Pour le meilleur et le moins pire

Je sais que cela fait un moment que Caroline n’est pas satisfaite. Je suis conscient que cette thérapie représente beaucoup pour elle, mais l’entendre dire ces mots devant des étrangers me bouleverse profondément. Je me sens humilié.
J’ai fait de mon mieux et j’ai travaillé dur chaque jour pour faire en sorte qu’elle ait tout ce dont elle avait besoin, surtout depuis son arrêt professionnel.

Cacher la vérité est devenu de plus en plus lourd à porter. Pour lui, arrêter d’écrire était comme bloquer le flot d’oxygène à un plongeur qui se trouve à trente mètres sous la surface de la mer. Contrôler sa colère et le déchirement causés par cette situation lui demandait beaucoup d’énergie.

Je sais que mon homme n’aime pas parler de lui, surtout à des étrangers. Mon conjoint me jette donc un regard sombre et commence par se présenter.

Ce docteur, s’il l’était vraiment, utilise une stratégie de contrôle par la peur et les menaces ; il nous tient en haleine sans dévoiler toutes ses cartes. Il me paraît plutôt jeune pour avoir l’expérience dont il se gargarise. Et puis… pourquoi cette demeure impose-t-elle cette liste de règles qui la fait ressembler à une prison ?

Des couples qui se déchirent et qui sortent d’ici l’âme en paix et prêts pour une nouvelle vie, ça l’a charmé. Il m’a donc offert de l’utiliser comme bon me semble à condition que je respecte les dates de ses visites au Québec.

Beaucoup de gens baissent les bras trop vite et refusent de faire des efforts pour sauver leur couple. C’est toujours émouvant de rencontrer des personnes qui semblent se soucier du succès de leur mariage.

J’examine Émilie du regard et calcule mentalement les années qui nous séparent. Le nombre d’années estimé est déprimant. Elle pourrait sûrement être ma fille. Je n’ose pas jeter un coup d’œil à mon mari pour voir quelle partie du corps de la jeune femme il scrute, ou plutôt, qu’il essaie de ne pas scruter. Mais comment puis-je le blâmer ? C’est un homme, après tout.

Elle esquisse un sourire radieux qui pourrait éclairer la moitié d’un quartier. Elle a des cheveux noir de jais attachés en queue de cheval, accentuant ses pommettes saillantes. Sa peau est d’un blanc presque maladif et ses dents blanches dépassent de ses lèvres marquées d’un rouge pourpre.

Elle est svelte et diablement attirante. Je me demande ce qu’elle fait dans ce trou perdu. Le timbre de sa voix contraste avec son allure ; une voix caverneuse résultant peut-être d’un excès de cigarettes et de café. Elle nous fait signe de la rejoindre.

Je pense que l’homme n’a pas menti quand il a dit que les investisseurs avaient dépensé des sommes colossales pour la construction du domaine. Le bâtiment, habillé par des lumières extérieures aux couleurs chaudes, semble sortir d’un conte de fées où le rouge et l’orange se mariaient agréablement sur un fond de nuages obscurs.