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Critique de Titine75


Le lieutenant Glahn écrit, deux ans après les faits, ce qu'il lui est arrivé en 1855 dans le Nordland. A l'époque, il est installé dans une hutte, au coeur de la forêt, retiré du monde. Il y vit avec son chien Esope et passe ses journées à la chasse ou à la pêche. “Je vivais dans la forêt, j'étais le fils de la forêt. (…) Certes non, je n'étais pas chasseur uniquement pour tirer, mais pour vivre dans la forêt. Là je me trouvais bien. (…) Dans la forêt je ne m'interdisais rien, je pouvais m'étendre sur le dos et fermer les yeux si je voulais, je pouvais aussi dire ce que je voulais.” Glahn est totalement libre, en harmonie avec la nature et loin des contraintes de la civilisation.

Malheureusement pour lui, son calme ne dure pas et sa paix est rompue par une femme : Edvarda. Glahn est tout de suite séduit par la jeune femme et tente à tout prix de la conquérir. Il quitte plus souvent la forêt, participe à des pique-nique, des bals pour se rapprocher d'Edvarda. Celle-ci semble charmée par le lieutenant et son côté sauvage, elle l'encourage jusqu'à ce que ce dernier soit éperdu d'amour. “S'il m'était donné de l'avoir pour femme je la servirais plus inlassablement qu'aucun autre ne pourrait le faire, et même si elle se montrait indigne de moi, si elle imaginait d'exiger de moi l'impossible, je ferais tout ce que je pourrais et même plus que je ne pourrais et je me réjouirais de ce qu'elle fût mienne.”

Hélas Glahn est tombé dans le piège d'Edvarda qui réduit les hommes à un amour servile pour mieux les rejeter par la suite. Elle ne cesse de souffler le chaud et le froid sur le lieutenant qui finit par ouvrir les yeux sur son aimée. Edvarda se laisse courtiser par deux autres hommes, elle est capricieuse, infantile et changeante. Glahn tente de l'oublier dans les bras d'Eva, une femme simple et amoureuse. Mais l'ombre d'Edvarda continue de planer au-dessus de lui jusqu'au drame.

Knut Hamsun a écrit “Pan” à Paris en 1894 en réaction à l'écrivain à la mode Guy de Maupassant. “Pan” est la réponse du Norvégien au “Notre coeur” du Français. Hamsun trouve le roman De Maupassant superficiel, bâclé et considère donc qu'il faut le réécrire avec plus de gravité.

Pan” est un concentré de passions humaines, un concentré de douleur et de drame. Glahn se perd dans son amour total, puis dans son désespoir. Toute sa personne est réduite à néant par la girouette Edvarda. J'admire la finesse de Knut Hamsun dans le traitement psychologique de ses personnages qui sont tous d'une grande complexité.

Le roman de Hamsun est aussi une ode au Nordland, à la nature. La vie de Glahn est au début paisible, heureuse car encadrée par la nature. Les descriptions de la forêt sont élégiaques et on souhaiterait que le lieutenant Glahn n'en soit jamais sorti. “A cette heure, un éclat féérique revêtait les champs et la forêt, le soleil s'était couché et teignait l'horizon d'une lumière rouge, onctueuse, qui s'étalait comme de l'huile. le ciel était de toutes parts ouvert et pur, je regardais fixement dans cette mer de clarté, et c'était comme si je me trouvais face à face avec le fond du monde et comme si mon coeur s'y sentait chez lui et battait à l'unisson.”
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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