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Critique de Levant


Levant
23 décembre 2021
Véritable ouvrage d'histoire tant la romance est documentée et construite à partir de faits avérés, Les Lys pourpres est une forme de plaidoyer pour une reine souvent critiquée en partie pour son rôle dans le massacre de la Saint-Barthélemy. Il traite de la période où Catherine de Médicis était dauphine du royaume, puisque épouse du futur roi Henri II, puis reine avec l'accession de ce dernier au trône dans la succession de son père François 1er. L'ouvrage s'arrête lors de la disparition d'Henri II, mortellement blessé lors d'un tournoi en 1559. Décédé en dépit des « soins » d'Ambroise Paré dont l'évocation dans cet ouvrage donne quelques frissons dans le dos. Il est vrai que nous sommes devenus délicats en notre temps de refus de la douleur.

Jusqu'à la mort de son royal époux, Catherine de Médicis n'a pu jouer qu'un rôle de figurante dans la vie de la cour, reléguée qu'elle fut dans les pensées de celui-ci qui lui préférait Diane de Poitiers, pourtant de vingt ans son aînée. C'est cette période de la vie de Catherine de Médicis que Karin Hann a choisi d'évoquer dans ce roman très bien mené à mon goût, citant en bas de page ou en annexe toutes les références historiques. 23 ans à avaler des couleuvres pour cette femme intelligente et fort cultivée avec ce mari qui la négligeait, voire la rabaissait y compris publiquement, au profit de celle qui le consola de sa captivité en otage de Charles Quint. Karin Hann met en exergue la sincérité de ses sentiments non seulement à l'égard de son époux ingrat mais aussi de son pays d'accueil.

Karin Hann s'est attachée à démontrer le pouvoir qu'était celui des favorites, Anne de Pisseleu auprès de François 1er puis Diane de Poitiers auprès Henri II, sur leur souverain, le poids de leur influence politique et l'âpreté à préserver leur position au bénéfice de leur enrichissement personnel comme il se doit. Il faut dire que leur temps de grâce ne durait que ce que durait leur royal amant. La relégation était parfois brutale et sévère pour qui avait goûté aux ors des palais. Mais il ne nous viendra quand même pas à l'idée de plaindre ces courtisanes lors de leur « veuvage » tant leurs faveurs étaient commandées par l'intérêt au détriment la sincérité des sentiments.

L'héroïne de cet ouvrage reste cette reine effacée aux yeux de son époux, condamnée qu'elle était à pourvoir le royaume en héritiers et successeurs de leur père. Après une longue période d'infertilité elle eut dix enfants dont trois succédèrent à leur père sur le trône, les voyant disparaître tour à tour, et deux reines, une d'Espagne épousant Philippe II le fils de Charles Quint et l'autre en tant qu'épouse d'Henri IV, la reine Margot. Ce qui valut à Catherine de Médicis, après la mort de son époux de gouverner le pays en arrière-main, main de fer dans un gant de velours, tant elle était intelligente et au sens politique développé, et ce pendant trente ans en régence de rois juvéniles ou faibles de caractère.

Bel ouvrage qui se lit comme un roman puisqu'il en est un, avec lequel on perçoit sans ambages le parti pris de Karin Hann de rendre figure humaine à une reine dont on a trop retenu l'austérité au détriment de ses qualités d'épouse, de mère, de femme tout simplement. L'autrice rejoint le camp de ceux qui voient en cette reine une personne de compromis et non celle soufflant sur les braises qui couvaient entre catholiques et protestants. Ouvrage agréable à lire et propre à réconcilier ceux que l'histoire rebute pour son langage pompeux ou abscons et s'effraieraient de devoir maîtriser les arbres généalogiques des familles royales pour appréhender le contexte. Il se lit très bien par tout-un-chacun sans être féru d'histoire. Il paraît que cela existe.
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