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Critique de mercutio


Je passerai sur ce qui m'apparaît comme un certain nombrilisme de l'écrivain (à moins qu'il ne s'agisse d'un inéluctable et sincère questionnement face aux mots et à leur agencement pour exprimer l'humain- je ne suis pas écrivain) pour focaliser ma réaction sur le deuxième fond de ce récit, le fils face à la mort de la mère.

"L'étranger" d'Albert Camus m'est spontanément revenu en mémoire mais le souvenir en est lointain et donc peut-être transformé.
Le parti d'objectivité pris par Peter Handke pour écrire l'histoire de sa mère le place de fait, par delà la documentation réunie et étudiée ainsi que les souvenirs convoqués de proches, et malgré l'insertion des siens propres, en position d'observateur au point, s'agissant de la période qu'il n'a pu connaître directement, de s'en remettre à une sorte de traité mi historique, mi-sociologique. Au fil du récit, naturellement la personnalité et la spécificité de la mère sont plus précisément restituées sans pourtant que cela donne lieu, sauf rares exceptions, à spéculations au plan de la psychologie. Seuls les faits et observations.

Le ton adopté enracine l'indifférence ressentie envers cette femme et cette mère, tant par le fils étranger que la "société" molochéenne. Une vie parmi tant d'autres. Une mère-fonction, comme tant d'autres.
Le gâchis de cette vie de femme apparaît ainsi en négatif sans que le témoin ait à se croiser pour le révéler. Au-delà de ce cas particulier, fût-elle sa mère, c'est du destin de femmes d'origine modeste empêchées de trouver la place dans la société qui conviendrait mieux à leurs aspirations et capacités et de son absurdité que traite l'auteur, sans épanchement ni dénonciation.
Il semble, terriblement, que le suicide joue cette fois son rôle dans l'allumage de la mèche "parlons-en". Comme si le cri silencieux avait été indispensable pour faire prendre conscience, même au fils, de la question posée muettement par la femme-mère.

En pointillé pourtant émergent, pudiquement, subrepticement, rarement, émotions et sentiments, noyés dans la linéarité du compte-rendu. Présentation d'un archétype, donc mais où l'humain ne parvient pas à complètement disparaître.
"Plus tard j'écrirai sur tout cela en étant plus précis" conclut Handke. Je m'interroge sur ce qui mériterait d'être précisé selon lui.

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