AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de umezzu


Lost Man, troisième roman de l'australienne Jane Harper, mérite toujours aussi peu le qualificatif de roman policier. Certes, il y a un cadavre : celui de Cameron, « Cam », le deuxième d'une fratrie de trois éleveurs de bétail dans l'Outback australien. Certes, la mort de Cam est inexplicable : il connaissait le terrain comme sa poche, circulait dans un véhicule bien entretenu, avec des réserves d'eau suffisantes. Pourtant, il a été retrouvé mort, sans doute d'épuisement face à la chaleur qui règne dans ces parages vers Noël. 40 à 45°, un soleil de plomb, pas d'humidité, et la terre rouge qui colle aux vêtements. Et, surtout, pas un voisin ou un touriste à des dizaines de kilomètres. L'Outback, c'est vide et chaud la plus grande partie de l'année. Cam avait toujours vécu là, il en connaissait les dangers. Et il a pourtant été retrouvé à plus de six kilomètres de sa voiture prés d'une tombe datant du siècle dernier : celle du Stockman, à propos duquel se propagent plusieurs légendes locales.
Son frère Nathan, qui vit seul dans l'exploitation voisine, c'est à dire à plus de trois heures de voiture, tente de comprendre ce qui a pu se passer. Cam était il suicidaire ? Son caractère avait parait-il changé ? Qu'est-ce qui le perturbait ainsi ?
Avec son fils Xander qui l'accompagne pour un des très rares moments qu'ils passent ensemble, vu que l'enfant, devenu un grand ado, vit avec son ex-femme à Brisbane, Nathan rebaigne dans le contexte familial. Sa mère Liz, son deuxième frère Bub, rejeton tardif et peu fiable, et la femme de Cam, Ilse, un ancien amour de jeunesse de Nathan. S'y ajoutent l'employé-régisseur, les deux filles de Ilse, et le couple d'anglais engagé par Cam pour tenir la maison. Un micro-monde, isolé de tout.

Comme l'explique l'auteure, ces exploitations agricoles de l'Outback couvrent des dizaines de kilomètres carrés d'une terre plate, asséchée, où des bovins quasi-sauvages traquent de quoi manger. Quand vient la saison des pluies, l'eau ruisselle sur le sol et les fermes situées sur les quelques hauteurs deviennent des îles pendant plusieurs semaines. Dans l'Outback, l'isolement est le quotidien. Les fermiers ne vont que rarement à la ville voisine à des dizaines de kilomètres. L'infirmier du poste de secours doit tout savoir faire. le policier local couvre un immense territoire. L'école se fait à distance. Les fermes vivent grâce des groupes électrogènes qu'on coupe la nuit par souci d'économie. le désert. le vide.

Jane Harper procède par petites touches. Elle explique le contexte singulier, puis la situation de chacun, avant d'attaquer ce qui fâche : les relations entre toutes ces personnes obligées de cohabiter. le désert est leur horizon. C'est aussi une prison.

La psychologie des personnages devient primordiale. Ce qui est arrivé à Cam passe au second plan. Lost man est un roman. Pas un policier. Une remarquable description d'un monde à l'autre bout de la terre. Brillant.
Commenter  J’apprécie          480



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}