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Critique de Ogrimoire


Ce livre est un récit de la décomposition. Décomposition de la famille Sanders ; décomposition de plusieurs personnalités ; décomposition d'un tissu social.

On commence tranquillement, mais rapidement une ambiance bizarre s'installe. Kim Sanders, la mère d'Hannah, est obsédée par sa réussite sociale. Elle ne laisse aucune latitude à sa fille – son fils, de quelques années plus jeune, est encore essentiellement concentré sur le football – : elle s'obstine à la voir comme une enfant, et continue à vouloir appliquer sans nuances ses préceptes parentaux. Mais, rapidement, on découvre qu'elle ne laisse pas non plus beaucoup d'espace à son mari, Jeff, vice-président de l'entreprise dans laquelle il travaille, qui se plonge dans l'entraînement – course, vélo, natation – pour retarder le moment de rentrer chez eux. Elle-même a conservé une petite activité professionnelle dans la communication – elle est rédactrice -, occasion pour elle d'un flirt sans grandes conséquences avec le graphiste free-lance qui l'accompagne. Mais tout ce petit monde bien ordonné – trop ? – va littéralement voler en éclats.

Il n'y a pas de mort dans ce livre – ce qui est rare dans un thriller -, mais l'histoire n'en est pas moins très noire. Chaque personnage a ses petits secrets, plus ou moins avouables, qui vont lui sauter au visage. Et on découvre rapidement comment, surtout dans une société très ancrée sur des réseaux de sociabilité comme les États-Unis, un petit secret n'implique jamais uniquement celui qui le porte. Et quand chacun se révèle, quand le vernis d'éducation, de raison, de respectabilité commence à se craqueler, ce sont les côtés les plus noirs de l'âme humaine qui resurgissent.

Ce livre se lit très facilement. En fait, il m'a presque donné l'impression de regarder une série qui serait un mélange entre Desperate housewives et Pretty little liars : les mensonges des parents viennent encore renforcer le côté border-line des adolescents… le personnage de Lauren est particulièrement vénéneux, et, même si on n'a finalement jamais le fin mot de cette personnalité d'une grande perversité – est-elle, comme Jeff le pense confusément, surtout une petite fille malheureuse qui ne parvient pas à trouver sa place ? Ou bien est-elle définitivement une redoutable manipulatrice ?

C'est efficace, et ça fait assez froid dans le dos. Jamais de soirée d'anniversaire d'ado chez moi ! Mais ce que j'ai trouvé le plus réussi, c'est que tous les personnages parviennent à éveiller quelque chose en nous, et évoluent au fur et à mesure des développements de l'histoire. Jeff est parfois lâche, mais parfois attachant ; Kim est psycho-rigide, plutôt agaçante, mais elle reste humaine ; Lisa, la mère de Ronni, est extrême, mais on sent qu'elle est surtout marquée par son propre passé qu'elle n'a pas fini de dépasser ; Hannah se cherche, elle tâtonne, mais elle sait se montrer courageuse.

Et, en toile de fond, on retrouve tous ces personnages secondaires qui incarnent le pire de ce que l'on trouve aujourd'hui sur les réseaux sociaux, en prenant partie sur l'émotion, sans recul ni réflexion, simplement sur des apparences, et, pour la population adolescente, avec la cruauté des enfants… Cette partie de la description est, malheureusement, extrêmement réaliste…
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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