu'elle s'appelle Lila, parce qu'elle est arabe, parce qu'elle est issue de condition modeste, qu'elle n'a pas d'amies. Dans sa fac, elle ne rencontre que des pétasses françaises, aux prénoms bien européens, des filles de bonne famille qui ont du succès parce qu'elles sont friquées.
Encore d'énormes clichés !

Lila qui semble naviguer dans ses mondes en toute insouciance. Qui se fait Escort girl et rentre dans le porno, comme elle irait chez Mac Donald. Et cela m'a semblé hallucinant. Aucun cheminement psychologique n'est raconté.
Pire, son premier « fist fucking » tient sur deux petites pages. Quatre pages après, Lila est sortie définitivement du porno.

Tout va bien madame la Marquise !

Pas de séquelles psychologiques, comme j'ai pu en lire, pas de traumatismes, pas d'angoisses, pas de hantises, ni de déprime pour avoir subi de tels actes sexuels dans un film pornographique.
Beaucoup de comédiennes, furent marquées à vie, pour avoir accepté à un moment de leur vie, de subir des choses avilissantes et d'énormes humiliations .
*

Bref, je suis aussi en colère contre moi, car j'ai déboursé 17,90 euros pour ce livre, alors que cette somme m'aurait permis d'acheter un autre roman bien meilleur.
*

Je vous donne une référence d'un autre livre que j'ai beaucoup aimé. C'est « Bad Girl » de Lola Marois. La femme de Jean Marie Bigard a écrit un beau livre, très cash, sur les Escort girls, qui sent presque le vécu.
Et pour avoir rencontré et échangé avec l'auteure pour ce livre, je sais où Lola a puisé ses sources.

Mais le livre écrit avec beaucoup d'humour, ne parle pas seulement de l'Escort et des phantasmes sinistres et innommables de certains clients. Lola Marois y soulève beaucoup de questions existentielles, évoque la solitude rencontrée chez ces femmes qui pratique l'escorting. Des jeunes femmes qui parfois partent à la dérive, qui s'interrogent sur l'amour, sur le regard de l'autre, sur leur beauté, sur le temps, sur la vieillesse et sur l'après Escorting girl.
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Lorsque j'ai vu ce livre la première fois, j'ai tout de suite été emballée par la couverture, elle a un toucher spécial, en relief, j'ai appris depuis que c'était la marque de fabrique de la collection "Apparté" des éditions Eyrolles. J'ai aussi été intriguée par cette femme qui à la fois se cache et se dévoile, avec ce rouge et ce bleu qui se marient si bien. Après avoir lu le résumé, j'ai très vite eu envie de voir comment l'autrice avait traité le sujet.

C'est un premier roman pour Aure Hajar, et après avoir refermé son livre, je dois dire qu'elle a mis la barre très haute et qu'elle a commencé vraiment très fort. le sujet est très fort et dur, mais surtout, le style d'écriture est rude aussi, il colle parfaitement au sujet, l'autrice est directe dans ses mots, ne cache rien. Et j'ai vraiment beaucoup aimé son style, sa plume et sa façon de traiter le sujet. Ce sujet c'est la prostitution, et aussi la précarité des jeunes étudiants.

Je ne vais pas trop revenir sur l'histoire. On va faire la connaissance de Lila. C'est une jeune fille qui arrive à Paris pour suivre ses études de droit. Elle vient d'un milieu modeste, elle va se retrouver confrontée au train de vie des autres étudiants, il va falloir qu'elle trouve un moyen pour subvenir à ses besoins. Elle enchaîne les petits boulots mais c'est difficilement conciliable. Alors, Lila s'inscrit sur des sites pornographiques et devient escort. Elle prend un pseudonyme, Fleur, elle rencontre des hommes, gagne de l'argent. Elle est aidée par d'autres prostituées, qu'elle appellera la "putosphère". Elles s'entraident beaucoup. Plus le temps passe, et plus Lila se met en danger et gravit des échelons dans la pornographie, tout en essayant de continuer ses études.

Le roman est divisé en trois parties qui représentent les trois stades atteints par Lila. Je ne peux malheureusement pas vous les révéler, je ne veux pas spoiler. C'est devinable, Lila va rentrer dans un engrenage qui la pousse à aller de plus en plus loin. Et en tant que lectrice, j'ai assisté impuissante à cette descente aux enfers. Je me suis très vite attachée à Lila, j'ai eu envie de lui parler, de l'aider, de la protéger. Je lui parlais parfois, je lui disais de ne pas faire ça ou de ne pas aller là, je la trouvais tellement réelle. L'autrice la rend très réelle d'ailleurs, et rend tout son entourage très réaliste aussi. Elle ne mâche pas ses mots, elle est concrète et décrit très bien la vraie vie.J'ai eu la chance de la rencontrer virtuellement grâce au club des lectrices Eyrolles, elle expliquait qu'elle s'était appuyée sur des faits authentiques, qu'elle avait rencontré des jeunes femmes ayant vécu la même chose que Lila. C'est ce qui fait que le récit est tellement vrai. Et qui le rend encore plus glaçant. Bien sûr, je ne suis pas née de la dernière pluie et je sais que tout ceci existe, mais le lire au travers d'un personnage rend le sujet encore plus marquant.

Selon Aure Hajar, ce roman était au début un essai qu'elle a ensuite romancé. Son style d'écriture est tellement percutant, et en même temps très sensible. Elle ne dramatise pas plus le sujet qui est déjà très dur. J'ai beaucoup aimé sa plume, et j'ai bien ressenti tout le travail qu'elle avait dû faire en amont. Elle a mis cinq ans pour écrire ce livre, ce qui explique bien la justesse du propos. La narration à la première personne du singulier fait que je me suis encore plus attachée au personnage principal, j'ai été au plus près de ses pensées et de son ressenti. Et c'est parfois très compliqué. J'aurais quelquefois aimé prendre de la distance vis à vis de Lila. Mais c'est ce qui fait aussi l'intensité de ses émotions.

Aure Hajar rend, à travers ce roman, un hommage vibrant aux femmes, à ces travailleuses du sexe, qui chaque jour sont confrontées à la violence des hommes, à leurs envies dévastatrices pour leurs corps, pour leurs âmes. Les violences sont à la fois corporelles et psychologiques. Bien sûr, je savais déjà tout ça, mais comme j'ai dit plus haut, le lire et le vivre au travers un personnage, c'est très troublant. Les hommes n'ont pas le beau rôle ici, ce n'est pas le propos. Il y en a des sympas, mais j'avoue que je retiens surtout ceux qui ont été les plus brutaux.

Ce livre est un coup de coeur, pour l'histoire, pour le personnage de Lila, pour la plume de Aure Hajar, et pour toutes ces femmes qui subissent l'innommable. J'ai dû laisser reposer un peu avant de pouvoir écrire cette chronique, mes sentiments étaient à vif juste après la lecture. Après quelques jours, je retiens surtout la place et la parole qu'a données l'autrice à ces femmes bien souvent Invisibles. Je vais suivre Aure Hajar de près, j'aimerais beaucoup la lire à nouveau, pour un premier roman, elle a tapé très fort.

Je ne peux que vous conseiller ce roman, il n'est pas tout le temps simple à lire, gardez une lecture plus légère à côté. Moi je l'ai lu d'une traite car je voulais savoir ce qui arrivait à Lila. Bien sûr, le sujet est difficile, et cela peut rebuter, mais je trouve qu'il faut lire ces histoires, pour rendre une sorte d'hommage à ces femmes, et surtout pour réaliser ce qu'elles vivent, ne pas les juger. On dit que c'est le plus vieux métier du monde, mais comme j'aimerais qu'il soit éradiqué...
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critiques presse (1)
Actualitte
17 avril 2023
Malgré la dureté du sujet et de ce constat, partagé par de nombreuses victimes de violences intrafamiliales et sexuelles, Aure Hajar montre qu’il est possible de s’extirper de ce « berceau » et de résister.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
"Un badaud me repéra, il s'avança vers moi pour me parler, je fis un pas de côté pour m'en éloigner. Il me rattrapa et me dit S'il te plaît, un p'tit sourire, ça m'ferait plaisir. Je levai les yeux et regardai l'homme qui avait prononcé ces mots ; il ne ressemblait à rien. Il avait une vilaine peau, un regard de chien. Qu'espérait-il en s'adressant à moi ? Que je lui sourie, sans doute, et c'est là le drame commun à nombre de femmes : l'on attend d'elles, de toutes, qu'elles se plient en quatre pour satisfaire le moindre quidam, qui confond ses désirs avec des vérités générales. S'il veut que la femme sourie, il faut que la femme sourie, et lorsqu'il l'interpelle il ne peut la déranger puisqu'elle n'a pas d'existence propre en dehors de lui, lui l'égocentré phallocrate qui ne parle que de lui, qui ramène tout à lui, qui ne pense qu'à son petit plaisir dans la vie sans se demander s'il importune son interlocutrice, dont il attend disponibilité et éternel renoncement. L'homme est un encombrant."
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Je n’éprouvai pas de douleur à proprement parler, plutôt une forme de lassitude d’autant plus grande qu’il réitéra encore, encore, encore. La dernière fois, je lui demandai de me laisser. Ma phrase s’étouffa dans un haut-le-cœur; je continuai d’encaisser, en dépit de la fatigue, de l’amertume, de la nausée. Et tandis qu’il m’écrasait par terre, tandis que je le laissais faire, se produisit un phénomène que je crus d’abord vivre pour la première fois: je me séparais de mon enveloppe corporelle et m’observai de l’extérieur. Je me vis de haut, de loin, recroquevillée dans un coin. Dépouille becquettée par un vautour. Je contemplais ce corps qui n’en était plus vraiment un, qui n’était d’ailleurs plus vraiment moi, tout juste mon contenant. Cela le conforta dans l’idée que cette activité était temporaire et qu’un autre destin m’attendait: un jour, les gens me verraient.
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Et alors ? aurais-je dû lui répondre. Je ne le connaissais pas; qu'est-ce que cela pouvait bien me faire qu'il me trouve jolie?
Je n'avais pas la maturité, le recul nécessaire pour me rendre compte des mécanismes à l'oeuvre. Je ne savais pas que j'étais flattée parce que les films, les livres, les magazines, les dessins animés, les émissions télévisées, les chansons et les comptines, la famille, les amis, les voisins et les voisines, tous m'avaient savamment inculqué l'idée que ma valeur résidait dans le fait d'être trouvée jolie.
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"Car à bien y réfléchir, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même - et à eux, aux hommes, cela va de soi. Je crevais d'être vue par eux, voulue par eux, admirée d'eux. Leur approbation conditionnait ma vie. Alors je les flattais et leur donnais ce qu'ils attendaient, je croyais ainsi m'émanciper, m'éloigner de ma mère, défier des règles ancestrales ou religieuses. J'étais en vérité leur esclave."
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Victor me l’avait bien fait comprendre, il trouvait les putes moins fréquentables que les bêtes. Et Victor, j’en étais sûre, trouvait d’innombrables excuses aux bêtes : ce sont des hommes qui se sentent seuls. Qui ont des besoins. Qui décompressent. Qui se déniaisent. Ce sont des séducteurs. Mais sans doute Victor faisait-il preuve à l’égard des putes d’une moindre indulgence : Elles ne se respectent pas. Elles sont indignes. Elles sont vulgaires. Elles sont malades. Ce sont des femmes à problèmes. Il faut les exclure. Elles ne valent rien.
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Video de Aure Hajar (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aure Hajar
Sentir mon corps brûler - Éditions Eyrolles Présentation du roman par l'autrice Aure Hajar
Résumé : Quand Lila emménage à Paris pour y étudier le droit, tout lui semble à portée de main. Pourtant, à la faculté, la réalité des rapports sociaux la rattrape. Ses camarades des beaux quartiers respirent l'assurance et la sécurité, elle enchaîne les petits boulots pour payer son loyer. Une situation qui la rend invisible. Alors, protégée par un pseudonyme, Lila commence à se prostituer sur Internet. Elle fixe le prix, rencontre des hommes choisis, aidée par ses consoeurs de la « putosphère ». D'abord enivrée de sa puissance, la jeune femme perd peu à peu le contrôle sur ce corps dangereusement étranger.
Disponible en librairie.
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