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Critique de Xapur


Normalement, la mention de tentacules ou de Lovecraft me fait plutôt fuir que donner envie de lire ce qui l'accompagne. HPL est tellement galvaudé en ce moment qu'il ne se passe pas une semaine sans qu'un tombereau de bouquins ne le mentionne, ce qui, au lieu de lui rendre hommage et d'attiser mon attention, me fait plutôt pester contre l'exploitation mercantile de l'auteur et la fainéantise des auteurs qui s'en réclament à tour de tentacule au lieu de le faire de façon plus subtile et de créer leur propre style (ils devraient suivre l'exemple de l'excellent Anders Fager).

Bref, Une Cosmologie de monstres coche toutes ces cases, et même plus puisqu'on y lit même des extraits de textes de Lovecraft et que les titres des parties du bouquin reprennent des noms de récits de HPL ! Pour autant, et malgré la couverture explicite, c'est plutôt vers le signataire de l'imposant et très voyant blurb, Stephen King, que le récit m'a semblé lorgner.

On y suit, sur plusieurs dizaines d'années, une petite famille américaine de condition modeste, dont le loisir vire à l'obsession : créer une « maison hantée », d'abord sous forme d'attraction pour Halloween, puis comme travail à plein temps. Mais cette famille est marquée par les drames : mort du père, disparition mystérieuse de la fille aînée, soucis psychologiques de la cadette et ami (plus ou moins imaginaire) du dernier rejeton. Des drames qui s'enchaînent avec une mère tantôt apathique tantôt colérique, et une proximité de la peur et de l'horreur qui s'immisce dans la vie de famille, jusqu'à un glissement trèèèès progressif vers un dénouement surprenant.

Car le roman est plutôt long à se mettre en place. En fait je me suis un peu ennuyé dans la première partie jusqu'à ce que le héros, Noah, soit plus présent (il l'était auparavant sous forme de narrateur distant, mais relatait la plupart du temps des événements datant d'avant sa naissance !). Et j'ai trouvé qu'il faisait plus penser à du King qu'à du Lovecraft. Certes, les mentions récurrentes citent HPL (pas toujours à son avantage, d'ailleurs), certes il y a quelques créatures occultes (mais pas de tentacules), et puis on commence à évoquer une Cité… mais pour autant, c'est bien la famille Turner qui est au centre du récit avec ses soucis du quotidien, les drames qui la marquent et ses membres, attachants, au parcours chaotique.

Et ne croyez pas que l'on verse dans l'horreur absolue ou le gore, c'est un peu sanglant par moments mais on est bien loin des (chairs à) canons du genre. Ce que j'ai surtout trouvé un peu décevant, ce sont les monstres, justement, pas vraiment effrayants, « indicibles » ou coûtant des points de santé mentale, contrairement à ce qu'on était en droit « d'espérer » vu l'abondance d'évocations lovecraftiennes. Tandis que certaines zones restent finalement floues et frustrantes. La seconde partie, et surtout la toute fin, rattrapent en partie l'ensemble et permettent de relativiser et de redécouvrir sous un autre angle (plus ou moins euclidien) certains éléments. C'est amené de façon plutôt astucieuse et on arrive, enfin, à plusieurs passages « satisfaisants ».

Accompagné de critiques très flatteuses, Une Cosmologie de Monstres s'est révélé pour moi une semi-déception qui cite abondamment Lovecraft, lorgne surtout du côté de King, et manque au final un peu de saveur, de peps, une sorte de Canada Dry au poulpe, quoi. Chez le même éditeur, et dans le même genre, American Elsewhere est nettement plus recommandable…
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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