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Critique de jmb33320


Cette toile du Greco, qui figure en partie sur la couverture, est intitulée « El caballero de la mano el el pecho » (Le chevalier à la main sur la poitrine). Elle est plus mystérieuse qu'il n'y paraît. D'abord par ce que l'homme qu'elle représente n'est toujours pas formellement identifié, ce qui laisse beaucoup de champ à l'imagination des spécialistes. Les hypothèses ne manquent pas pour ce portrait achevé autour de 1580, et qui est un de ceux du musée du Prado qui se voit décliné sous toutes sortes de formes à l'intention des touristes. Il a d'abord été associé à Antonio Perez, secrétaire du roi Philippe II. Il a été aussi envisagé la possibilité d'un autoportrait du Greco. Enfin, certains soutiennent qu'il s'agit de Miguel de Cervantes.

Le candidat le plus probable reste toutefois Juan de Silva, un gentilhomme désargenté qui rendit de grands services au roi mais n'en fut jamais vraiment récompensé, d'où la pose qui mime un possible serment de fidélité ou de bonne foi.

Ce chef d'oeuvre, revu en 2014, à l'occasion d'une exposition anniversaire à Tolède, Yves Harté l'avait déjà admiré trente ans plus tôt. Mais en compagnie de son mentor, l'écrivain et grand reporter Pierre Veilletet, qui sera aussi au centre de ce récit pudique et lumineux. Ils cultivaient tous deux un grand intérêt pour la péninsule ibérique, son passé mais aussi ses traditions. Yves Harté est depuis son enfance un grand amateur de corrida, une passion que Pierre Veilletet partageait aussi.

Cette relation d'amitié était forte, avec aussi ses éloignements, ses incompréhensions et parfois même ses petites trahisons, mais très respectueuse des silences de chacun. Pierre Veilletet apparaît dans ce récit comme un homme aux motivations fluctuantes, d'une grande culture mais parfois affabulateur... Yves Harté établit un parallèle entre Veilletet (comme il l'appelle – était-il possible que ces amis se vouvoient ?) et ce Caballero à la triste figure du portrait, en représentation mais usé par la vie.

J'ai lu la plupart des merveilleux livres de Pierre Veilletet. le style d'Yves Harté est incontestablement à la hauteur de celui de son ami disparu, dont il a même su retrouver des accents. C'est peut-être le plus bel hommage qu'il pouvait lui rendre…

J'ai eu un coup de coeur pour ce livre. Il m'a subjugué, malgré son sujet bien éloigné du vacarme incessant et inquiétant de l'actualité de cet été 2022. Je remercie les éditions du cherche-midi et Netgalley, qui m'ont donné accès à son édition numérique.
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