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Critique de Marie-Nel


J'ai lu ce livre dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, il fait partie de la sélection de romans du mois de mai. Une nouvelle fois, je me répète à chaque fois, ce prix me permet de faire des découvertes et des lectures que je n'aurais sans doute pas fait en temps ordinaire. Franchement, je ne sais pas si je serai allée vers ce livre, tout simplement à cause du titre qui n'engage pas à des moments de lecture réjouissants. le deuil est une période de la vie tellement terrible et triste que je n'ai pas envie de lire de livres sur ce sujet. Eh bien, je me suis trompée totalement sur ce thème du deuil, très bien traité ici par l'auteur. Cette lecture, qui aurait pu s'avérer très triste, a apporté une belle touche d'espoir et de beaux messages sur la vie.

Je ne vais pas trop parler de l'histoire, le livre est vraiment très court, une centaine de pages environ. Ce serait vraiment dommage de tout vous dévoiler et de vous gâcher votre découverte. Surtout que le résumé dit juste ce qu'il faut, il n'en dévoile pas trop, ce qui est plutôt rare pour de courts romans.
Tout va donc tourner autour d'un fait raconté au narrateur pendant son enfance. le frère de son père, son oncle donc, serait mort noyé à l'âge de cinq ans au Guatemala, le pays d'origine de l'auteur. Une fois adulte, il va vouloir partir sur la trace de cet oncle, il vit aux États-Unis, mais va repartir au Guatemala pour retrouver des personnes qui auraient vécu à ce moment là et surtout trouver des réponses, car on en parle peu dans sa famille. En faisant ces recherches, il va tomber sur d'autres faits familiaux tout aussi importants. Eduardo Halfon est d'origine juive, sa famille a dû ainsi traverser la seconde guerre mondiale avec la terreur que l'on peut connaître, avec les disparitions que l'on peut se douter. Rajouté à cela, un enfant de cinq ans qui disparaît, dans des circonstances troublantes, le narrateur part au devant de révélations familiales. Son oncle est-il mort noyé ou autrement ? Qui pourra lui dire la vérité ? Son oncle ne serait pas le seul noyé dans ce lac...

Comme je le disais plus haut, le livre est court, mais très intense. Il est construit sans chapitre, il y a des séparations entre les paragraphes qui coupent le texte, mais ça ne dérange pas du tout de ne pas avoir de coupure. Je n'ai pas ressenti de longueurs ou d'ennui à la lecture. Comme c'est une histoire autobiographique, le choix narratif de l'auteur s'est bien évidemment porté vers la première personne du singulier. J'aime beaucoup ce procédé qui permet de rentrer dans la tête du narrateur, de ressentir au plus près chaque émotion, de vivre au plus près de lui le temps de quelques pages. La lecture s'est donc fait d'une traite, je n'ai pas voulu arrêter et quelques heures m'ont suffi pour tout lire. Je ne pense pas qu'il aurait fallu faire plus détaillé, cela aurait entrainé trop de longueurs. Par contre, j'aurais aimé que la fin soit un peu plus détaillée ou moins abrupte. Quoiqu'on ait les réponses aux questions que le se pose le narrateur.

L'auteur parle avec beaucoup de poésie de tous ces événements passés. Il teinte parfois son récit d'une pointe d'humour qui fait du bien et allège la lecture. Mon attachement à ce personnage s'est fait tout de même avec une certaine distance. Comme si le texte avait été écrit à la troisième personne du singulier. Je n'ai pas réussi à ressentir une intimité avec lui comme cela le fait d'ordinaire avec l'emploi du « je ». Il y a également des retours dans le passé qui ne sont pas précisés, étant donné qu'il n'y a pas de chapitre. Ce qui m'a parfois un peu perdu dans ma lecture, il fallait que je revienne en arrière pour comprendre que le narrateur parlait du passé. Ces retours peuvent parfois être à des moments totalement différents, c'est surtout à cause de ça que je me suis retrouvée un peu perdue.

Mais derrière ce style concis se cache une réelle profondeur dans le texte. L'auteur parle de sujets qui touchent, qui remuent, qui rappellent en nous des souvenirs sur nos propres vies. Nous n'avons pas tous été touchés par les horreurs de la guerre, mais nous connaissons tous le deuil, la perte d'un être cher et tout ce que cela entraine dans nos vies. le titre parle de deuils au pluriel, et en effet, dans le livre, l'auteur ne nous parle pas seulement de la mort de son oncle, mais d'autres qui ont eu une incidence dans sa vie actuelle.

Je ressors mitigée de cette lecture, j'ai aimé et en même temps, j'ai l'impression d'avoir gardé une certaine distance avec le narrateur et avec l'histoire en elle-même. Je ne sais pas à quoi c'est dû, je n'ai pas d'explications à cela. C'est un bon livre, le style est très bon, on sent la richesse de l'écrivain dans ses mots, dans son phrasé, c'est très poétique tout en restant accessible à n'importe quel lecteur. L'histoire pousse à la réflexion et entraine son lot de souvenirs personnels avec elle. Et malgré tout cela, il m'a manqué quelque chose pour que ce roman prenne plus d'importance dans mon coeur. J'ai la sensation d'être passée à côté de certains faits...

Ce roman restera tout de même une très bonne découverte d'un auteur encore inconnu, et que j'ai apprécié, ce qui est l'essentiel. Il m'a donné envie de lire d'autres romans de lui, de retrouver son style et voir ce qu'il a écrit d'autres. Pour moi, il est très difficile de juger un auteur au premier roman que je lis de lui, il m'en faut plusieurs pour que je puisse me faire une idée construite sur lui, savoir si j'ai envie de continuer à le suivre ou pas. J'ai vu dans sa biographie qu'il avait écrit une dizaine de romans, dont un qui a reçu un prix, je pense donc que je me le procurerai afin de continuer à me faire une opinion.

En tout cas, ce qui est bien avec ce prix des lecteurs, c'est qu'il permet d'ouvrir l'horizon de nos lectures et de nos connaissances. Il permet de faire de belles découvertes et d'élargir notre bibliothèque de romans que l'on n'aurait sans doute pas lus.
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