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EAN : 9782749174433
160 pages
Le Cherche midi (25/08/2022)
3.48/5   47 notes
Résumé :
Quand Yves Harté aperçoit le très célèbre tableau du Greco, El caballero de la mano en el pecho (Le Chevalier à la main sur la poitrine), lors d’une rétrospective à Tolède, une chose l’intrigue : la note qui accompagne le portrait diffère d’une autre qu’il a lue autrefois. La première assurait que le modèle était un notable sage et obscur, celle-ci affirme qu’il s’agit d’un aventurier du Siècle d’or, espion et courtisan de Philippe II. Laquelle est vraie ?
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà une petite pépite découverte suite à un article et un billet sur Babelio.

Dans « la main sur le coeur », le narrateur enquête sur un portrait réalisé par Le Greco lorsqu'il était à Tolède.

Tolède, prétexte d'un pèlerinage pour le narrateur, qui revient sur ces terres espagnoles qu'il a parcourues jadis avec son meilleur ami, un certain Pierre Veilletet, dont il vient d'apprendre le décès.

Le Greco a peint le Gentilhomme à la main sur la poitrine (El Caballero de la mano en el pecho) entre 1578 et 1580. Conservé au Musée du Prado, il est prêté à Tolède à l'occasion d'une rétrospective pour le 400ème anniversaire de la mort du peintre.

Mais qui était vraiment ce gentilhomme à la main sur la poitrine ? Un serviteur de Philippe II, comme l'explique Leticia Ruiz, conservatrice du musée du Prado que le narrateur rencontre, prénommé Juan de Silva, marquis de Montemayor, chef militaire de la forteresse de l'Alcazar et simple notaire du royaume ?
Ou bien le comte de Portalegre, espion, aventurier, noble et militaire, comme le prétendu Fernando Marias, commissaire de l'exposition de Tolède ?

Et le Greco lui-même, qui était-il ? Etait-il vraiment catholique, ou bien plus proche d'une Thérèse d'Avila, ou de Jean de la Croix comme l'explique Patrick Royannais, prêtre de la paroisse de Saint-Louis-des Français ?

Au fil de l'enquête menée par le narrateur, on en apprend un peu plus sur cet ami étrange, ce Pierre Veilletet, éditorialiste dans un journal du Sud Ouest (comme l'auteur) et écrivain d'un roman qui lui vaut une certaine reconnaissance. Mais cet ami, dont le narrateur est totalement admiratif, semble souffrir d'un curieux syndrome : s'il a frôlé le succès au point que son nom, une année, avait été inscrit sur la liste du Goncourt, il semble ensuite s'être enfermé dans la solitude, ce qui conduit le journal qui l'emploie à le licencier, et s'éloigner de tous, y compris du narrateur qui ne comprend pas vraiment les raisons de cet éloignement.

Le Greco lui-même souffrait de la froideur du roi qui, après lui avoir commandé le Martyre de saint Maurice pour son palais de l'Escurial – un tableau magnifique, très inspiré, peut-être trop, qui lui vaudra d'être relégué à Tolède où il va peindre des portraits de l'aristocratie locale.

Il y a un destin commun entre Le Greco et ce Juan de Silva, qui servit pourtant fidèlement son roi, allant jusqu'à accompagner son fils un peu fou et emprisonné par son père jusqu'à sa mort, puis partant combattre auprès des Maures, et enfin accompagné le neveu du roi ; Sébastien, roi du Portugal, au Maroc dans la région de Larache, dans une bataille sans aucune chance de réussite, puis préparant ensuite l'ascension de Philippe II au trône du Portugal, mais sans pour autant que le roi reconnaisse ses mérites.

Il y a un destin commun entre les trois personnages, puisque ce Pierre Veilletet, drôle mais aussi affabulateur, recherchait aussi une forme de reconnaissance qui ne vint pas.

D'un style très littéraire, Yves Harte nous livre une réflexion sur la recherche du plaisir d'être reconnu par un autre, et l'amertume de ne pas l'être. Faut-il y ajouter le destin de l'auteur lui-même ?

Né en 1954, journaliste et grand reporter, ayant reçu le Prix Albert Londres, et passionné d'Espagne, il fait en tout cas ici preuve de sensibilité artistique et de finesse, et dressent le portrait d'hommes qui auront visé toute leur vie une forme de reconnaissance dont ils auront été injustement privés – souhaitons qu'avec ce récit Yves Harte trouve la sienne auprès de ses lecteurs.
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Cette toile du Greco, qui figure en partie sur la couverture, est intitulée « El caballero de la mano el el pecho » (Le chevalier à la main sur la poitrine). Elle est plus mystérieuse qu'il n'y paraît. D'abord par ce que l'homme qu'elle représente n'est toujours pas formellement identifié, ce qui laisse beaucoup de champ à l'imagination des spécialistes. Les hypothèses ne manquent pas pour ce portrait achevé autour de 1580, et qui est un de ceux du musée du Prado qui se voit décliné sous toutes sortes de formes à l'intention des touristes. Il a d'abord été associé à Antonio Perez, secrétaire du roi Philippe II. Il a été aussi envisagé la possibilité d'un autoportrait du Greco. Enfin, certains soutiennent qu'il s'agit de Miguel de Cervantes.

Le candidat le plus probable reste toutefois Juan de Silva, un gentilhomme désargenté qui rendit de grands services au roi mais n'en fut jamais vraiment récompensé, d'où la pose qui mime un possible serment de fidélité ou de bonne foi.

Ce chef d'oeuvre, revu en 2014, à l'occasion d'une exposition anniversaire à Tolède, Yves Harté l'avait déjà admiré trente ans plus tôt. Mais en compagnie de son mentor, l'écrivain et grand reporter Pierre Veilletet, qui sera aussi au centre de ce récit pudique et lumineux. Ils cultivaient tous deux un grand intérêt pour la péninsule ibérique, son passé mais aussi ses traditions. Yves Harté est depuis son enfance un grand amateur de corrida, une passion que Pierre Veilletet partageait aussi.

Cette relation d'amitié était forte, avec aussi ses éloignements, ses incompréhensions et parfois même ses petites trahisons, mais très respectueuse des silences de chacun. Pierre Veilletet apparaît dans ce récit comme un homme aux motivations fluctuantes, d'une grande culture mais parfois affabulateur... Yves Harté établit un parallèle entre Veilletet (comme il l'appelle – était-il possible que ces amis se vouvoient ?) et ce Caballero à la triste figure du portrait, en représentation mais usé par la vie.

J'ai lu la plupart des merveilleux livres de Pierre Veilletet. le style d'Yves Harté est incontestablement à la hauteur de celui de son ami disparu, dont il a même su retrouver des accents. C'est peut-être le plus bel hommage qu'il pouvait lui rendre…

J'ai eu un coup de coeur pour ce livre. Il m'a subjugué, malgré son sujet bien éloigné du vacarme incessant et inquiétant de l'actualité de cet été 2022. Je remercie les éditions du cherche-midi et Netgalley, qui m'ont donné accès à son édition numérique.
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Je remercie chaleureusement Babelio les éditions Le Cherche Midi pour ce service presse.
Yves Harté écrit merveilleusement bien. "La main sur le coeur" est à mi-chemin entre le roman et le récit narré qui est d'ordre biographique. Ce mélange des genres est à la fois séduisant et, dans un même élan, il brime l'intérêt du lecteur qui aimerait en apprendre davantage sur chacune des parties constituant "La main sur le coeur." J'ai trouvé fort intéressante l'enquête historique menée sur un tableau du Greco "Le chevalier à la main sur la poitrine" afin de découvrir l'hidalgo présent sur cette toile, sa vie au Siècle d'or sous Philippe II d'Espagne. On en profite pour voyager en Espagne et au Portugal, au Maroc, pour comprendre la vie palpitante de cet aventurier qui cherchera toute sa vie à s'attirer les bonnes grâces du roi d'Espagne. Ce dernier le considère comme un hidalgo de seconde zone, un simple courtisan à qui l'on offre des postes et des missions sans importance. L'érudition de Yves Harté fait merveille. Malheureusement, je me suis totalement désintéressé du récit en forme d'hommage de son ami Pierre Veilletet qui était journaliste et écrivain. Je suis resté à la surface des choses sans saisir vraiment l'intérêt de mêler le récit historique et celui d'une amitié vécue par Yves Harté. Si la forme est remarquable, le fond, lui, m'a terriblement ennuyé. Néanmoins il est certain que "La main sur le coeur" saura plaire à d'autres.
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Quelle est donc l'histoire du gentilhomme qui figure sur l'un de plus célèbres tableaux du Greco : « El caballero de la mano en el pecho » (1580) ? Cette question obsède Yves Harté et son ami disparu, Charles Veilletet. Raconter leur quête éperdue lui permet de raviver leurs souvenirs et leur passion commune pour le peintre espagnol.
Les plus grands spécialistes se sont écharpés au sujet de l'identité du chevalier. Est-ce un triste notable auquel le tableau donnera une gloire imméritée ? S'agit-il de Juan de Silva, le comte de Portalegre, un ambassadeur du Portugal qu'une arquebusade a rendu manchot à la bataille d'Alcazarquivir ? Faut-il plutôt voir dans cet « hidalgo désarticulé, rossé, moqué » un double de Cervantès que le peintre aurait croisé à Tolède ? Ou même un portrait détourné du Greco qui se reconnaissait dans les déconvenues et les humiliations de son modèle ? Aucune hypothèse n'est écartée.
Et cette main posée sur le coeur ? Est-ce une demande pardon, une offrande, un geste de dépit ? On se prend au jeu. On suit les traces des deux limiers dévoués à leur juste cause.
Le livre m'a fait penser aux controverses dont « le Pied-bot » de José de Ribera a fait l'objet pendant des siècles jusqu'à ce qu'un chirurgien orthopédiste de l'hôpital Robert Debré conclue que l'enfant était en fait hémiplégique.
« La main sur le coeur » est une ode à l'Espagne et à ses paysages (« La poussière qui s'élevait au moindre coup de vent rappelait le sablier du temps »), une célébration du peintre (« Le Greco oblige à changer de point de vue, donc de vision, ce qui en fait une des artistes les plus inconfortables de l'histoire ») et surtout, un hommage émouvant à cet ami avec lequel il redécouvrit le monde.
Bilan : 🌹🌹
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J'ai beaucoup aimé la partie historique : la découverte d'un personnage inconnu sous couvert de mystère avec ses deux identités possibles. le parallèle d'El Caballero avec son ami est aussi bien amené quand Yves Harté se remémore ses souvenirs... Les qualités humaines des deux hommes sont mises en avant. Mais ce roman manque de rythme, il commence trop lentement et il y a peu de dialogues. La première partie, sur la recherche, m'a paru peu passionnante. Seuls les dernières parties, sur Juan de Silva et Pierre Veilletet m'ont plu sur les plans historiques et humains.
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critiques presse (4)
LeFigaro
03 janvier 2023
Ancien grand reporter et patron des pages livres de Sud Ouest, prix Albert-Londres, Yves Harté est un homme de passion (tauromachie et littérature) et de fidélité. Dans La Main sur le cœur, il raconte son enquête sur le mystérieux tableau du Greco, Le Chevalier à la main sur la poitrine.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
05 septembre 2022
"La main sur le cœur" d'Yves Harté est une enquête digne d'un polar historique, sur les traces du chevalier peint sur le tableau du Greco : Le chevalier à la main sur la poitrine.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
29 août 2022
Le journaliste et écrivain livre une évocation sensible de son ami Pierre Veilletet, également journaliste et écrivain, mort en 2013.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
23 août 2022
Un beau livre sur l’amitié. La vraie, qui survit même à la mort. Il est signé d’un gentilhomme gascon, Yves Harté.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Vous ne connaissez pas ? J’aurais parié que oui », lâchai-il, et je comblais cette lacune aussitôt. Plus tard, il en parlait volontiers, donnait ses impressions sans posture doctorale. Je buvais ses paroles, et à la réflexion, même aujourd’hui que le temps a passé, il me reste bien peu de conseils venant de lui dont je n’ai pas tiré avantage. Il ne s’agissait pas d’avis ni de codes desquels j’aurais appris une façon de me comporter, mais plutôt d’une manière de regarder le monde et de me prévenir sur la nature humaine.
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Je reviens d’un voyage dont j’ignorais qu’il était blotti en moi, réclamant de s’accomplir, demandant à être libéré. Je suis parti découvrir un pays que je connaissais déjà, au rendez-vous d’un homme que j’avais perdu deux fois. Parce qu’il s’était dérobé et parce qu’il était mort. Il a fallu que je remonte les siècles pour le retrouver. Sous les traits d’un gentilhomme qui n’est peut-être qu’un notaire sans éclat mais qui, pour moi, restera à jamais un ambassadeur et un aventurier, fidèle soutien de son roi, habile manœuvrier, toujours en quête de ce qu’il n’a pas et n’aura plus, semblable à tous ceux qui ont préféré la solitude au commerce de la société car ils se savent inconsolables.
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Juan Da Silva descendait d'une famille de la plus haute noblesse tolédanen aux liens familiaux entremêlés sur plusieurs générations par des mariages avec leurs équivalents portugais.
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Il posait alors sa main sur le coeur, sa main aux doigts si longs, si fins qu'ils semblaient ne pas être capables d'empoigner une épée. Pourtant à combien de batailles s'était-il livré ? Et que n'avait-il vu qu'un homme ne devrait jamais voir ? Les combats, la mort, le martyre des corps, celui de l'âme ?
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Le portrait dit cela. L'illusion d'une volonté sans faille, sans faiblesse perceptible, au point que la blessure a disparu, que ce bras mort le long du torse est invisible. page 106
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Vidéo de Yves Harté
Zocato vous présente son ouvrage "Toros, toros ! Chroniques taurines" aux éditions Sud Ouest. Entretien avec Yves Harté.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3040476/vincent-zocato-toros-toros-chroniques-taurines
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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