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Dragan, marocain à moitié serbe, est journaliste à succès à la Houlette Casablancaise, un journal à gros tirage, totalement inféodé au pouvoir royal. Il passe son temps dans un bar à consommer alcool et autres substances illicites, en compagnie d'une clique aussi fantasque qu'improbable. Au moment où il découvre qu'il a perdu la faculté physique d'écrire et qu'il se décide à consulter un psy, l'actualité se déchaîne.
Un attentat terroriste visant des touristes vient de se produire dans un grand hôtel de Casablanca. Entre piste islamiste et traumatismes refoulés, c'est le moment pour Dragan de se pencher sur les trous noirs de son passé… Une plongée à la fois jubilatoire et terrifiante dans un Maroc underground loin des palmiers et des fronts de mer ensoleillés, où l'on croise journalistes corrompus et hommes de gauche ayant retourné leur veste.
Porté par une ironie féroce et un humour sarcastique, le premier roman de Kamil Hatimi dresse le portrait d'un homme en quête de son identité dans la violence du Maroc d'aujourd'hui.
Ce livre fait partie de ces trop nombreux ouvrages que la presse ignore et qui sont pourtant de petits trésors. A découvrir.

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Dragan est journaliste pour la Pravda marocaine. Il vit plutôt bien les compromissions indispensables que cela suppose tant avec la liberté d'expression qu'avec le devoir d'informer. Dans le climat ambiant où chacun fait en sorte de ne s'occuper de rien, il s'accommode de charger tel ou tel groupuscule extrémiste de tout ce qui semble pourri au royaume de Danemark. Pour ce que ça changerait de faire autrement, de toute façon...Aussi excelle-t-il à trouver de ces phrases creuses, de ces atermoiements comme autant d'écrans de fumée destinés à laisser le bon peuple endormi. Il semble d'ailleurs que sa véritable vocation consiste davantage à s'imbiber avec une constance forçant l'admiration en compagnie de son collègue et ami Vigon.
Et puis, il fume, Dragan. Il fume, boit (beaucoup donc) et traine sa carcasse d'improbable grand blond de rades en rades. Il assiste parfois à de pathétiques conférences de rédaction où il s'agit juste d'osciller de la tête au bon moment afin que tout le petit monde de son chef incompétent continue de tourner, que les lecteurs continuent d'être enfumés et lui payé à la fin du mois. Jusqu'au jour où, de retour d'un voyage professionnel, il s'aperçoit qu'il ne peut plus écrire. Plus un mot.
Il y a quelque chose d'absurde et presque trop facile dans ce qui arrive à Dragan. Un journaliste qui ne peut plus écrire ? le gag de la page blanche poussé à son effectivité la plus concrète ? Un peu facile, non ?
Non. Car cet excès dans la symptomatologie est à la fois assumé comme une nécessité romanesque plausible et mis à distance par un regard plein d'ironie.
C'est ce qui m'a le plus enchanté dans ce premier roman : qu'on puisse à la fois adhérer à une histoire parfois croquignolesque et lire en filigrane le destin d'une société marocaine sous le joug d'un pouvoir tyrannique, l'errance d'un homme qui a renoncé depuis bien longtemps à se dire assez fier pour y résister.
Malgré quelques passages que j'ai trouvés un peu maladroitement menés, c'est un roman dont j'ai apprécié tant la profondeur que la légèreté.
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Complètement scotchée par ce livre, il m'a fallu un moment pour m'en remettre.
On est embarqué dans des décors grandioses des falaises de Tanger face à Gibraltar au bar Bogart enfumé et douteux.
C'est d'un cynisme à faire grincer des dents. On rit beaucoup avec ces journalistes à la conscience professionnelle engluée dans le politiquement correct.
Même si l'histoire se passe au Maroc, elle est tout à fait transposable à d'autres pays à l'actualité instable du fait des 'printemps arabes'.
A découvrir absolument !
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Livre poignant, émouvant, drôle par moments, tragique à d'autres. Attachant comme son personnage. Un portrait du Maroc très bien écrit avec beaucoup de sarcasme et d'affection.
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Ce livre est à la fois un premier roman tout à fait réussi et digne d'intérêt et un regard critique porté sur le Maroc du XXIe siècle. L'angle d'attaque, la presse, permet à l'auteur de mettre en évidence les paradoxes d'un pays qui s'affiche calme, modéré, tourné vers une sorte de démocratie mais dans lequel il n'est pas très bon d'ouvrir la bouche contre le roi, le pouvoir en place, les gens qui ont de l'autorité, les traditions, la religion, l'ordre établi, la bien pensance installée depuis l'indépendance, la suprématie de l'arabe et l'abandon du français...

Autant dire que Kamil Hatimi, germano-marocain né en 1960 à Rabat risque quelques soucis avec les autorités de son pays. D'autant qu'il raconte une histoire à choquer les bourgeois de Casa et les religieux garantis grand teint.
En effet, il est question ici d'un journaliste au petit pied, Dragan Chenah, dont la carrière se limite à travailler pour un journal du nom de « la Houlette casablancaise », media au service du pouvoir où on ne parle pas de choses qui fâchent. Encore mieux, les journalistes ne vont guère sur le terrain et se limitent à servir au peuple la sauce qu'il attend, entre faits divers et hommages respectueux à leur majesté.

Alors, quand Dragan (son prénom vient de sa mère Irina, gauchiste serbe mystérieusement « disparue » lors de remises au pas après les mouvements gauchistes), quand Dragan subitement perd ce qui fait son métier à savoir la capacité d'écrire, il nous entraîne dans une plongée douloureuse, sarcastique, révoltée, surnaturelle dans sa préadolescence et tout va s'éclairer dans la douleur et la libération. le glauque, l'insoutenable, le drôle, le fantastique et l'émotion se côtoient, le tout sous le microscope attentif et impitoyable d'un auteur qui dénonce ce qui dans son pays s'apparente à une dictature à peine atténuée. Les sujets tabous sont abordés : homosexualité propre au Maroc (et non pas perversité importée d'Europe), liberté de la presse, délit d'opinion, répression, corruption.


Très intéressante découverte.
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Premier roman d'un ancien musicien de bal, photographe, formateur interculturel et interprète ! On est à Casablanca, un portrait du Maroc d'aujourd'hui attachant et troublant. Une bombe explose dans un hôtel et, Dragan, journaliste serbe et marocain, devenu incapable d'écrire le moindre mot, en ressent les déflagrations dans tout son être. Ce sera son déclic et ce qui lui permettra de lever le voile sur sa part d'ombre. Volonté de l'auteur de rendre visible un fléau si peu "dit" dans le "plus beau pays du monde". Un roman de personnages, un portrait d'homme à la dérive qui tente de trouver l'apaisement en laissant enfin couler la parole. Dans un style à l'humour grinçant, Kamil Hatimi nous fait voyager dans un Maroc aussi sublime et lumineux que terrifiant et cruel.
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Dragon ,journaleux à la Houlette de Casablanca , est atteint d'un mal mystérieux qui l'empêche physiquement d'écrire. L'origine de ce mal est ancré dans son passé .Enchaînés à Dragan ,premier de cordée , nous descendons au fil du roman dans les méandres de sa mémoire jusqu'à la limite du tolérable . Avec des personnages truculents et aussi peu probables qu'un psychiatre lutteur , un communiste éleveur de veaux et un journaliste ancré dans les seventies, l'auteur nous tient en haleine , en rires et en tragédie dans un thriller palpitant qui se situe dans un Maroc qui oscille dangereusement entre traditions et modernité.
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J'ai aimé ce livre mais qui est le mystérieux personnage de Tanger ? Que représente t il ?
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Dragan est serbo-marocain et journaliste à la Houlette Casablancaise. Alors que son responsable lui donne de plus en plus de responsabilité, Dragan découvre qu'il ne peut plus écrire, difficilement explicable, c'est physiquement impossible. Pour essayer de remédier au problème, il va voir un thérapeute qui à chaque séance met le doigt là où ça fait mal. Survient alors l'affaire du l'année pour Dragan et le journal : un attentat s'est produit dans un grand hôtel de Casablanca ! Qui est responsable ? Qui le revendique ? Personne ne sait, chacun y va de sa petite théorie, quelle soit islamiste ou non... Mais Dragan va peu à peu faire le lien entre l'affaire et son propre passé.

La couverture m'a intriguée, je l'ai acheté sans vraiment regarder le résumé, la couverture et le nom de cette maison d'édition, qui m'était inconnu, ont fait le travail ! Et je n'ai pas été déçu, ni par le fond, ni par la forme, tout était cohérent. L'écriture est cinglante, l'humour est vif et plein de jeux de mots, le sert constamment l'histoire. J'ai aimé le principe d'anti-héros qui ne sait plus où il en est et ce qu'il doit faire, notamment avec sa femme. C'est cet homme complètement perdu qui détient la clé de toute l'affaire. Et puis cette histoire du passé qui vient le gifler, et le lecture en même temps, cette révélation qui lui ouvre la voie, il comprend enfin quelle est sa place dans ce pays encore trop fermé. L'intrigue est dingue, c'est une "réticente" au policier qui vous le dit !! Et la fin... C'est de la folie ! Bref gros coup de coeur !
Lien : https://lesmotschocolat.word..
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Un très bon 1er roman, ironique, cynique mais traité au combien avec beaucoup d'humour. Avec en toile de fond la dure réalité de la politique au Maroc, l'auteur nous entraine dans la vie d'un journaliste travaillant à la houlette de Casablanca, journal sans envergure à la botte des dirigeants.
Ce journaliste "DRAGAN", serbe marocain issu d'une famille militante de gauche, en est étonnement le meilleur éditorialiste. Emmuré dans son silence et fragile psychologiquement, il tente de faire taire la voix dans sa tête avec alcool et joints, mais se retrouve soudain incapable d'écrire physiquement un seul mot. Son collègue et ami ainsi qu'un très perspicace psy vont heureusement l'aider, mais c'est l'actualité avec un attentat-suicide qui provoque le déclic....
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