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Critique de Cigale17


Ouf ! j'ai fini ce pavé de presque 1000 pages imprimées serrées et je me retrouve bien embêtée pour chroniquer cette (trop) longue fresque romanesque qui m'a promenée dans tout le XXe siècle, de Tbilissi à Berlin, en passant par Moscou, Paris, Londres, Vienne et j'en oublie. Niza, la narratrice installée à Berlin, raconte à Brilka, sa nièce de 12 ans qui vient de fuguer de chez elle, l'histoire complexe et dramatique de leur famille. Pour ce faire, elle remonte à son trisaïeul, le fabricant de chocolat dont on ne connaît que le nom de famille (Iachi), artisan devenu prospère avant 1917, l'année de tous les changements en Géorgie, en Russie et, pour simplifier, dans ce qu'on appelle « les pays de l'Est ». Pour la descendance des Iachi, on s'y retrouve assez facilement grâce à l'arbre généalogique présenté sur un des rabats de la couverture. J'ai pourtant dû rapidement en faire un autre, celui des descendants de Sopio, l'amie de Stasia, car les membres de cette « famille » vont être liés de très près aux Iachi, et les liens tissés sont d'une importance capitale pour la compréhension des traumatismes que subissent les personnages de génération en génération. L'histoire des deux familles est indissociable de l'Histoire du XXe siècle. Je ne connaissais à peu près rien de la Géorgie avant de lire ce roman, et Nino Haratischwili donne une foultitude de renseignements parfois passionnants, parfois superflus à mon avis. le roman permet de mesurer l'emprise et le sadisme du « petit grand homme » (Lavrenti Beria ne sera nommé que dans la septième partie), le poids de la dictature locale et celui de la présence du « grand frère » soviétique, les compromissions nécessaires à la simple survie, la déportation, la corruption, les privilèges d'une certaine élite et la peur omniprésente même dans la vie quotidienne.
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« Je vais commencer par Stasia pour arriver à toi, Brilka », dit Niza à sa nièce dans le prologue qui sert d'introduction et qu'il est, je crois, nécessaire de relire à la fin du roman. Cette saga se compose de huit parties titrées du prénom du personnage principal ; sept parties pleines d'histoires et d'Histoire, de rebondissements, de drames et de tragédies, d'amours et de déchirures, celles de Stasia, Christine, Kostia, Kitty, Elen, Daria, Niza, et une huitième suivie d'une page blanche : l'histoire de Brilka reste à écrire. Dans la septième partie, celle où Niza devient le personnage principal, au moment de la naissance de Brilka, cette dernière passe du statut de destinataire à celui de personnage à part entière, et Niza s'en explique dans les pages 851-852. Cet artifice m'a semblé original et les raisons qu'expose la narratrice se révèlent touchantes et pertinentes. Je crois pourtant que ce beau roman aurait gagné à être plus condensé. J'avoue m'être parfois ennuyée çà et là malgré la qualité et la profondeur de l'écriture, surtout pendant la partie dévolue à Elen, peut-être parce que je n'ai pas réussi à éprouver de véritable empathie pour ce personnage difficile, alors que Kostia, malgré son intransigeance, réussit par moment à montrer ses failles. Un beau roman dans l'ensemble qui me poussera à lire le Chat, le Général et la Corneille
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