— Mal est repenti, déclara Owen, ou il va l’être. Il en a fini avec le vol.
Il jeta un coup d’œil vers Mal pour avoir sa confirmation. Celui-ci hocha la tête d’un geste vif.
— J’le jure sur la tombe de ma mère.
De ce qu’il en savait, elle était toujours en vie et en pleine santé, mais c’était l’intention qui comptait, non ?
— Vous vivez ici tout seul ? demanda Mal, stupéfait.
— Oui, mais c’est l’un des appartements les plus petits, répondit Owen. Allons voir votre blessure. J’ai des bandages dans la chambre.
Mal continua à regarder autour de lui alors qu’Owen le guidait dans le couloir.
— Combien de pièces ?
— La salle à manger est là, déclara Owen avec un geste sur la droite, et la bibliothèque ici. Les deux chambres sont l’une à côté de l’autre, au bout ; chacune a une salle de bains privée. Et bien sûr, il y a le cellier et la cuisine.
— Oh, bien sûr.
Owen fronça les sourcils.
— Ne vous faites pas d’idées sur l’argenterie.
— Je suis choqué que vous puissiez penser ça, se récria Mal en portant la main à son torse. Je me sens victime d’une grande injustice.
— La tabatière que Quigley a trouvée dans votre poche suggère le contraire, rétorqua Owen alors qu’ils pénétraient dans sa chambre.
Mal l’attendait, le haut du corps dénudé. Owen manqua de trébucher en le voyant. Le sauvage était mince mais athlétique, et ses muscles se dessinaient sous la peau pâle de ses épaules et de ses bras. Des poils roux parsemaient son torse, et une ligne plus dessinée descendait de son nombril et disparaissait dans son pantalon usé.
La décence formelle de Plaisance avait formé une cage bienvenue, largement capable de contenir les désirs d’Owen. L’idée de ramener un homme à son appartement pour une raison indécente, de devoir faire face au regard des gardes, du liftier, et potentiellement des voisins, avait plus que suffi à ce qu’il reste chaste. Certes, il aurait pu aller dans les quartiers plus pauvres de la ville pour chercher de la compagnie mais, doutant de ses capacités à ne pas se faire voler ou frapper, il ne s’y était jamais risqué. Il n’y avait jamais eu aucune véritable possibilité d’assouvir la moindre sorte de désir. Certainement pas la faiblesse qui hantait le plus souvent ses rêves.
Et maintenant, un voleur à moitié nu se tenait dans sa propre chambre.
La honte lui brûlait le visage, et il se releva précipitamment en se rhabillant.
— Cela ne vous regarde pas, lâcha-t-il brusquement.
Mal arqua un sourcil impertinent. Il était toujours étalé au sol, sans faire aucun effort pour couvrir son sexe flasque.
— Ah bon ?
— Non.
Owen fronça les sourcils, même si sa désapprobation sembla n’avoir aucun effet sur Mal.
— Demain matin, nous irons au Coven. Le chef Ferguson s’assurera que vous ayez une véritable protection. Je travaille dans un laboratoire, donc vous et moi ne nous croiserons probablement plus jamais.
Un sourire narquois s’étala sur le visage de Mal, et un éclat de malice brilla au fond de ses yeux.
— Oh, je ne t’ai pas dit ? lança-t-il d’une voix traînante. Docteur Owen Yates… Tu es mon sorcier.
— Je savais pas que tu jouais, commenta Mal.
Owen sursauta et lui jeta un regard coupable par-dessus son épaule.
— Je devrais arrêter. C’est stupide. Mal pencha la tête sur le côté.
— Comment ça ?
— Ceci n’a aucun but, dit Owen en levant l’archet d’un geste triste. Ce n’est pas une utilisation très rentable de mon temps.
Par toutes les plumes, pas étonnant qu’Owen sourie si peu. Quelqu’un lui avait mis des absurdités dans le crâne et, après la conversation qu’ils avaient eue plus tôt, Mal soupçonnait ses parents.
— Je dis pas que tu vas faire carrière à Broadway, mais tout n’est pas obligé d’avoir un but, si ? À part te rendre heureux. C’est pas une raison suffisante ?
Owen sourit légèrement, mais son sourire était teinté de tristesse.
— Ce serait égoïste.
— Nan, ça le serait pas. Pas si tu ne blesses personne.