Si c’étaient les hommes qui devaient accoucher, je crois que la population terrestre déclinerait très rapidement. (Elle se tourna vers Ethan, qui avait bien vu que leur petite plaisanterie ne la faisait pas rire.) Quand partons-nous pour Tambora, monsieur Hunter ?
— Il faut voir… Préférez-vous bivouaquer une nuit ou deux ?
Tara se méfia.
— C’est une question piège ?
— Pas du tout. C’est une question pratique.
Quand on vit dans un tel environnement, on se découvre des qualités qu’on ne pensait pas posséder. Si vous tenez suffisamment longtemps, vous comprendrez ce que je veux dire.
À un moment, nous avions une dizaine de petits Aborigènes chez nous. Il les avait plus ou moins adoptés.
— Où sont-ils maintenant ?
— Le gouvernement les enlève à leurs parents pour les faire élever dans des familles blanches.
— Pourquoi diable ? s’étonna Tara.
— Je crois qu’ils veulent faire disparaître la race aborigène. C’est tragique. Au bout du compte, nous avons des milliers de femmes aborigènes traumatisées, et des enfants qui ne connaîtront jamais leur vraie famille. Celles qui ont des bébés se déplacent tout le temps, afin que les autorités ne les attrapent pas. Quand des fonctionnaires débarquent ici, je leur mens.
Elle aurait volontiers vendue son âme au diable pour sentir la pluie sur son visage. Fermant les yeux, elle essaya d’imaginer la sensation des gouttes fraîches et de l’air vif du matin sur ses joues. Peine perdue par cette chaleur étouffante qui lui brûlait la peau.