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3,42

sur 71 notes
Rapide roman (ou récit), aux contours évanescents d'une mémoire à revisiter pour construire son identité familiale, où l'on est embarqué dans une prose délicate et douce, à la recherche de la vérité sur cet oncle Salomon que l'auteur a longtemps cru noyé au fond du lac Amatitlàn dès l'âge de cinq ans. C'est poétique et méticuleux, le passé chaotique de la famille nous fait voyager de Pologne au Guatemala en passant par les Etats-Unis, la France et j'en oublie. Le puzzle se dessine au fil de chapitres courts, mêlant les époques, les souvenirs et l'enquête en cours.
Ça m'a beaucoup plu. J'ai d'abord cru flotter au dessus de cette histoire en l'effleurant à peine (peut-être que les vapeurs de fête m'y ont aidé) et puis peu à peu je m'y suis immergé, pour finir complètement envoûté.
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Vu de France, l'Amérique centrale est une entité territoriale qui a du mal à exister et combien de fois peut-on lire à tort que le Mexique, le Nicaragua ou le Honduras sont des pays d'Amérique du Sud. La littérature de ces pays est vivante mais ne nous parvient qu'épisodiquement, il faut donc savourer les quelques auteurs qui ont la chance d'être traduits régulièrement. C'est le cas du guatémaltèque Eduardo Halfon, dont les courts romans sont publiés dans l'élégante maison Quai Voltaire. Deuils, le plus récent, est écrit sous le mode de l'autofiction, genre un peu trop répandu surtout quand il s'apparente au narcissisme, défaut qui ne semble pas affliger Halfon. A travers le fantôme du frère aîné de son père, mort avant d'atteindre l'âge adulte, l'auteur entreprend une sorte de quête identitaire et nostalgique qui nous transporte dans l'histoire d'une famille juive guatémaltèque, en passant par la Pologne et les Etats-Unis. Comment est mort cet oncle que tout le monde a oublié ? le mystère s'épaissit à mesure que Halfon convoque ses souvenirs et enquête sur différents lieux, égrenant les rencontres dans une prose chamarrée où l'humour et la poésie sont le contrepoint de la douleur. Un livre dont l'apparente simplicité dissimule une belle profondeur dessinée par la mémoire et le langage.
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Depuis quelques années, des avis enthousiastes m'avaient fait noter le nom d'Eduardo Halfon, et voilà enfin que je me lance, avec un tout petit livre qui sera sans doute suivi d'autres. L'auteur y revient avec urgence et intensité sur un souvenir qui a marqué son enfance : on lui a (ou on lui aurait) raconté que Salomon, un des frères de son père, s'était noyé dans le lac Amatitlàn, tout proche de la maison de ses grands-parents. Eduardo Halfon retourne sur les bords de ce lac, interroge des riverains pour essayer d'en savoir plus sur cet accident dont on ne parlait pas dans sa famille. Il va faire alors des découvertes surprenantes.

Dès le début, j'ai été séduite, et n'ai pas ressenti le besoin de noter des citations, ou alors j'aurais été obligée de noter plusieurs citations dans chaque paragraphe, tellement tout me parlait. Dans la veine de l'introspection intime et familiale, Eduardo Halfon fait très fort avec une belle économie de mots, assortie de détails qui sonnent toujours très justes. À chaque chapitre, une histoire peut en cacher une autre, et c'est passionnant. L'écriture sobre n'empêche pas le lecteur de s'identifier parfois, de compatir souvent, de s'amuser à certains moments de ces confrontations entre les souvenirs d'enfance et les ressentis d'adulte. À noter le beau travail de traduction qui se fait tout discret au service du texte.
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L'auteur nous livre dans ce roman une partie de son intimité, de son histoire familiale. Nous le suivons dans sa quête de vérité sur la mort de son oncle Salómon quand il avait cinq ans.

À travers son parcours, nous découvrons les épreuves traversées par les membres de sa famille, notamment ses grands-parents, de la Pologne à la France, aux Etas-Unis et au Guatemala. Sa famille a vécu beaucoup de deuils (d'où le titre), notamment pendant la seconde guerre mondiale, même s'ils en parlent très peu à l'auteur. Sa famille est très originale puisqu'elle a des origines polonaises, libanaises, et ils parlent hébreu, arabe, français, espagnol et anglais.

La plume est belle, intimiste et intéressante. Je me suis laissée porter par ce court récit et cela m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres d'Eduardo Halfon.
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Un court roman, d'une traite sans chapitre sur le deuil d'un enfant que tout le monde a oublié. le narrateur part à la recherche de ses souvenirs. Il en est sûr, quand il était petit, on lui a raconté que le frère aîné de son père était mort noyé à 5 ans. Mais il semble seul à se souvenir de cet évènement. Il part donc à la recherche de ce souvenir plus que de l'enfant mort.
Sur son chemin, il rencontre d'autres histoires d'enfants noyés.
C'est assez bien écrit, pas très triste car le récit fait penser à un conte.
Je ne suis pas sûre d'avoir compris le propos de l'auteur. Je n'ai pas passé un mauvais moment mais au final il n'y a pas eu beaucoup d'intérêt à cette lecture.
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J'ai beaucoup aimé ce tout petit roman, presque une nouvelle. C'est une enquête du narrateur (qui est l'auteur du roman d'ailleurs) sur sa propre famille et notamment sur le décès un peu mystérieux de son oncle qui avait alors seulement 5 ans.

C'est court, une centaine de pages, et l'écriture est tellement agréable que l'on est avide d'avoir plus de détails sur les protagonistes. Pour autant, ce petit format ne m'a pas dérangé plus que ça, car cet auteur a la capacité de transmettre énormément en peu de mots. Pas de superflu ici mais les émotions sont bien présentes , c'est plutôt rare cette concision.

Les questionnements de cet homme sur un évènement au sein de sa famille, cette quête à la recherche de la vérité, les rencontres avec ces personnages attachants et atypiques, c'est très prenant, j'ai vraiment été happé par cette lecture et je suis immédiatement entré dans l'histoire (et heureusement vu la petite taille mais c'est aussi ça le talent de cet auteur).

En tout cas ce roman m'a touché, un vrai plaisir de lecture, de réelles qualités littéraires. N'hésitez pas à plonger dedans, la lecture est courte mais elle reste longtemps dans la tête du lecteur.
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Deuils est un curieux récit, plutôt succinct (environ 130 pages), entremêlant secrets de famille et souvenirs d'enfance au Guatemala.

Le récit à la première personne est caractérisé par une ambiance sombre et oppressante, où les non-dits familiaux n'en sont que plus criants, allant jusqu'à devenir l'intrigue principale du roman : qu'est devenu le jeune Salomon, oncle décédé du narrateur ?
Le silence obstiné des adultes laisse alors libre cours à l'imagination des enfants, qui finissent, en grandissant, par ne plus être capable de distinguer le vrai du faux, le vécu de l'imaginé.

C'est pour rétablir la vérité que le narrateur, désormais établi aux États-Unis, revient sur les rives du lac Amatitlan, convoquant au passage l'histoire familiale de juifs d'origines polonaise et libanaise émigrés en Amérique du Sud après avoir subi les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

Un récit court mais dense et sinueux, pas toujours aisé à suivre ; la chute n'amenuise pas cette ambiance étouffante, et m'a laissé une impression désagréable : j'ai été bien contente de m'extirper des rets de cette lecture, qui n'en soulève pas moins des sujets intéressants sur l'identité et le rapport d'une personne à son histoire, ou plutôt à une histoire que l'on n'a pas vécue, ou vécue par substitution, via ses parents ou ses grands-parents, qui refusent obstinément d'en parler.
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Une lecture rapide qui ne restera pas un grand souvenir.

Nous partons, avec l'auteur à la recherche d'une vérité sur la mort de Salomon, le frère de son père.
Pour l'auteur, Salomon est mort à l'âge de 5 ans, noyé dans le lac d'Amatilàn, au Guatemala d'où il est originaire.

De nombreux flash-back mêlés aux instants présents alternent le récit, façon patchwork. Je dis patchwork car j'ai été déroutée par ces allers-retours entre présent et passé qui ne m'ont pas permis d'assembler les pièces d'un puzzle de manière logique. Au contraire, les pièces ont été posées l'une à côté de l'autre, pêle-mêle.
Certes, son histoire familiale n'est pas des plus simples mais la construction du récit, vous l'aurez compris, ne m'a pas séduite.

Et que dire de la manière dont il découvre la vérité, à l'aide d'une chamane. Sans parler des différents récits des autres enfants disparus. S'il y a un intérêt et une intention, je suis passée totalement à côté.
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Difficile de cataloguer et de résumer cette courte autofiction.
Un récit à la première personne dans lequel l'auteur explore les mécanismes de construction de l'identité, en particulier ceux qui sont à l'origine des relations fraternelles.
Halfon enquête et confronte les souvenirs brouillés qu'il a de son enfance avec la réalité.
Une histoire dans laquelle les détails sans importance s'accumulent pour définir les contours d'une trame centrale au développement minimal.
De la simplicité, beaucoup de sensibilité.
On lit ça en à peine deux heures - et on s'aperçoit que quelque chose de profond a pénétré sans savoir ce que c'est. Je me dis que parfois il n'est pas utile de comprendre ce que l'on a lu pour avoir aimé.

Traduit par David Fauquemberg
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Traduit par David Fauquemberg

Je vous emmène en voyage, en compagnie d'Eduardo Halfon, écrivain né au Guatemala en 1971. Il est un auteur tout à faire connu en Amérique du Sud où il a été nommé parmi les quarante meilleurs jeunes écrivains latino-américains au Hay Festival de Bogotá. Il a déjà été publié plusieurs fois en France, mais j'avoue que je ne le connaissais même pas de nom. Une belle occasion de découvrir une littérature d'ailleurs, une fois de plus !

Deuils est le récit d'une quête familiale et d'une recherche de vérité :
"Il s'appelait Salomón. Il est mort à l'âge de cinq ans, noyé dans le lac d'Amatitlán. C'est ce qu'on me racontait, enfant, au Guatemala. Que le frère aîné de mon père, le premier-né de mes grands-parents, celui qui aurait dû être mon oncle Salomón, était mort noyé dans le lac d'Amatitlán, accidentellement, quand il avait mon âge, et qu'on n'avait jamais retrouvé son corps."

Le narrateur cherche à percer le mystère de cet oncle qu'il n'a pas connu. C'est un fantôme qui hante le récit d'une présence évanescente, poétique et presque mystique. Dans sa quête, le narrateur entraîne le lecteur à travers plusieurs pays : le Gualemala, mais aussi les Etats-Unis, l'Allemagne, la Pologne...

"Je savais que mon grand-père avait quitté Beyrouth en 1919, à l'âge de seize ans, avec sa mère et ses frères, par les airs. Je savais qu'il avait d'abord volé jusqu'en Corse, où sa mère était morte et où on l'avait enterrée ; puis de là, en France, où tous les frères avaient ensuite appareillé depuis Le Havre à bord d'un vapeur baptisé SS Espagne, à destination de l'Amérique ; New York, où un fonctionnaire de l'immigration tire-au-flanc, ou peut-être fantasque, avait décidé de couper en deux notre nom de famille, et où mon grand-père avait travaillé pendant plusieurs années, à Brooklyn, dans une usine de bicyclettes ; Haïti, où vivait l'un de ses cousins ; le Pérou, où vivait un autre de ses cousins ; et le Mexique, où un autre cousin encore était le fournisseur en armes de Pancho Villa. Je savais qu'à son arrivée au Guatemala il avait survolé les arcades du Portal del Comercio - à une époque où un tramway tiré par des chevaux ou des mules passait encore devant le Portal del Comercio - avant d'y ouvrir un magasin de tissus d'importation(...)."

Deuils, c'est aussi l'histoire d'un exil familial et de tabous, transgressés malgré tout.

"Mon grand-père ne retourna jamais dans sa ville natale. Il ne voulut jamais y retourner. Et il refusa toujours qu'un membre de la famille s'y rende. Il ne faut pas aller en Pologne, disait-il. Les Polonais, disait-il, nous ont trahis. Je voyageais donc en Pologne, contre sa volonté (...)."

"Le petit frère de mon grand-père, pouvait-on lire sur ce document, alors âgé d'à peine vingt ans, était mort de faim", dans le ghetto de Lödz, le 14 juin 1944.

Ecrire pour savoir qui on est. C'est finalement ce que l'on ressent à cette lecture. Des choses tragiques mais écrites avec force et beauté.
De la joie aussi, et de l'humour.
On croise une foule de personnages hauts en couleur.

"Une dame courtaude et grassouillette regardait la télévision derrière le comptoir. Elle l'éteignit brusquement et se leva.
Bonjour, me dit-elle dans un demi-sourire pleine de tristesse et d'or. (...)
Je remarquai sur le pin brut du comptoir une assiette de plastique rouge contenant ce qui ressemblait à des cacahouètes grillées, mais en plus rond et plus sombre, un peu comme des grains de café brûlés, et je demandai à la dame ce que c'était. Des fourmis, répondit-elle, nos fameux zompos de Mayo. Bien grillées, ajouta-t-elle, avec du sel et du citron."
Mmmmh ! Miam miam ! :) Je vous laisse découvrir seul la fin de ce passage qui vaut le détour !

Eduardo Halfon vous berce, dans ce roman court, de sa plume poétique et concise. Ses mots vous enveloppent d'un voile de douceur, pour vous conter une histoire tantôt violente, tantôt magique, entre rêve et réalité.

Je classe ce livre parmi mes coups de coeur 2018 !


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