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Critique de DragonLyre


Avril 1995, aux États-Unis. Une vieille dame est sur le point de partir en maison de retraite et monte au grenier récupérer une malle. En son sein, des papiers d'identité au nom d'une certaine « Juliette Gervaise ». Ses souvenirs vont alors la propulser avec le lecteur en France en août 1939.

Vianne Mauriac, institutrice, vit dans une belle demeure familiale à Carriveau, petit village de la Loire, auprès de son mari Antoine et de leur fille Sophie. Sa voisine Rachel est sa meilleure amie depuis toujours et malgré un passé compliqué, elle a toujours su faire face et avancer. Elle est calme, réfléchie et responsable. Malheureusement, la guerre est arrivée aux portes de la France et Antoine est appelé à combattre, laissant Vianne seule pour la première fois. Vianne est d'autant plus effrayée que Julien, son propre père, n'a jamais plus été le même après avoir combattu les allemands lors de la Première Guerre Mondiale. Qu'en sera-t-il d'Antoine ?

Vianne a une jeune soeur, Isabelle, qui semble être tout son contraire. C'est une jeune fille de dix-huit ans rebelle, têtue et volage. Elle ne se souvient plus de son père « d'avant », elle était alors trop jeune pour ça, mais elle garde en mémoire le décès de sa mère, les multiples abandons de Julien et ses rapports conflictuels avec Vianne. Elle est très demandeuse en termes d'affection et de mots réconfortants, mais ne les obtient jamais. Renvoyée d'une énième pension, elle remonte à Paris vivre chez Julien, prête à se faire passer un savon. le même jour, l'armée allemande marche sur la capitale et ses habitants fuient dans la débâcle.

Nous allons revivre l'Histoire dans ce qu'elle a de plus sombre à travers les yeux de ces deux soeurs. La première va tout faire pour temporiser la situation, rassurer et protéger sa fille, quitte à courber l'échine quand un officier allemand vient cantonner chez elle. La seconde se révolte dès les premiers instants et n'a plus qu'une chose en tête : jouer un rôle dans la résistance face à l'ennemi, envers et contre tout. Mais les deux soeurs auront bien des souffrances en commun : le manque de nourriture, les files interminables, les tensions croissantes, les perquisitions, les arrestations sur des dénonciations parfois erronées, les exécutions arbitraires, les rigueurs du climat et l'espoir qui s'amenuise aussi rapidement que les provisions dans les garde-mangers…

Je comprenais la position de Vianne sans approuver sa façon de traiter Isabelle. Je la trouvais très dure, voire même insensible aux ressentis de sa soeur. Cette dernière commet des erreurs et bien entendu, cela met parfois ses proches en danger dans une France occupée, mais elle fait preuve d'un courage incroyable, surtout pour son âge, et d'une détermination sans faille. Vianne se retrouve progressivement confrontée aux mêmes dilemmes qu'Isabelle, et bien que souvent séparées, elle commence à mieux la cerner. Et chaque fois qu'un chapitre nous ramène en 1995, on cherche les indices à la loupe pour parvenir à démasquer la narratrice. S'agit-il de Vianne ou d'Isabelle ? S'il s'agit de l'une, qu'est-il arrivé à l'autre ?

Au fil des pages, l'ambiance se fait de plus en plus sombre et désespérée, on guette le calendrier à chaque nouveau chapitre qui débute comme pour implorer l'auteure de mettre un terme à toutes ces douleurs et ces injustices… mais le temps s'écoule au ralenti et la guerre continue. Ce roman m'a complètement chamboulée. Au-delà même de ce que j'avais ressenti avec « Nos étoiles contraires ». Quand est arrivé le temps du dénouement, les larmes ont coulé pendant des chapitres au point de gêner la lecture. La boule dans la gorge, j'ai poursuivi et redouté le pire tout en continuant d'espérer.

Kristin Hannah nous démontre ses talents d'écrivain à travers l'histoire de ces deux soeurs que tout opposait et qui vont petit à petit se retrouver dans l'adversité. Si l'on met quelques secondes de côté le contexte, « le Chant du Rossignol » est une formidable ode à la vie, à l'amour et à la famille. Il dévoile au grand jour le rôle souvent méconnu des femmes dans la Seconde Guerre Mondiale. Parmi nous, il y a de potentiels collaborateurs, des idéalistes, des survivants qui se taisent pour préserver le peu qu'ils possèdent encore. Il est impossible de savoir qui endossera tel ou tel rôle avant d'être directement confrontés à un drame de cette ampleur. J'espère de tout mon coeur ne jamais connaître ça mais si par malheur, cela devait arriver, je prie d'avoir la force de ces deux soeurs. Car même si elles ne l'ont pas exprimé de la même manière, leur courage reste incontestable.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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