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Critique de Pippolin


Ce livre est une oeuvre de réhabilitation. La réhabilitation d'un homme qui a accepté son destin. Mieux : qui l'a affronté, tête haute, sans jamais chercher à le fuir. Cet homme, c'est le "lâche Robert Ford", celui de la chanson, celui qui a abattu Jesse James d'une balle dans le dos et dont le nom ne méritait, disait-on, que d'être oublié.

Pour parvenir à ses fins — cette réhabilitation — Ron Hansen nous livre un compte-rendu minutieux des faits et des gestes de Bob Ford, de sa rencontre avec Jesse James à sa mort, violente comme il se doit, et nous décrit son milieu, son entourage. Ron Hansen nous emmène dans les états du Missouri et du Kansas, au lendemain d'une guerre de Sécession qui a laissé son empreinte cruelle sur toute une génération, puis termine par le Colorado à la période de la ruée vers l'or, dans ces villes champignons vite abandonnées, où la misère et l'alcoolisme répondaient le plus souvent aux rêves de grandeur.

Avec rigueur, Ron Hansen nous décrit tous les protagonistes de la fin de la vie de Jesse James et de celle de Bob Ford. Les hautes et sinistres figures de Franck James et de Cole Younger apparaissent au milieu des Billy The Kid, Pat Garret et William Quantrill… Mais pas uniquement elles. du machiniste qui pilote son train à la prostituée qui épouse les projets de Bob Ford en passant par le desperado contrefait, le clochard affabulateur et le politicien opportuniste, tous ont leur nom cité comme dans les minutes d'un procès. Et cela n'est pas neutre. Cela produit une résonance singulière, car celui qui se fait abattre dans l'exercice de ses fonctions possède, de ce fait, un nom, une personnalité, une destinée que brise la violence d'un homme.

Ron Hansen ne juge pas. du moins pas ouvertement. Il consigne les faits avec un style parfois désuet, un vocabulaire suranné, mais qui ne choque pas, bien au contraire, puisqu'il nous immerge dans ce XIXe siècle où la sauvagerie extrême se mêle à une bigoterie qui prête à sourire. Les plus beaux passages du livre sont ceux où, tel un chroniqueur médiéval attaché à relater la vie de son roi, Ron Hansen brosse, sur la longueur de deux pages au rythme incantatoire, le portrait de Jesse James puis plus loin, bien plus loin, de son bourreau, à l'aide d'images puisées dans les exploits accomplis par ses héros ou dans leurs manies. Les personnages alors s'animent devant nous, à la fois humains et légendaires. Inoubliables.

À la fin du livre, un clin d'oeil, les Dalton surgissent au détour d'une phrase. Une invitation à prolonger cette descente dans le Farwest, avec le second livre de Ron Hansen : le Sang des Dalton.
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