L'écriture de
Robert Harris a ceci de fabuleux qu'elle nous rend immédiatement proche la Rome antique. En employant un vocabulaire résolument moderne, en s'attachant à des personnages loin des références historiques (sauf Pline l'ancien), il invite son lecteur à jouer à saute-moutons par-dessus les siècles.
Ingénieurs, nouveaux riches, commerçants, artisans, marins, touristes, prostituées, esclaves et citoyens romains peuplent
Pompéi. C'est une citée neuve en 79, déjà gravement endommagée par un tremblement de terre, en 63. En cours de reconstruction hâtive et appelée à cause de cela la "ville de stuc", elle aiguise tous les appétits.
Dans cette cité édifiée sur une terre volcanique fertile mais dépourvue de sources, l'eau est une denrée précieuse. Qu'elle fasse défaut et c'est l'émeute assurée. Lorsque Attilius, ingénieur des eaux (Aquarius) est mandaté par Rome, il doit déterminer pourquoi son prédécesseur a mystérieusement disparu et pourquoi les réservoirs de l'Aqua Augusta (l'aqueduc indispensable à la vie
pompéienne) s'assèchent tout autant mystérieusement. Et tout ceci au plus vite : les membres du Sénat de Rome sont en vacances d'été dans leurs villas du golfe et les fêtes de Vulcain approchent : on allume de grands feux pour les sacrifices, il ne ferait pas bon manquer d'eau à ce moment.
Bien sûr, on sait la catastrophe qui se prépare. Cependant,
Robert Harris, par le découpage méticuleux des dernières journées avant l'éruption met son lecteur en tension, tout autant qu'il accable Attilius de dangers. Confronté d'abord à des problèmes de management, celui-ci découvre ensuite un meurtre, un sabotage, voit sa propre vie menacée ainsi que celle de la jeune fille qu'il commence à aimer. Et pendant ce temps, le Vésuve s'anime dangereusement, ignorant superbement le drame des humains qui s'agitent sur ses flancs...