Une vraie sœur c'est quelqu'un qui ne se sent pas gêné quand vous fondez en larmes en public, et qui vous tend des mouchoirs en papier jusqu'à ce que vos sanglots s'apaisent.Mais surtout, c'est quelqu'un qui va vous chercher un autre café crème pour accompagner l'énorme pavé cent pour cent chocolat qu'elle vient de poser devant vous.
Le chagrin s'atténue un peu comme un traumatisme consécutif à un coup:il reste douloureux même après que l'hématome a disparu et, parfois, il laisse une cicatrice pour vous rappeler à jamais son emplacement.Le vide laissé par Adam n'était pas moins cruel, mais le temps mettait tout doucement mes émotions en sourdine.Un jour il les polirait jusqu'à en effacer toutes les aspérités.Je devais simplement me montrer patiente.
Perdre ma virginité n'avait pas fait de moi une femme.
Mais manquer de perdre mon mari, oui.Il aurait pu mourir.Il y avait des jours où je pleurais de joie qu'il soit encore en vie
Il y en avait d'autres où je regrettais qu'il ne soit pas mort.
" Je m’allonge près de lui, la tête nichée contre son
épaule, et m’autorise à poser une main sur son torse. On
dirait qu’il dort, mais je n’en suis pas sûre. Sa poitrine se lève et s’abaisse à un rythme régulier. Je regarde plus bas, enhardie par mon tout nouveau statut de femme, et je contemple son sexe. Il repose contre sa
cuisse, toujours emmailloté dans le préservatif. Il a
l’air aussi vanné que moi. Je me retiens de pouffer.
— C’était drôlement mieux qu’une simple formalité,
dis-je.
Je relève la tête pour scruter sa réaction. Ses yeux
sont toujours fermés, mais il sourit.
— Je suis content si ça t’a plu.
C’est tout ? Maintenant que l’exaltation de la passion
est retombée, je ressens le besoin d’être rassurée. Je
voudrais qu’il me dise que je me suis plutôt bien
débrouillée, pour ma première fois. Je voudrais au
moins qu’il me regarde.
Je n’attends pas une déclaration d’amour, ni rien
de ce genre, juste… un petit quelque chose de plus.
Après tout, je viens de lui offrir ma virginité. D’accord, j’avais l’intention de la perdre, de toute façon, mais ça reste quand même un cadeau — non ? "