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Critique de saigneurdeguerre


12 destins à travers différentes époques, depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours. Des liens les unissent-ils ? Des liens familiaux, d'abord, même si certains d'entre eux l'ignorent. Et puis, un autre lien plus sordide : une mort violente… Désirée bien souvent pour mettre un terme à des souffrances physiques ou psychologiques, au point que le suicide devient presque une « tradition » familiale, quasi génétique…

Critique :

L'auteure a une belle plume. Mais qu'est-ce qu'une belle plume ? Nous avons tous notre idée… Pour moi, chez Elodie Haslé, c'est une simplicité d'écriture, très fluide, où le langage des personnages s'adapte à leur époque. Les phrases s'enchaînent sans fioritures inutiles, ce qui n'empêche pas des descriptions précises des protagonistes, et permettent au lecteur avide de connaître la suite, de ne jamais s'ennuyer en découvrant chacun de ces douze destins, de compatir et de souffrir, parfois de haïr…

Peut-on réellement parler de « suicides » pour les douze cas évoqués ? Un jeune homme qui tombe sous les balles d'une révolution est-ce un réel suicide même s'il était hanté par une très vieille histoire - un rêve ? - qui avait envahi ses nuits au point de gâcher son humeur et sa santé… Un bébé mort-né… Un enfant de dix ans écrasé par un tram… Elodie Haslé parvient à établir de tels liens qu'elle rend crédibles les histoires de chacun de ses personnages. Chaque histoire est un élément du puzzle d'une saga familiale.

Le livre comprend vers la fin des tableaux généalogiques qui permettent de découvrir, au travers des siècles, les liens parentaux entre les douze victimes (mais aussi les autres personnages importants).

Madame Haslé ne se limite pas à cela. Des repères statistiques viennent nourrir la réflexion du lecteur quant au grave problème de santé mentale que représente le suicide. le taux de suicides par tranches de cent mille habitants est bien plus élevé en Belgique (5e place mondiale) et en France (10e place) que dans la plupart des pays du monde. La Belgique compte en moyenne 6 suicides par jour pour environ onze millions et demi d'habitants.

Dans cette seconde partie du livre qui suit le roman à proprement parler, dans un essai, Elodie Haslé se pose, et nous pose, des questions d'ordre philosophique qui touchent au sens de la vie… Et de la mort… Avec, notamment les suicides altruistes, tels que le résistant qui se défenestre pour ne pas avoir à trahir ses camarades sous la torture…

Mais cet essai va bien au-delà en développant les causes du suicide et des pistes pour l'éviter.

Dans la postface, Stéphanie Cuzange, psychogénéalogiste, commente les cas des différents personnages du roman.

Une belle bibliographie clôture le livre en compagnie des adresses des différents organismes qui, en Belgique, aident à prévenir les risques de suicide.

NB : Je m'aperçois en en parlant autour de moi que la plupart des gens ont peur de lire ce livre. A les en croire, il pourrait donner des idées de suicide. Leur crainte est-elle justifiée ? On pourrait le croire si l'on s'en tient exclusivement aux récits. Mais... Ceux-ci sont suivis d'un essai où l'auteure attire l'attention des lecteurs sur les précautions à prendre pour déceler quelques signes qui devraient mettre en garde famille, amis, enseignants... Elle insiste sur l'aide nécessaire qui doit venir de l'extérieur du cercle familial.

Cessez d'avoir peur de ce livre intelligent. Je comprends qu'en ces temps où le COVID bouleverse nos vies, tue et ruine des tas de gens, je comprends que vous ayez envie de vous évader, de rire, de penser à autre chose qu'à la mort et au désespoir... Mais il est plus que jamais nécessaire de lire cet ouvrage. Peut-être pourrait-il aider à sauver des vies...
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