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Critique de Missmarguerite


C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai vu arriver dans ma boîte aux lettres ce roman, reçu dans le cadre de Masse Critique, grâce à Babelio et aux Éditions Albin Michel, que je remercie chaleureusement. Parmi la liste des ouvrages proposés, celui-ci m'avait attirée à la fois par son résumé, par sa photo de couverture et par le fait que je ne connaissais absolument pas l'auteur, Michèle Halberstadt. Une belle occasion de la découvrir, donc.

Un soir, la narratrice, française, apprend que sa meilleure amie Molly, qui vit à New York, est dans le coma suite à une rupture d'anévrisme. Elle décide de lui écrire, de lui raconter leur amitié, son désarroi face à ce coma, un peu de sa vie quotidienne, de son travail, de sa famille. le tout dans des chapitres courts, alternance de pensées sur l'amitié donc, d'événements passés et présents. Cette narratrice dont on ignore le nom, évolue dans le même milieu professionnel que l'auteur, ce qui m'intrigue bien sûr quelque peu et me fait me demander si Michèle Halberstadt a insufflé d'autres choses dans son roman.
Je ressors de cette lecture malheureusement un peu déçue, je dois bien l'avouer.

Certains extraits sonnent très juste : l'angoisse, l'envie de retrouver son amie comme avant, le souhait de la voir se réveiller presque miraculeusement sans envisager les possibles séquelles, dans une sorte de déni qui alterne avec la lucidité pourtant nécessaire. de même que l'énumération des raisons pour lesquelles elles sont amies, avec leurs points communs mais aussi et surtout leurs différences : ce chapitre sonne vrai et très naturel. de même également lorsqu'elle dit qu'on n'est jamais une mère parfaite, ni même la mère -imparfaite- que l'on voudrait être : ces phrases trouvent un écho profond en moi quant au fond, moins quant à la forme; la façon de l'écrire me touche moins que ce que les mots expriment en réalité.

En fait, j'ai ressenti un grand manque d'émotions durant ma lecture, à des moments où, pourtant, elles auraient dû déferler. Je pense par exemple à la découverte du fait que son mari la trompe. Elle aborde alors le froid qui engourdit, le dos qui se courbe comme sous l'effet d'un coup reçu au ventre, la mâchoire qui se serre, la tête que l'on secoue. Oui, mais... j'ai trouvé cela vide, une description clinique, presque vue de l'extérieur si ce n'était le froid qu'elle décrit -pardon, qu'elle signale. Plus tard, bien plus tard, lorsqu'elle annonce à son mari qu'elle est au courant de cette liaison, je reste dubitative devant la scène et les mots employés. D'autre part, face à la maladie et à ses séquelles, les mots des adolescents de Nos étoiles contraires me semblaient plus justes, plus profonds, plus naturels et ô combien plus émouvants.
J'ai trouvé le style parfois haché, pas assez fluide. Ainsi, on peut lire en 2 lignes : "j'enrage de te voir renoncer à ta coquetterie", "tu as l'air de bonne humeur", "je suis enchantée que ma présence t'ait donné envie de sortir de chez toi", sans transition, sans mots liens. On suit sans doute la pensée de la narratrice, mais cette absence de mots liens, de suivi, me gêne, je l'avoue. de même que l'insistance à placer le prénom Molly me semble donner un aspect un peu artificiel, bancal à certaines phrases.

J'ai la nette impression, un peu dérangeante, que ce roman aurait pu me plaire, qu'il aurait dû me plaire, mais qu'il se solde par un rendez-vous manqué. Et j'ai du mal à savoir exactement pourquoi. le rythme? le choix des mots? une impression diffuse de mise à distance? Mise à distance que la narratrice finit par exprimer elle-même, d'ailleurs, lorsque se termine ce récit d'une amitié soumise à l'épreuve de ce qu'il faut bien appeler un deuil. le deuil de la personne qui a été et ne sera plus, de la vie qui ne sera plus ce qu'elle fut, d'une relation qu'il faut se résoudre à voir changer.
A notre décharge ("notre", parce que, si je suis déçue par ce roman, ma responsabilité de lectrice est, je le sens, particulièrement engagée dans cet "échec" relatif), je note que je sortais à peine de la lecture de Deux petits pas sur le sable mouillé, qui était quant à lui gorgé d'émotions. Peut-être le moment était-il alors mal choisi, peut-être aurais-je dû attendre un peu, intercaler une lecture totalement différente avant d'aborder cette Amie américaine qui, je n'en doute pas, recèle un certain potentiel et dont l'écriture plaira certainement à d'autres qu'à moi.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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