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Critique de daniel_dz


Un petit livre qui propose une réflexion très éclairante sur le sens du mot « démocratie » en mettant en lumière des interprétations paradoxales liées à la difficulté de la mise en oeuvre de la démocratie. J'en recommande la lecture à tous, tout en suggérant de la compléter par celle d'un autre petit ouvrage fort accessible, « Dis, c'est quoi la démocratie ? » de Vincent de Coorebyter.

Voici un genre de livre que j'affectionne tout particulièrement: celui où l'auteur prend le temps de faire le tour d'un mot courant, pour aider le lecteur à réfléchir à sa signification en confrontant des interprétations différentes qui peuvent s'avérer contradictoire (je ne résiste pas à l'envie de mentionner l'un de mes préférés du genre : « Le sexe ni la mort. Trois essais sur l'amour et la sexualité » d'André Comte-Sponvile, qui disserte plus longuement sur le mot « amour »).

Donc, la démocratie, c'est le pouvoir du peuple. Mais quel pouvoir ? Et aussi, quel peuple ?

Parce que l'auteur commence par attirer notre attention que nos démocraties libérales sont en fait des oligarchies où ce n'est pas le peuple qui gouverne, mais bien ses représentants. Dans ce cas, le mot démocratie devient synonyme d'épreuve électorale. Dans une démocratie réelle, le peuple devrait idéalement pouvoir participer à toutes les étapes de la prise de décision. Mais en pratique, comment cela pourrait-il être mis en oeuvre ? D'autant plus, que le concept de souveraineté populaire s'appuie sur une universalité des citoyens, ce qui pose le problème des minorités. Qui est « le » peuple ? Quand on commence à y réfléchir sérieusement, la mise en oeuvre de la souveraineté populaire semble vite inextricable et on comprend mieux l'apparition des démocraties représentatives.

L'auteur disserte assez longuement des partis politiques. Sa discussion est générale, elle ne vise pas à comparer les différents partis. le début de son propos a des connotations négatives: le parti y est présenté comme un « outil de dépossession du pouvoir du peuple au profit d'une élite politique ». Il met en avant les luttes de pouvoir et les intérêts particuliers de ceux qui entrent en politique. « Le membre d'un parti ne plus à l'intérêt général mais pense en termes de pour et de contre. Il prend parti. »

Néanmoins, dans les chapitres suivants, l'auteur donne aux groupements citoyens un place fondamentalement positive. En effet, même si nos démocraties sont, dans les faits, des oligarchies, le caractère démocratique de ces régimes réside dans le fait que le pouvoir est contestable. « Les rapports de pouvoir séparent et distinguent, mais par là ils constituent des sujets collectifs, qui peuvent se découvrir pareillement soumis aux mêmes dispositifs, et peuvent choisir, ensemble, de les refuser. La démocratie, en ce sens a la fois politique et social, est le pouvoir des gouvernés qui se découvrent collectivement gouvernés, et qui dans cette découverte refusent ensemble l'assujettissement. » Et l'auteur termine son propos en lançant un appel au rôle fondamental que devraient avoir les partis politiques: « Tout l'enjeu d'une démocratie réelle, fondée sur la souveraineté du peuple, serait de garder des partis leur capacité à donner de la visibilité et du pouvoir aux dominés, tout en en éliminant le caractère oligarchique, leur soumission aux élites politiques. »

Je vous laisse découvrir les autres réflexions fort intéressantes de livre dont le petit format ne laisserait pas le lecteur s'attendre à une telle richesse. Je pense en particulier aux paragraphes qui concernent les critères de choix des électeurs.

Voilà un livre à lire et à relire. Je remercie vivement les éditions Anamosa de m'avoir fait découvrir ce volume de leur collection « Le mot est faible », dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio.

Dans une prochaine critique, je vous recommanderai de compléter la lecture du livre de Samuel Hayat par celle d'un autre petit livre tout aussi accessible (si pas plus) de mon éminent compatriote Vincent de Coorebyter, « Dis, c'est quoi la démocratie ? », qui ajoute quelques réflexions sur les difficultés pratiques de l'organisation d'un régime démocratique représentatif, par exemple en comparant les scrutins proportionnels et les scrutins majoritaires.
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