AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de yanndallex


Voilà une petite BD fort intéressante mais qui malheureusement est passée trop inaperçue.
Cette histoire nous éveille sur la difficulté de changer un régime politique pour une indépendance. En effet c'est en 1991, à la fin de l'ex URSS, que le Kirghizistan déclare son indépendance.
La BD focalise sur l'élection présidentielle de 2005 qui a abouti à la présidence "Bakiev".

Le scénario d'Emmanuel Hamon :

Emmanuel Hamon aime bien aborder les sujets politiques dans ces oeuvres.
Il nous livre ici une tranche de vie d'un pays en pleine reconstruction politique avec toutes ses qualités et ses défauts.
Via les yeux de la jeune et encore naïve héroïne qu'est Mathilde, il nous décrit donc succinctement à la fois les missions de l'OSCE, mais aussi les ressentis populaires, les tréfonds des manipulations politiques et le trafic d'influence.

Ainsi la protagoniste va évoluer rapidement, d'espoirs en désillusions, de futilité à action, et se remettre en question quant à son parcours, ses diplômes, ses objectifs de vie et son utilité.
Elle se rend vite compte que sa présence d'observatrice est quasi-inutile face à la corruption ambiante, que la population n'est pas dupe vis à vis des évènements mais se sent finalement impuissante.
A travers ses épisodes et visites de l'hôpital de la ville, elle en mesure l'ampleur de la gangrène et s'explique ainsi la résignation des Kirghizes.
Emmanuel Hamon nous crie aussi probablement son désespoir de ces situations hélas trop commune encore de nos jours (y compris chez nous), et développe ainsi une évolution psychologique rapide très affectante et touchante de Mathilde au travers ce récit.
Notre héroïne, face à ces constats de pauvre ruralité du pays et des manques de moyens des institutions, brave son interdit d'observatrice pour finalement agir en jouant de ses relations, prenant ainsi un risque énorme pour le Kirghizistan et pour elle.
Elle agit en son âme et conscience croyant bien faire, mais elle finit par s'apercevoir que son manque d'expérience l'a finalement dépassé.
On a peur pour elle...

Le scénariste, également réalisateur et acteur de cinéma, dénonce ainsi habilement les mascarades de ces hommes d'importance, la corruption généralisée et les manipulations de masse tout en y opposant un idéalisme altéré et parfois à la limite de la condescendance, à travers les représentants de l'OSCE.
Ce scénario est donc, selon mon opinion, du grand art dans ce registre.
Tout parait transparent et relativement simple au premier abord, mais s'avère finalement beaucoup plus complexe que prévu.

Le dessin de Damien Vidal :

Damien Vidal nous reviens après ces deux extraordinaires ouvrages avec Laurent Galandon : Lip et le contrepied De Foé.
Cette fois ci c'est donc avec Emmanuel Hamon qu'il fait équipe pour nous raconter une autre tranche de vie mais plutôt politique cette fois ci.

Le dessin réaliste de Damien Vidal est appréciable et fort bien adapté à ce genre de récit. Son trait est fluide, simple et efficace.
Les détails semble sporadique et n'apparaissent que s'ils semblent nécessaires (exemple : décoration d'intérieur parisien, ou architecture particulière par exemple...).
Les arrière-plans sont donc purgés et réduit à leur plus simple appareil. Ils sont brillamment représentatifs de la pauvreté du pays et de la population. A noter tout de même que les vignettes de paysage Kirghize sont magnifiques et font penser à un sublime carnet de voyage, comme Mathilde aurai pu le faire. Les couleurs sont gaies et vivantes mais loin d'être criarde.
J'adore par exemple les couleurs du passage en boite de nuit, c'est un style que ce dessinateur devrait à mon sens, beaucoup plus exploité.
Je regrette tout de même un petit point. Si je devais comparer avec les autres oeuvres de Damien Vidal (le contrepied De Foé par exemple), je trouve que les personnages manquent un peu de relief et de caractère. Les expressions se devinent mais se confondent aussi parfois un peu, à la manière d'un Jiro Taniguchi où les visages paraissent neutres, stoïques et impassibles, la plupart du temps.
Mai cela ne reste que mon opinion...

Les effets sont peu nombreux mais bien placés et apportent du mouvement au dessin (Les effets de poussière et ce léger flou des roues de camion par exemple...)
Au final, j'aime beaucoup le coup de crayon de Damien Vidal

En bref, l'observatrice est au final une oeuvre très engagées dénonçant nombre de malversations encore trop communes de nos jours et plus ou moins visibles. le récit se passe au Kirghizistan, mais notre pays n'est pas en reste non plus avec sa classe politique.

C'est donc bel et bien une oeuvre osée et critique si l'on y réfléchi bien.

Lien : http://www.7bd.fr/2019/06/lo..
Commenter  J’apprécie          200



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}