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EAN : 9782930988153
290 pages
Le scalde éditions (30/11/-1)
4/5   3 notes
Résumé :
"Mon père se tait soudain, s'agenouille au sol à côté de mon lit, se baisse et tourne la tête, rencontre mon regard glacé de terreur. Recroquevillé sur moi, je tremble. Je claque des dents. Le silence est dense. Mon père me scrute de son regard sans vie, sa respiration s'accélère. Mon coeur bat à tout rompre. Je suis prisonnier..."
Elodie Haslé signe "Les suicidés", un roman choral où s'entremêlent douze destinées. Quand le passage à l'acte est envisagé comme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
12 destins à travers différentes époques, depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours. Des liens les unissent-ils ? Des liens familiaux, d'abord, même si certains d'entre eux l'ignorent. Et puis, un autre lien plus sordide : une mort violente… Désirée bien souvent pour mettre un terme à des souffrances physiques ou psychologiques, au point que le suicide devient presque une « tradition » familiale, quasi génétique…

Critique :

L'auteure a une belle plume. Mais qu'est-ce qu'une belle plume ? Nous avons tous notre idée… Pour moi, chez Elodie Haslé, c'est une simplicité d'écriture, très fluide, où le langage des personnages s'adapte à leur époque. Les phrases s'enchaînent sans fioritures inutiles, ce qui n'empêche pas des descriptions précises des protagonistes, et permettent au lecteur avide de connaître la suite, de ne jamais s'ennuyer en découvrant chacun de ces douze destins, de compatir et de souffrir, parfois de haïr…

Peut-on réellement parler de « suicides » pour les douze cas évoqués ? Un jeune homme qui tombe sous les balles d'une révolution est-ce un réel suicide même s'il était hanté par une très vieille histoire - un rêve ? - qui avait envahi ses nuits au point de gâcher son humeur et sa santé… Un bébé mort-né… Un enfant de dix ans écrasé par un tram… Elodie Haslé parvient à établir de tels liens qu'elle rend crédibles les histoires de chacun de ses personnages. Chaque histoire est un élément du puzzle d'une saga familiale.

Le livre comprend vers la fin des tableaux généalogiques qui permettent de découvrir, au travers des siècles, les liens parentaux entre les douze victimes (mais aussi les autres personnages importants).

Madame Haslé ne se limite pas à cela. Des repères statistiques viennent nourrir la réflexion du lecteur quant au grave problème de santé mentale que représente le suicide. le taux de suicides par tranches de cent mille habitants est bien plus élevé en Belgique (5e place mondiale) et en France (10e place) que dans la plupart des pays du monde. La Belgique compte en moyenne 6 suicides par jour pour environ onze millions et demi d'habitants.

Dans cette seconde partie du livre qui suit le roman à proprement parler, dans un essai, Elodie Haslé se pose, et nous pose, des questions d'ordre philosophique qui touchent au sens de la vie… Et de la mort… Avec, notamment les suicides altruistes, tels que le résistant qui se défenestre pour ne pas avoir à trahir ses camarades sous la torture…

Mais cet essai va bien au-delà en développant les causes du suicide et des pistes pour l'éviter.

Dans la postface, Stéphanie Cuzange, psychogénéalogiste, commente les cas des différents personnages du roman.

Une belle bibliographie clôture le livre en compagnie des adresses des différents organismes qui, en Belgique, aident à prévenir les risques de suicide.

NB : Je m'aperçois en en parlant autour de moi que la plupart des gens ont peur de lire ce livre. A les en croire, il pourrait donner des idées de suicide. Leur crainte est-elle justifiée ? On pourrait le croire si l'on s'en tient exclusivement aux récits. Mais... Ceux-ci sont suivis d'un essai où l'auteure attire l'attention des lecteurs sur les précautions à prendre pour déceler quelques signes qui devraient mettre en garde famille, amis, enseignants... Elle insiste sur l'aide nécessaire qui doit venir de l'extérieur du cercle familial.

Cessez d'avoir peur de ce livre intelligent. Je comprends qu'en ces temps où le COVID bouleverse nos vies, tue et ruine des tas de gens, je comprends que vous ayez envie de vous évader, de rire, de penser à autre chose qu'à la mort et au désespoir... Mais il est plus que jamais nécessaire de lire cet ouvrage. Peut-être pourrait-il aider à sauver des vies...
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Ce roman retrace le parcours de douze personnages, du Moyen-âge jusqu'à nos jours, touchés par des traumatismes souvent liés à des secrets de famille. Il est suivi d'un essai, qui propose une analyse des événements qui poussent un individu à commettre l'irréparable, et aussi l'impact sur son entourage.

Le sommaire donne une vue d'ensemble. Les pages sont épaisses, les caractères grands et espacés ce qui rend la lecture fluide et agréable. Au début de chaque chapitre se trouve un extrait, accompagné d'une peinture. C'est donc aussi une expérience visuelle.


Premièrement, j'ai trouvé intéressant que chaque chapitre raconte l'histoire d'un personnage. Ils ne sont pas indépendants les uns des autres, je me suis rendu compte peu à peu des liens entre certains d'entre eux. Les arbres généalogiques, situés à la fin, m'ont permis de les visualiser. Il est intéressant de découvrir douze parcours, histoires, souffrances et visions de la vie différentes. Cela rend le livre dynamique. Je ne me suis reconnue dans aucun des personnages, mais j'ai compris leur détresse et les ai trouvés touchants.

Ensuite, j'ai apprécié la variété de styles au sein du récit : fantastique, d'aventure et surtout psychologique, grâce à la réflexion des personnages. L'essai m'a permis de passer de la fiction au réel, grâce à des faits et chiffres concrets.

Troisièmement, l'écriture est fluide. Les descriptions ne sont pas chargées de détails superflus mais suffisantes pour visualiser les événements. Plusieurs registres de langage sont utilisés en fonction de l'époque et de la classe sociale des individus. Les mots employés sont justes. Il y a par exemple, dans le premier chapitre, des mots propres au Moyen-âge, ce qui rend le récit d'autant plus réaliste. Les poèmes apportent de la légèreté dans des moments tragiques.

Enfin, le suicide est un sujet actuel et davantage aujourd'hui, en raison de la pandémie. J'ai appris que, d'après une étude menée par l'OMS en 2016, le Belgique occupait la cinquième place au monde en termes de taux de suicide. Cet essai m'a permis d'ouvrir les yeux sur ce sujet encore tabou dans notre société. Je pense donc que ce roman est un outil très utile : il pousse à la réflexion, et prône la prévention.


Ce roman a relevé de nombreuses questions chez moi. Est-ce que certains de mes proches ont déjà songé au suicide ? Comment une personne peut-elle ressentir une telle souffrance que le suicide lui semble le seul échappatoire ? Surtout les jeunes qui commencent à peine à découvrir la vie. Je me suis aussi demandée pourquoi ces gens n'exprimaient pas leurs tourments. N'avaient-ils personne à qui parler, sans jugement ? Était-ce trop douloureux ? L'avaient-ils fait d'une manière ou d'une autre ?

La seule solution est donc la prévention. Des coordonnées utiles sont exposées à la fin du livre.
Ce roman est donc un outil très utile, à lire absolument!
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Bravo à Elodie Haslé,
Dans un style direct et épuré, elle nous fait traverser le temps avec les histoires de ces êtres tourmentés dont le destin tragique semble irrémédiablement tracé.
La première partie est un roman comportant sa part de suspense, enrichi de descriptions historiques extrêmement précises. Les tableaux de l'auteure viennent enrichir l'ensemble.
Dans l'essai, elle nous fait réfléchir sur la psychogénéalogie. Sommes-nous à ce point prédestinés? Quelle est notre part de libre arbitre?
Ce livre se veut un outil de prévention du suicide.
A lire absolument.
Plume66200
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J'ai beaucoup apprécié ce livre car l'auteur aborde de manière originale le suicide intergénérationnel et ce, sur plusieurs siècles.
Chaque courte nouvelle est ciselée comme un bijou, pas un mot de trop, un vocabulaire précis alliant concision et poésie. Les différents épisodes familiaux servent de support à la partie "essai" qui suit en seconde partie et qui consiste en une synthèse plus clinique et scientifique du phénomène du suicide intergénérationnel mais toujours dans un vocabulaire clair et accessible au commun des mortels. Merci Elodie pour cet essai original qui reste malgré la gravité de son sujet, un livre agréable à lire , bien aéré et enrichi d'illustrations personnelles.
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Les suicidés est un roman choral de douze histoires singulières de personnes liées par le sang se déroulant dans la région champenoise entre le 15e siècle et aujourd'hui. Chaque point de vue est précédé par une reproduction en couleurs d'une peinture abstraite de l'autrice, qui nous donne ainsi le ton sur ce qui va suivre. Vous l'aurez compris grâce au titre du récit, les personnages ont tous un terrible point commun.

Tantôt assumé, tantôt déguisé, le suicide qui ponctue la fin de chaque histoire est décrit avec une économie de mots car l'intérêt ne réside pas dans les détails de l'acte en lui-même. Élodie Haslé nous invite à appréhender ce thème complexe et délicat en nous faisant visiter l'histoire familiale du personnage mis en valeur, une histoire souvent douloureuse où le désespoir, le chagrin et l'absence de sens paraissent insurmontables et où le suicide se présente comme la seule porte de sortie.

L'autrice évoque sans fard les fantômes qui habitent les personnages tourmentés du récit. Mort prématurée de parents, enfants non désirés, unions hâtives, horreurs de la guerre, maladie mentale… les sources de désespoir dans la vie ne manquent pas. Mais pourquoi certaines personnes désertées par l'espoir se suicident et d'autres pas ? Nous sommes amenés à lire ce point de bascule juste avant le passage à l'acte, ce moment où la résilience est encore possible et où l'irréparable n'est pas encore atteint, cet instant si ténu où une destinée humaine et celle des survivants peut être empreinte irrémédiablement, mais ne l'est pas encore…
Lien : https://le-carnet-et-les-ins..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Chez l'adolescent, un échec scolaire, une rupture sentimentale, un deuil, tout lui paraît insurmontable. Il est incapable de prendre du recul : la malheur présent est dilaté jusqu'à l'infini. Il apparaît sans fin. Seule la mort est perçue comme un soulagement.
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Après les accouchements, nous bénéficierions d'une courte période de repos, tandis que les bébés seraient confiés à des familles d'adoption, soigneusement choisies par nos maîtres. J'appris plus tard - ils avaient omis de le préciser ! - qu'ils avaient perçu une rémunération conséquente pour le service rendu. Preuve de leur générosité désintéressée.
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Les enfants d'aujourd'hui sont-ils mieux lotis que ceux des siècles passés ? Ont-ils conscience de leur chance entre accès à l'éducation et à l'information ? Ou ne sont-ils pas plus fragilisés encore dans l'égocentrisme de leur petit confort personnel, courtisés par la culture de l'instantané et dotés d'une si frêle résistance à la frustration ?
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Société du jetable, de l'instantané, au sein de laquelle le non-respect est devenu monnaie courante. Certains profitent de leur anonymat pour se déchaîner sur autrui via les réseaux sociaux. Ils en retirent l'illusion de faire partie d'un groupe, le sentiment d'exister - virtuellement !
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Quel serait le devenir de l'être humain s'il était immortel ? Nul besoin que la population se perpétue, pas de générations nouvelles en vue. Nul besoin d'une organisation sociale ni de transmissions. L'avenir perdrait son sens. Le sentiment de faisabilité, de fragilité, de vulnérabilité, de sens à donner à sa vie est lié à la mortalité, à la mort. Dans un monde d'immortels, il n'aurait plus sa raison d'être.
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