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Critique de sandrinedurochat



Je suis un guépard
Ce titre intrigant prend tout son sens quand le lecteur découvre un des personnages phares. Ce roman noir urbain met en scène des personnages de la vie quotidienne de classes sociales radicalement différentes qui vont se télescoper pour le meilleur ou le pire.

Le pitch en deux mots :

Lino est un trentenaire désabusé travaillant comme gratte-papier pour une multinationale au trente septième étage de la Grande Arche de Paris. ll est le maillon lucide et interchangeable d'un système économique qui ne laisse pas de place aux faibles. Il s'y est résigné et vit seul dans son studio parisien. Pour échapper à cette folie ordinaire, il se réfugie chaque soir dans son unique loisir : l'écriture ; espérant secrètement être publié un jour. Sa vie coule comme un compte-goutte dans un cathéter : lentement, tristement, sans étincelle et sans sexe…
Un soir de février, une SDF de 25 ans au doux prénom de Jessica vient taper l'incruste sur son palier pour échapper au froid de la nuit. Au départ, agacé par cette intruse, il fait mine de l'ignorer, puis il lui offre rapidement le gîte et le couvert.

Et là, c'est tout son univers qui est bousculé !!! Derrière la bête se cache en fait la belle…Lino va échanger, rire, revivre et aimer à nouveau. Cette fille est belle, énergique, révoltée et idéaliste façon guérilléra. Ils vont former un couple et Jessica va tenter de se réinsérer. Elle va chercher du boulot et faire la connaissance de Melvin, un « gagnant », un vrai, à qui tout a réussi.
La mécanique de la confrontation entre deux mondes va se mettre en place : d'un côté les perdants, de l'autre les gagnants…

Mon avis :

Ceux qui aiment les romans noirs et sociétaux et les perdants version années 2000, bienvenue dans cette lecture.

Philippe Hauret vous offre de magnifiques personnages de déglingués et de winners qui vont se croiser et se confronter. le lecteur sent qu'inévitablement des étincelles vont se produire entre tous ces personnages et leurs mondes et que forcément, il y aura de la casse, des victimes, de l'amertume et des désillusions.
D'un côté vous avez Jessica la révoltée idéaliste, Lino le taciturne et de l'autre, le flamboyant capitaliste Melvin et sa somptueuse Charlène, gaulée comme une pouliche de compétition.
Point de violence dégoulinante ou d'hémoglobine dans ce roman noir mais de la violence sociale et économique contenue et institutionnalisée, finalement bien plus sournoise qu'un coup de couteau à la gorge.
La description des personnages secondaires ayant été fracassés par le système est très émouvante. L'auteur a gardé son humour noir indispensable pour ce genre et va à l'essentiel avec une plume sèche et concise. Il sait doser les dialogues, les personnalités, les ambivalences de ses personnages et les effets produits.

Je suis passée du rire à une profonde tristesse en l'espace de quelques pages sur les sept premières pages avec Tony. le noir n'est rien sans un trait de lumière de temps en temps pour le mettre en valeur. Philippe Hauret l'offre au lecteur sur les dernières pages. Rien que pour cela, je vous le recommande. Ce roman noir est actuellement sélectionné pour le PRIX MILLE ET UNE FEUILLES NOIRES 2018.
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