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Critique de vilvirt


J'ai fait une première erreur en pensant que ce récit était destiné à la jeunesse. Et j'ai cru ensuite que j'aurais à faire à une histoire un peu gore, un peu creepy, bien grinçante. En fait, le chant du coucou s'adresse résolument aux adultes que nous sommes, et reprend avec finesse et surtout avec beaucoup d'originalité le bestiaire féerique qui parlera aux amateurs de folklore celtique. Il replace avec brio certains de ces éléments à l'époque moderne, il redessine leurs particularités. Mais surtout, c'est un récit incroyablement riche et dense, avec des détails imprévisibles, un style soigné, une intrigue qui fait preuve d'ingéniosité et nous transporte d'un point à un autre avec énormément d'habilité.

L'histoire se situe peu de temps après la fin de la première guerre mondiale. Un jour, Triss tombe à l'eau, manquant se noyer... Lorsqu'elle revient, elle est différente. Quelque chose s'est produit, mais quoi ? de souvenirs confus en fringales incontrôlables, de changements physiques effrayants en hallucinations perturbantes, Triss croit peu à peu devenir folle. Et si c'était autre chose ? Et si elle n'était pas malade ? Triss va commencer à ressembler ses souvenirs et à chercher les causes de son accident. Elle va alors tout doucement lever le voile sur des choses étranges, des choses qui entourent le monde des vivants, mais demeurent cachées à leurs yeux. Et ce n'est pas la haine de sa petite soeur Pen qui risque de changer quoi que ce soit à sa solitude ou à son sentiment d'inconfort.

Que s'est-il passé au Sinistre ? Qui est l'Architecte ? Que cachent les attentions de M. Grace ? D'où proviennent les mystérieuses lettres qui s'accumulent dans la chambre de son défunt frère ?

Autant de pistes à découvrir, de mystères à révéler, qui sont liés les uns aux autres, chaque élément s'imbriquant à la perfection pour offrir un récit glaçant à l'atmosphère résolument oppressante.

Ce qui m'a frappée, c'est la finesse et l'originalité avec lesquelles le récit de Triss est mené. On passe de l'inquiétude au malaise sans jamais tomber véritablement dans l'horreur absolue, l'auteur préférant suggérer et faire marcher l'imagination du lecteur. Elle effleure au passage des thématiques importantes telles que le deuil, la vie après la guerre, l'émancipation féminine, l'arrivée du jazz dans une société encore très peu libérée...

La force de cette histoire, ce sont ses personnages incroyablement maîtrisés malgré leur jeune âge. J'ai beaucoup apprécié la manière dont la relation des deux soeurs est décrite : ce mélange de haine, de jalousie et de rivalité plus ou moins créé par le comportement extrême des parents. Il y a beaucoup de réalisme dans ces sentiments qui sonnent toujours justes.

L'autre point fort du récit, c'est la bizarrerie omniprésente. Dans la seconde partie du roman, les événements se succèdent sans temps mort et mènent lentement à un dénouement spectaculaire. Je salue au passage le talent de Frances Hardinges qui a choisi d'exploiter les outils de l'époque et d'utiliser les technologies du début du siècle à des fins malfaisantes. J'ai trouvé ça brillant.

C'est une réussite qui remet habilement au goût du jour les légendes anciennes et l'existence du Petit Peuple. Si vous aimez les univers féeriques ténébreux qui se rapportent à la terre, les créatures étranges, les atmosphères pesantes et sombres, les mystères et les récits énigmatiques, vous allez vous régaler.
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